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Terrorisme

Découverte d’une importante cache d’armes

Des policiers s'apprêtent à inspecter un garage, à Clichy-sous-Bois, après la découverte d'explosifs et d'armes de guerre dans un parking.(Photo: AFP)
Des policiers s'apprêtent à inspecter un garage, à Clichy-sous-Bois, après la découverte d'explosifs et d'armes de guerre dans un parking.
(Photo: AFP)
D’importantes quantités d’armes et d’explosifs ont été découvertes par la direction de la surveillance du territoire (DST), à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), deux jours après la mise en garde à vue de vingt-sept islamistes présumés arrêtés lundi en Ile-de-France et dans l’Oise. Cette saisie semble accréditer la piste terroriste, plusieurs des interpellés appartenant soit au milieu islamiste radical soit au grand banditisme soupçonné de financer l’engagement djihadiste. «Le plus intéressant est le caractère ramifié de ce réseau», explique-t-on dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, le ministre de l'Intérieur.

La Direction de surveillance du territoire (DST, contre espionnage) et l’Office central de la répression du banditisme (OCRB) ont découvert dans la nuit de mercredi à jeudi tout un arsenal dans le box d’un parking en banlieue parisienne. Les policiers cherchaient cet arsenal clandestin dans le cadre de l’enquête qui a abouti, lundi, à l’interpellation de 28 personnes, en région parisienne et dans l’Oise, et à la mise en garde à vue de 27 d’entre elles. La découverte de cette cache d’armes a été effectuée à la suite des auditions menées par les enquêteurs, et les perquisitions aux domiciles des suspects à Clichy-sous-Bois.

La saisie comprend des explosifs très puissants : 19 bâtons de dynamite et un kilo de TNT, un explosif militaire qui entre notamment dans la fabrication de mines anti-chars-, ainsi que des détonateurs pyrotechniques et électriques; elle comprend également des fusils d’assaut et des revolvers, ainsi que tout un équipement pouvant servir lors de braquages : cagoules, gilets pare-balles, une tenue complète de gendarme, et des combinaisons noires pouvant passer pour celles utilisées par les policiers du Raid -corps d’élite qui gère les situations de crise du type prise d'otages, forcenés ou arrestation de malfaiteurs à hauts risques. Mais les recherches se poursuivent car «il se peut qu'il y en ait encore ailleurs, on pense qu'ils ont la capacité pour cela», a indiqué un enquêteur.

Plus de 400 policiers ont été mobilisés pour arrêter les suspects -des hommes et des femmes, pour la plupart d’origine algérienne et marocaine- sur commission rogatoire des juges d'instruction antiterroristes : Philippe Coirre, Jean-François Ricard, Jean-Louis Bruguière et Thierry Fragnoli. D’après la Direction générale de la Police nationale (DGPN), plusieurs personnes arrêtées étaient déjà connues des services de police et de justice pour leur appartenance au milieu islamiste radical ou du grand banditisme et, selon les sources judiciaires, certaines d’entre elles se seraient rencontrées en prison. Le travail d’enquête et de surveillance était en place depuis le printemps dernier, alors que la justice française était informée, par deux sources marocaines, de menace d’attentat en France avant la fin de l’année. Un premier coup de filet avait donné lieu à 9 arrestations fin septembre.

«Le groupe entretenait des connexions au Maroc, en Syrie et en Algérie»

Les derniers interpellés sont soupçonnés d’avoir participé à des braquages et des blanchiments de fonds pouvant servir leur engagement djihadiste et le financement du terrorisme islamiste international. Deux des individus arrêtés venaient d’échouer dans une tentative de cambriolage dans un supermarché lorsqu'ils ont reçu la visite des policiers, lundi. D’après les premiers éléments de l’enquête, le groupe se serait constitué autour de Ouassini Cherifi, un Français d'origine alégérienne âgé de 30 ans, arrêté une première fois en 2000 et qui vient de purger cinq ans de prison pour avoir été impliqué dans un trafic de faux passeports utilisés par des islamistes armés (les membres du commando ont été arrêtés à Francfort en décembre 2000) alors qu'ils préparaient un attentat à Strasbourg. Le quotidien Libération rappelle par ailleurs que «ce Français est un vétéran de l'islam radical, parti faire son djihad en Afghanistan dans les années 1990 [qui] a passé plusieurs années en détention, après avoir été condamné dans une affaire de faux passeports français fabriqués en Thaïlande

«Le plus intéressant est le caractère ramifié de ce réseau, explique-t-on dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, le ministre de l'Intérieur, lors de la séance des questions d'actualité à l'Assemblée nationale. «Le groupe entretenait des connexions au Maroc, en Syrie et en Algérie, et avait même des contacts indirects avec Abou Moussab al Zarqaoui (considéré comme le chef d’Al Qaïda en Irak) voire plus haut». Nicolas Sarkozy a également affirmé qu'il existait des «liens directs» entre ce groupe et de «nombreux» autres, tel celui de Safé Bourada (impliqué dans les attentats islamistes de 1995 en France, et ayant purgé 10 ans de prison). Safé Bourada, arrêté le 26 septembre dernier avec huit autres suspects, était le chef présumé d'une cellule soupçonnée de préparer des attentats.

Ne figurent pour le moment au dossier d'enquête que des éléments montrant des liens entre les deux groupes : ils auraient eu les mêmes intermédiaires pour leur contact à l’étranger, notamment pour l'acheminement de candidats au djihad vers l'Irak. Rien ne permet pour l’heure d’établir si le groupe préparait un acte terroriste. Une quinzaine de personnes devait être présentée ce vendredi aux juges d'instruction antiterroristes en vue d'une mise en examen, dont peut-être Ouassini Cherifi. Le député-maire UMP du Raincy (Seine-Saint-Denis), Eric Raoult, a demandé jeudi la «mise sous tutelle de la ville de Clichy-sous-Bois» après la découverte de la cache d'armes.


par Dominique  Raizon

Article publié le 16/12/2005 Dernière mise à jour le 16/12/2005 à 18:00 TU