Venezuela/Russie
Chavez achète des armes à Moscou
(Photo : AFP)
Le président Chavez, souvent qualifié de chef d’Etat populiste, cultive l’art de la controverse. En ce moment, il effectue une tournée qui a toutes les chances d’irriter bon nombre de pays occidentaux et en premier lieu les Etats-Unis. La première étape, en Biélorussie, du président vénézuélien lui a donné d’emblée l’occasion de se montrer toujours aussi provocateur. Une bonne partie de la communauté internationale boycotte le président Loukachenko. Il est considéré comme le leader du dernier régime autoritaire en Europe. Alexandre Loukachenko est en particulier persona non grata en Europe. L’Union européenne, qui avait envoyé des observateurs pour le scrutin présidentiel de mars dernier, estime que la réélection du président sortant a été irrégulière. Ne tenant pas compte de cette réprobation internationale, le président Chavez a exprimé sa «solidarité» à son «ami» biélorusse. «Nous devons fonder une équipe ensemble. Ce sera une équipe combative», a déclaré Hugo Chavez lors de sa rencontre à Minsk avec le leader que les Etats-Unis considèrent comme le «dernier dictateur d’Europe».
Après la Biélorussie, le président vénézuélien est maintenant en Russie pour une visite officielle de deux jours. Première étape, ce mercredi, Volgograd, où il se rend dans une usine de fabrication de véhicules blindés destinés à l’usage des parachutistes. Avant de s’envoler pour Moscou, le président Chavez fait également un saut à Ijvesk, dans le centre du pays. Le président vénézuélien veut voir la fabrication des célèbres fusils d’assaut Kalachnikov. Récemment, le Venezuela en a acheté 100 000 exemplaires, dans leur version AK103. Des négociations sont déjà engagées pour la création d’un site de production de ces fusils au Venezuela.
Avant même l’arrivée d’Hugo Chavez à Moscou où il doit signer jeudi un contrat de plus d’un milliard de dollars concernant l’achat de 24 avions de chasse Sukhoï-30 et d’une trentaine d’hélicoptères, les Etats-Unis ont critiqué cette vente d’armes. Washington espère que la Russie va reconsidérer ce contrat d’armement avec le Venezuela. «Nous avons des idées très claires là-dessus et nous espérons que les Russes reconsidéreront leur vente parce que nous ne pensons pas que cela serve les meilleurs intérêts de la Russie ou du Venezuela», a déclaré un responsable du département d’Etat, Tom Casey. Et il a ajouté : «Nous avons dit à plusieurs reprises au gouvernement russe que les achats d’armes envisagés par le Venezuela excèdent ses besoins de défense et n’aident pas à la stabilité régionale».
Des armes qui parlent d’avance
A son arrivée à Ijvesk, où le chef d’Etat vénézuélien doit rencontrer l’inventeur des fusils Kalachnikov, Hugo Chavez a commenté les propos du département d’Etat américain. «Je ne suis pas un agresseur et je ne suis pas venu chercher des armes pour une guerre de tous contre tous. Simplement, les armes dont dispose notre armée ont vieilli et ne sont plus fabriquées, c’est pourquoi nous devons les échanger pour des armes nouvelles et fiables».
Hugo Chavez est attendu mercredi soir à Moscou. Il y rencontrera Vladimir Poutine dans la journée de jeudi et signera le contrat pour l’achat des Sukhoï. Le ministre russe de la Défense n’a cependant pas attendu l’arrivée du président vénézuélien dans la capitale russe pour mettre son grain de sel dans les échanges verbaux entre Caracas et Washington. Sergueï Ivanov a déclaré que la Russie honorerait les contrats prévus avec le Venezuela concernant la livraison d’avions de chasse et d’hélicoptères. «Une révision des contrats est absolument exclue», a précisé le ministre russe.
Le leader de la nouvelle gauche sud-américaine continuera ensuite sa tournée avec une étape au Qatar. Hugo Chavez y rencontrera l’émir cheikh Hamad ben Khalifa al-Thani. Bien que ce pays du Golfe soit un allié des Etats-Unis, Hugo Chavez entretient des relations régulières avec le Qatar. Les deux pays sont producteurs de pétrole et membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
L’étape la plus importante sera sans aucun doute celle de l’Iran. Etant donné la crise autour du programme nucléaire iranien, il est probable que la visite à Téhéran d’Hugo Chavez exacerbera encore la tension entre les Etats-Unis d’un côté, l’Iran et le Venezuela de l’autre. Le chef de l’Etat vénézuélien ne fait pas mystère de son soutien au régime iranien. Par le passé, Chavez a menacé les Etats-Unis de leur couper le robinet du pétrole si l’administration Bush n’était pas plus souple avec Téhéran. Le Venezuela est le quatrième fournisseur de pétrole des Américains.
Hugo Chavez soutient également, en tant que leader révolutionnaire, le Hezbollah. Des déclarations fracassantes sur le parti islamiste, Israël, le Liban et les Etats-Unis sont certainement à attendre de cette étape en Iran.
par Colette Thomas
Article publié le 26/07/2006Dernière mise à jour le 26/07/2006 à TU