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Zarqaoui, l’ennemi des Américains, tué en Irak

Un soldat américain montre la photo de Zarqaoui, mort. 

		(Photo : AFP)
Un soldat américain montre la photo de Zarqaoui, mort.
(Photo : AFP)
Le Jordanien Abou Moussab al-Zarqaoui a été tué mercredi soir dans une opération menée par des troupes américaines et des forces irakiennes, au nord de Bagdad. L’information a été donnée jeudi par les autorités irakiennes et américaines, à Bagdad.

Au lendemain d’un raid aérien dans la région de Baaqouba, à 60 kilomètres au nord de Bagdad, les autorités américaines et irakiennes ont annoncé la mort d’Abou Moussab al-Zarqaoui. Le Jordanien était l’homme le plus recherché d’Irak. Il était le chef d’al-Qaïda dans ce pays en guerre. 

Le général américain George Casey, commandant de la Force multinationale en Irak, a confirmé la mort de Zarqaoui à la suite de cette opération aérienne et terrestre. Dès mercredi soir, les Américains ont eu la certitude qu’il s’agissait bien de leur ennemi en Irak grâce à « ses empreintes digitales, son visage et ses cicatrices ». Le chef d’al-Qaïda en Irak est mort de ses blessures « dix minutes après l’opération » menée par des forces américaines et irakiennes, a indiqué un responsable jordanien. Il a précisé qu’une dizaine d’autres combattants ont été tués au cours de ce raid. Les services de renseignement jordaniens ont de leur côté précisé que Zarqaoui était en train de participer à une réunion de « son groupe terroriste ».

Au moment de la mort de Zarqaoui, Américains et Jordaniens, qui possédaient des photos du chef d’al-Qaïda en Irak, les ont comparées avec le cadavre afin d’avoir la certitude qu’il s’agissait bien de Zarqaoui. Le responsable jordanien qui a donné quelques informations sur le déroulement des opérations a expliqué que le rôle de la Jordanie avait été crucial. Le mois dernier, Amman avait en effet obtenu des renseignements de première importance en arrêtant un responsable de la branche irakienne du réseau d’al-Qaïda. Ziad Khalaf al-Karbouli avait, à ce moment-là, été présenté comme un membre important du réseau Zarqaoui.

« Il s’agit, pour la Jordanie, de l’opération des Martyrs des hôtels », a encore indiqué le responsable jordanien, évoquant les attentats perpétrés contre trois hôtels, à Amman, en novembre dernier. Ces attentats avaient fait 60 morts, ils avaient été revendiqués par Zarqaoui.

L’extrémiste sunnite jordanien et son groupe étaient également les organisateurs d’attentats particulièrement sanglants en Irak : Zarqaoui avait déclaré la guerre aux chiites irakiens. A l’annonce de la mort du Jordanien, les habitants du quartier à majorité chiite de Kazimiyah, à Bagdad, ont exprimé leur joie.

Le rôle de la Jordanie

Dans un communiqué, le général Casey a indiqué que « le raid a été conduit après des renseignements selon lesquels il (Zarqaoui) allait participer à une réunion à quelque 8 kilomètres au nord de Baaqouba. L’un de ses lieutenants les plus importants, son conseiller religieux, cheikh Abdel Rahman, a été tué à ses côtés », a précisé le militaire américain.

Au cours d’une conférence de presse, le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a annoncé « l’élimination » de Zarqaoui, 39 ans, dont la tête avait été mise à prix pour 25 millions de dollars par Washington. « Ce qui s’est passé aujourd’hui est le résultat de la coopération du peuple irakien, qui a facilité une opération combinée des forces de police et de la force multinationale », a expliqué Nouri al-Maliki, investi il y a à peine trois semaines dans ses fonctions de chef du gouvernement irakien. A ses côtés, l’ambassadeur américain à Bagdad, Zalmay Khalilzad, s’est également félicité de ce « grand jour ».

