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Corée du Nord

Inondations meurtrières

Séoul a repris son aide humanitaire à Pyongyang en raison des inondations dévastatrices. Un navire est parti pour la Corée du Nord. 

		(Photo:AFP)
Séoul a repris son aide humanitaire à Pyongyang en raison des inondations dévastatrices. Un navire est parti pour la Corée du Nord.
(Photo:AFP)
Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur la Corée du Nord en juillet pourraient provoquer la mort de 10 000 personnes. Le nombre de sans-abris est évalué à 1,5 million. Depuis 1998 et la crue meurtrière du Yangtsé qui avait fait plus de 30 000 victimes en Chine, l’Asie de l’Est n’avait pas connu d’intempéries aussi dévastatrices. Cette fois, c’est un pays mis au ban de la communauté internationale qui fait face aux conséquences d’une catastrophe naturelle.

La Corée du Nord est probablement en train de battre un triste record, celui du nombre de victimes dû à des inondations. Une organisation non gouvernementale sud coréenne, Good Friends, généralement bien informée sur ce qui se passe en Corée du Nord, indique que 10 000 personnes risquent de périr ou seraient déjà portées disparues en raison des inondations provoquées par la mousson. Les pluies diluviennes ont commencé à la mi-juillet mais c’est tout récemment que l’ONG sud-coréenne s’est rendue compte de l’ampleur de la catastrophe provoquée par les précipitations. «Environ 4 000 personnes sont dorénavant portées disparues et nous nous attendons à ce que le bilan des morts et des disparus atteigne 10 000 personnes», a indiqué Good Friends dans un communiqué. 

Les zones les plus touchées sont le Sinyang et les régions voisines situées le long du fleuve Taedong qui irrigue le centre du pays jusqu’à la capitale Pyongyang. L’ONG sud-coréenne indique que le choléra pourrait faire son apparition dans les parties inondées les plus méridionales du pays. Les pluies diluviennes ont commencé le 10 juillet, elles n’ont pas cessé pendant deux semaines. Si le niveau des cours d’eau a monté, la pluie a également provoqué des glissements de terrain. Dans ce pays comme ailleurs, le couvert végétal disparaît, les sols ne retiennent plus l’eau. La population ne trouve pas de fioul domestique pour se chauffer et cuisiner. Les arbres sont coupés pour servir de bois de chauffe.

Des cultures détruites

Les autorités nord-coréennes annoncent un bilan beaucoup plus faible et parlent de «plusieurs centaines de personnes» mortes ou disparues dans le pays à cause des inondations. Dans un premier temps, la Croix-Rouge nord-coréenne a d’ailleurs refusé l’aide d’urgence proposée par son organisation jumelle du Sud. «Ils ont dit merci, assurant qu’ils se débrouilleraient par eux-mêmes», a déclaré le porte-parole de l’organisation de secours installée à Séoul. Vingt-quatre heures plus tard, Pyongyang changeait d’avis. Un navire chargé de cent tonnes de farine, de 37 000 paquets de nouilles et de plusieurs tonnes de vêtements a été aussitôt envoyé du Sud vers le Nord. Le secrétaire général de l’organisation humanitaire JTS Corée a indiqué que cet envoi de produits de première nécessité serait suivi par d’autres. Il a exprimé l’espoir que cette livraison ait un effet déclencheur sur les autorités nord-coréennes : «Nous espérons que cela conduira à une aide gouvernementale importante, à la suite des informations faisant état de dégâts plus graves que ce qui était auparavant connu», a expliqué Kim Kyeong-hee. Il a enfin précisé que cette aide humanitaire a été expédiée en Corée du Nord à la demande de ses dirigeants communistes.

Les pluies ininterrompues auraient détruit l’équivalent de 100 000 à 150 000 tonnes des récoltes espérées en Corée du Nord, ce qui représente 10 à 15% des besoins alimentaires de la population. Pour la Corée du Sud, ce déficit devrait se faire sentir l’hiver prochain. La famine risque de ravager les régions touchées par les inondations.

Les essais de missiles avaient été condamnés

Même quand elle n’est pas confrontée à des intempéries aussi fortes, la Corée du Nord subit une pénurie chronique de denrées agricoles. Ce pays de 23 millions d’habitants, refermé sur lui-même, dépend chaque année de l’aide alimentaire fournie par la Chine et la Corée du Sud, ses donateurs traditionnels. Le mois dernier, lorsque Pyongyang a effectué de nouveaux essais de missiles (le 5 juillet), Séoul a pris des mesures de rétorsion et a gelé l’aide alimentaire qu’elle vient de rétablir pour faire face à cette situation d’urgence. Si les essais de missiles à courte et à longue portée ont raté, ils ont eu un effet sur la communauté internationale qui les a condamnés. En dehors de la suspension de l’aide alimentaire, Séoul avait également annulé les cérémonies communes du 15 août. Celles-ci devaient être un nouveau signe du réchauffement des relations entre les deux pays qui devaient commémorer ensemble la victoire passée sur le colonisateur japonais.

Alors que la Corée du Nord est confrontée à une crise humanitaire sans précédent, les militaires ont pris la décision de retirer du pas de tir le deuxième missile à longue portée Taepadong-2. L’information a été donnée par le quotidien sud-coréen Joongang. «Des images satellite montrent que le deuxième Taepodong-2 a été transporté de Musudanri [le pas de tir], vers un endroit inconnu», indique le journal, se basant sur des informations fournies par les services de renseignement. Le journal estime que ce retrait du pas de tir peut être interprété de deux façons différentes : soit le régime de Kim Jong-il renonce, après le tollé international suscité par les essais de début juillet ; soit les militaires veulent améliorer l’engin dont un exemplaire a explosé tout de suite après son lancement.  



par Colette  Thomas

Article publié le 04/08/2006Dernière mise à jour le 04/08/2006 à TU