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Pérou

Alan Garcia impose des mesures d’austérité à la classe politique

Le président péruvien, Alan Garcia, saluant la foule après son investiture. 

		(Photo : AFP)
Le président péruvien, Alan Garcia, saluant la foule après son investiture.
(Photo : AFP)

Le chef de l’APRA (social-démocrate) a pris ses fonctions de président, vendredi 28 juillet, après avoir prêté serment lors d’une cérémonie à laquelle participaient neuf chefs d’Etat sud-américains. Seize ans après avoir terminé un premier mandat (1985-1990) ayant plongé le pays dans une crise économique fatale à la population, Alan Garcia s’est notamment engagé à « réformer l’Etat et le système politique» en commençant par réduire le salaire des fonctionnaires.


De notre correspondante à Lima

«L’heure du peuple est arrivée, a promis Alan Garcia, vendredi 28 juillet. L’heure de 13 millions de pauvres qui n’ont rien.» Peu après avoir prêté serment, le nouveau chef d’Etat s’est ainsi adressé à la nation pendant plus d’une heure trente. Alors qu’Alejandro Toledo, le président sortant, s’était félicité, quelques minutes auparavant, de l’excellente santé économique dans laquelle il laissait le Pérou, Alan Garcia a longuement critiqué la précédente administration. «Le pays croît et exporte davantage mais les Péruviens n’ont pas assez d’emplois, pas accès à de bons services et n’ont pas de qualité de vie», a assuré le nouveau mandataire. S’appuyant sur de nombreuses données chiffrées, Alan Garcia a alors fustigé le manque de redistribution, la «frivolité» et la crise de confiance en les institutions, générée par le gouvernement sortant. «Le grand danger actuel est le manque de légitimité sociale du système politique et de l’Etat, a souligné le président. Ils sont légaux car ils sont le fruit des élections mais ils manquent de soutien dans la société car ils inspirent de la méfiance et du rejet.»

Alan Garcia a ainsi assuré avoir compris le «message de contestation» lancée par 48 % de la population, ayant voté pour son adversaire nationaliste et « anti-système », Ollanta Humala, lors de l’élection présidentielle : «Le peuple exige un changement social, plus de dynamisme et moins de dépenses de l’Etat.»

«L’urgence» pour Alan Garcia est alors de «réformer le système politique» en instaurant des mesures d’austérité à tous les niveaux de l’appareil d’Etat. Une réduction drastique du salaire des fonctionnaires et des parlementaires a d’ores et déjà été annoncée. Le président lui-même ne gagnera plus que 4 000 euros, contre les 10 000 euros que gagnait Alejandro Toledo. Défense de la journée de travail de huit heures, création d’emplois, politique en faveur des jeunes et des femmes, appui aux petites et moyennes entreprises… Le chef d’Etat a abordé point par point l’ensemble des projets qu’il compte mener à bien au fil des cinq années prévues par son mandat.

Volonté d’ouverture

Vingt-et-un an après avoir prêté serment dans le même Parlement, Alan Garcia tient plus que jamais à faire oublier un premier mandat (1985-1990) raté, ayant notamment plongé le pays dans une spirale hyper-inflationniste catastrophique pour la population. Alors que les apristes occupaient tous les postes de l’Etat en 1985, le président s’est cette fois «engagé à travailler avec tous sans exclusion partisane ou politique». Au soir même de sa victoire électorale, le 4 juin, il avait déjà averti qu’il mettrait en place un gouvernement de concertation, pour avoir bénéficié de l’appui des électeurs de tous bords et notamment de l’alliance de droite conservatrice Unité nationale pour vaincre le candidat nationaliste Ollanta Humala. Cette volonté d’ouverture s’est vu confirmée, vendredi 28 juillet, par la composition du nouveau gouvernement. Si le poste de Premier ministre revient à l’avocat Jorge del Castillo, fidèle bras droit d’Alan Garcia au sein du parti apriste, seuls six des quinze ministres sont ainsi militants du parti à l’étoile rouge. Les autres ministères ont, eux, été attribués à des spécialistes indépendants.

«Le gouvernement d’Alan Garcia est la continuité des années Fujimori (1990-2000) et Toledo (2001-2006)», a pour sa part dénoncé Ollanta Humala, le chef du parti nationaliste et de l’opposition, après avoir qualifié le discours du président de «démagogique» : «Il n’a pas abordé les thèmes de fond comme le Traité de libre échange avec les Etats-Unis ou la lutte contre la corruption.»

Depuis quelques jours, beaucoup questionnent en outre la nomination au ministère de l’Economie de Luis Carranza. Ancien vice ministre et directeur de la Banque centrale de réserve sous l’administration d’Alejandro Toledo, cet économiste devrait vraisemblablement suivre la politique menée en la matière durant les dernières années. Une politique ayant fait ses preuves en terme de croissance, continue et élevée depuis cinq ans, mais qui a jusque-là peu servi à la moitié du peuple péruvien vivant au dessous du seuil de pauvreté et à qui Alan Garcia a promis de se consacrer.



par Chrystelle  Barbier

Article publié le 29/07/2006Dernière mise à jour le 29/07/2006 à TU

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La politique du nouveau gouvernement péruvien

«Le nouveau président péruvien, le social démocrate Allan Garcia, se déclare de la même école politique que ses homologues latino-américains, la chilienne Michelle Bachelet et le brésilien Lula.»

[30/07/2006]

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