« L’élimination » du chef d’al-Qaïda en Irak coïncide avec l’investiture de deux ministres chargés de la sécurité qui manquaient dans le gouvernement irakien. Il s’agit du chiite Jawad Polani, pour l’Intérieur et du sunnite Abdel Kader Oubeidi, pour la Défense. Tous deux sont des ministres indépendants. L’attribution de ces portefeuilles n’avait pas été annoncée au moment de la formation du gouvernement, le 20 mai dernier.

Zarqaoui avait fait sensation en 2004 en se mettant en scène, dans une vidéo filmant la décapitation de l’otage américain Nicholas Berg. On le voyait masqué, tenant le rôle du bourreau.

« Le crédit (de la disparition de Zarqaoui) va essentiellement au gouvernement irakien et aux autorités irakiennes », a déclaré un peu plus tard, dans la journée de jeudi, le porte-parole du gouvernement jordanien, Nasser Jawdeh. Félicitant Bagdad, le porte-parole jordanien a encore précisé : « L’opération était essentiellement irakienne, avec l’aide de la Force multinationale. Mais toutes les parties engagées dans la chasse à Zarqaoui ont contribué dans le domaine de l’information. Les services de renseignement jordaniens ont joué un rôle dans cette opération, surtout pour localiser Zarqaoui ». Un responsable jordanien avait expliqué, peu de temps auparavant, le rôle des services secrets de son pays dans l’opération contre le responsable, en Irak, du réseau al-Qaïda. De nationalité jordanienne, Abou Moussab al-Zarqaoui avait été condamné à mort par contumace dans son pays.

Les premières réactions

« L’idéologie de la terreur a perdu un de ses chefs les plus visibles et les plus actifs », a pour sa part commenté le président Bush. « Zarqaoui avait mené une campagne d’attentats à la voiture piégée, d’assassinats et d’attaques kamikazes, dans laquelle ont péri de nombreux militaires américains et des milliers de civils irakiens », a-t-il poursuivi. Autre commentaire du président américain : il faut « s’attendre à ce que les terroristes et les insurgés continuent sans Zarqaoui ».

Tony Blair, le Premier ministre britannique s’est lui aussi réjoui de la mort du chef d’al-Qaïda en Irak. Al-Zarqaoui était « l’avocat le plus cruel de la violence terroriste en Irak, qui vise à étouffer la démocratie naissante », a déclaré le chef du gouvernement britannique dont plusieurs milliers de soldats sont toujours engagés dans la Coalition. La mort du chef jordanien « représente un coup dur pour al-Qaïda en Irak et donc un coup dur pour al-Qaïda partout. Mais ne nous faisons pas d’illusions. Nous savons qu’ils continueront à tuer, qu’il y a beaucoup d’obstacles à dépasser. Mais ils savent aussi que notre détermination à les vaincre est totale », a encore déclaré Tony Blair, à l’occasion de sa conférence de presse mensuelle.

Sur le site Internet al-Hesbah, considéré comme le site officiel du réseau terroriste al-Qaïda, la mort de Zarqaoui, chef de l’antenne irakienne du réseau, a été confirmée. « Nous vous annonçons la mort en martyr de notre cheikh, le combattant Abou Moussab al-Zarqaoui ». Le communiqué est signé par « l’adjoint de l’émir », Abou Abdel Rahmane al-Iraqui. Ce texte n’a pas encore été authentifié mais il déclare : « La mort de nos dirigeants ne fera que renforcer notre détermination à poursuivre le jihad pour que la parole d’Allah prenne le dessus ».  



par Colette  Thomas (avec AFP)

Article publié le 08/06/2006Dernière mise à jour le 08/06/2006 à TU

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Farida Ayari

Journaliste au service international de RFI

«La tête d’Abou Moussab al-Zarqaoui avait été mise à prix après la vague d'attentats d'août 2003, qui avait tué le représentant spécial de l'ONU, Sergio Vieira de Mello et le chef du Conseil suprême pour la révolution islamique en Irak, un parti chiite.»

[08/06/2006]

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