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Irak

Chasse aux terroristes et appel à la réconciliation

Un soldat irakien patrouille dans une rue de Bagdad, le 16 juin 2006. 

		(Photo: AFP)
Un soldat irakien patrouille dans une rue de Bagdad, le 16 juin 2006.
(Photo: AFP)
Après la mort, le 7 juin, d’Abou Moussab al-Zarqaoui, chef d’al-Qaïda en Irak, le nouveau gouvernement du pays, mené par Nouri al-Maliki, est plus que jamais décidé à lutter contre la violence. Il vient d’ailleurs de lancer un plan de sécurité renforcée à Bagdad et d’annoncer «le début de la fin d’al-Qaïda en Irak». La détermination à mener la lutte contre la violence n’empêche pas les autorités de viser aussi la réconciliation nationale. Pour y parvenir, le Premier ministre s’est dit prêt à engager le dialogue avec les rebelles et à envisager l’amnistie de ceux qui «n’ont pas de sang sur les mains». Si le président américain a réaffirmé son engagement à soutenir le gouvernement irakien dans sa lutte contre l’insécurité, des voix se sont élevées pour protester contre une éventuelle amnistie des insurgés qui ont attaqué les troupes américaines. Il est vrai qu’il s’agit d’un sujet très sensible aux Etats-Unis, où l’on vient d’annoncer que le cap des 2 500 militaires américains tués en Irak a été atteint.

Les symboles se succèdent et ne se ressemblent pas. Il y a quelques jours, l’ennemi numéro un des Américains en Irak, Abou Moussab al-Zarqaoui, était tué lors d’un raid aérien. Aujourd’hui, les Etats-Unis annoncent que 2 500 de leurs soldats ont perdu la vie dans ce pays. Et d’autres connaîtront à coup sûr le même sort. Le président George W. Bush a prévenu que la violence ne s’arrêtera pas, en Irak, avec la mort du chef d’al-Qaïda. D’autant que l’organisation terroriste a immédiatement annoncé non seulement qu’elle allait la venger, mais qu’un successeur était nommé pour poursuivre les opérations contre les Américains et le gouvernement irakien.

A en croire le communiqué diffusé par al-Qaïda sur Internet, l’homme se nomme Abou Hamza al-Mouhajer. Ce nom est inconnu au bataillon des chefs terroristes recensés par les Américains notamment. C’est la raison pour laquelle les spécialistes estiment qu’il s’agit vraisemblablement d’un pseudonyme utilisé pour dissimuler la véritable identité du nouveau chef, de manière à rendre sa traque plus difficile. Mais qui est donc alors celui qui est décrit comme un «frère méritant à l’expérience jihadiste, mais aussi un éminent savant» ? Les Américains ont affirmé qu’il s’agissait d’un Egyptien, Abou Ayoub al-Masri, qui aurait rencontré Zarqaoui dans un camp d’entraînement en Afghanistan en 2000 et aurait créé une cellule en Irak en 2003. La photo de cet homme a même été diffusée par l’armée américaine auprès de la presse à Bagdad, avant que la Maison Blanche ne revienne en arrière en estimant qu’il y avait encore des incertitudes sur sa réelle identité. Une seule chose est sûre pour le moment : le nouveau chef d’al-Qaïda en Irak a fait part de son intention de continuer la violence et de s’en prendre aux sunnites qui collaborent avec la coalition ou le gouvernement irakien.

Sécurité renforcée à Bagdad

Un gouvernement qui, à peine en ordre de marche avec la nomination récente des derniers ministres dirigés par Nouri al-Maliki, affiche sa détermination à lutter contre la violence dans le pays, notamment en mettant en œuvre un plan de sécurité à Bagdad. Cette opération, baptisée «En avant ensemble», a été détaillée à la suite de la visite surprise de George W. Bush en Irak, le 13 juin, dans la foulée du conseil de guerre organisé à Camp David pour analyser la situation sur place. Le port d’armes dans les rues a été interdit. Le couvre-feu a été renforcé, ainsi que les barrages, les fouilles et les contrôles d’identité. La mise en œuvre de ce dispositif est assurée par 26 000 soldats et 23 000 policiers irakiens, appuyés par 7 200 soldats de la coalition. D’autres opérations de sécurité ont été menées dans le pays depuis la mort de Zarqaoui, à Ramadi par exemple. Des membres présumés d’al-Qaïda ont aussi été arrêtés à Kirkouk. Et le chef du conseil de province de Kerbala, soupçonné de soutien au terrorisme, a été interpellé. Le 15 juin, Américains et Irakiens ont annoncé avoir mené 452 opérations depuis la mort d’Abou Moussab al-Zarqaoui et tué 104 «éléments anti-irakiens».

Cette pression accrue n’a pas empêché la poursuite des actions violentes dans le pays. Des attentats ont eu lieu à Samarra, Kirkouk ou Bagdad, où plus de dix personnes ont encore péri, le 16 juin, dans un attentat suicide perpétré dans une mosquée chiite. Les autorités irakiennes estiment néanmoins qu’al-Qaïda se trouve dans une situation délicate. Selon elles, les documents saisis lors de l’opération qui a permis de tuer Zarqaoui révèlent que l’organisation terroriste doit faire face à des difficultés en matière «d’armement et de propagande». Ils contiennent aussi des informations précieuses sur ses forces, ses moyens et ses objectifs. Le conseiller irakien pour la sécurité nationale, Mouaffak al-Roubaye, en a tiré la conclusion que «le compte à rebours a été lancé pour en finir avec al-Qaïda».

Ouvrir le dialogue avec les insurgés

La fermeté du gouvernement envers les terroristes s’accompagne d’un appel au dialogue à destination des insurgés. Dans un pays meurtri et divisé, le Premier ministre entend jouer aussi la carte de l’apaisement pour essayer de rétablir la sécurité. Nouri al-Maliki a ainsi proposé d’offrir des garanties aux rebelles qui «n’ont pas de sang sur les mains» pour qu’ils s’intègrent au processus politique et participent à la conférence de réconciliation nationale reportée au mois d’août. Cette ouverture, qui pourrait laisser présager une amnistie pour certains insurgés, a provoqué des réticences côté américain, obligeant Mouaffak al-Roubaye à préciser qu’il ne s’agissait que des personnes qui ont «hébergé des terroristes» ou «porté des armes», pas de ceux qui ont tué des Américains. D’ores et déjà, le gouvernement Maliki a décidé, en signe de bonne volonté, de libérer des prisonniers. Quatre cents personnes ont déjà bénéficié de cette mesure et 2 000 autres devraient être élargies d’ici la fin juin.



par Valérie  Gas

Article publié le 16/06/2006Dernière mise à jour le 16/06/2006 à TU

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Anne Toulouse

Envoyée spéciale permanente de RFI aux Etats-Unis

«L'impopularité de la guerre en Irak suit la courbe des victimes.»

[16/06/2006]

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