Tchad
Retrouvailles entre Deby et el-Béchir
(Photo : AFP)
Le colonel Kadhafi semble avoir pris de vitesse le président sénégalais Abdoulaye Wade qui a fait la navette entre N’Djamena et Khartoum pour inviter Deby et el-Béchir à une rencontre de «conciliation» à Dakar où les deux hommes restent attendus mercredi. Il est vrai qu’ils ont beaucoup à se dire après leurs échanges verbaux de ces derniers mois de conflit ouvert qui les a vu s’opposer sur le terrain militaire. Mardi matin, en tout cas, ils se «sont engagés solennellement à la réouverture immédiate de leurs ambassades respectives et de leur frontière», mais aussi bien sûr à «oeuvrer pour le renforcement de la paix entre les deux pays».
La fin de l'état de belligérance
Pour sa part, Idriss Déby insiste «sur la présence nécessaire d'une force neutre pour surveiller la frontière des deux pays» qu’il avait lui-même déclarés en décembre dernier «en état de belligérance», rompant les liens diplomatiques en avril dernier. Après son investiture, il n’a pas boudé l’accolade d’Omar al-Bachir, promettant aux Tchadiens un «quinquennat placé sous le signe du social à travers un habitat décent, un accès à l'énergie et à l'eau potable, une réduction du taux de chômage, une revalorisation du Smic [le salaire minimum], de la pension des retraités, des allocations familiales».
«Je réaffirme ma détermination à faire gérer les ressources pétrolières dans la transparence la plus totale», a promis Idriss Deby, appelant à nouveau à la réconciliation nationale devant un parterre de chefs d’Etat et de diplomates parmi lesquels le conseiller de la présidence française chargé des Affaires africaines, Michel de Bonnecorse, représentant Paris en l’absence du ministre des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, empêché pour cause de guerre au Liban.
Dimanche dernier, N' Djamena avait annoncé la normalisation de ses relations diplomatiques avec Pékin au détriment de Taïwan dont les subsides en ces temps de crise s’avéraient finalement moins alléchants que la force de frappe économique, mais aussi militaire de la Chine. «La montée en puissance chinoise sur la scène internationale a fait comprendre aux pays africains que l'établissement de relations diplomatiques avec la Chine était plus important que les liens avec Taïwan», explique He Wenping, directeur des études africaines à l'Académie des sciences sociales de Chine. Khartoum n’en a jamais douté.
N’Djamena compte en particulier sur l’extension, sur son territoire, de l’oléoduc construit par la Chine au Soudan, pour évacuer son brut vers Port-Soudan. Le réchauffement diplomatique sent aussi le pétrole.
Article publié le 08/08/2006Dernière mise à jour le 08/08/2006 à TU