Environnement
Marée noire aux Philippines
(Photo : AFP)
La nappe s’étale en mer sur 36 kilomètres au large de l’île de Guimaras et le littoral de cette île, située au sud de Manille, est souillé par les résidus de pétrole. Sur son site internet, Guimaras, l’une des 7 000 îles de l’archipel, vante toujours son milieu naturel préservé, ses plages de sable fin, ses récifs de corail, sa mangrove, et parle de paradis aux amateurs d’écotourisme. Pourtant, depuis l’arrivée de la marée noire provoquée par le Solar 1, l’île a été déclarée zone sinistrée par les autorités régionales. Plusieurs sites de plongée sont pollués.
«Les industries côtières et piscicoles ne sont pas les seules atteintes, le tourisme l’est également», a déclaré Joaquin Carlos Nava, le gouverneur de la province de Guimaras. Il a expliqué que plus de 200 kilomètres de côtes risquent d’être pollués par la marée noire. Si la réputation touristique de l’île est compromise, les conséquences ont été immédiates pour les pêcheurs. Ils sont plus de 10 000 à vivre sur cette île tropicale. Certaines familles on décidé de s’éloigner du bord de mer. Les autorités sanitaires ont demandé à tous ceux qui sont restés sur place de ne pas manger du poisson qui aurait été en contact avec du mazout. «Nous lavons le poisson plusieurs fois», a indiqué une habitante de Guimaras. Les pêcheurs continuent de sortir en mer, le poisson est souvent leur seule source de nourriture.
Cinq jours après le naufrage du Solar 1, des équipes de secours philippines tentaient toujours de contenir les deux millions de litres de pétrole qui continuent de s’échapper de l’épave. Des responsables ont indiqué que 200 000 litres de pétrole se sont répandus déjà en mer. Le navire en contenait deux millions au total, soit environ 2 000 tonnes. Un chiffre à comparer avec les 64 000 tonnes qui s’étaient échappées des cuves du Prestige, en 2002, au large de l’Espagne. Cependant la géographie très découpée de l’archipel philippin se prête plus à la pollution des côtes que l’Espagne : il y avait potentiellement moins de littoral à polluer.
Des rondins de bois ont été installés le week-end dernier pour tenter de protéger certains sites. Des produits dispersants ont été répandus sur la nappe pour essayer de la fractionner et de neutraliser le pétrole. Les conditions météo étaient mauvaises, ces opérations ont été retardées.
Les Philippines ont lancé un appel à l’aide internationale, a fait savoir un porte-parole des garde-côtes. Les autorités espèrent être assistées par des équipes spécialisées japonaises et indonésiennes. Mais dès aujourd’hui, des experts britanniques sont attendus sur place. Ils vont donner leur avis sur l’état de l’épave. Les autorités semblent vouloir la tracter ou la remettre à flot. Dans un premier temps, il sera probablement question de descendre colmater les fuites puis de chercher à vider les cuves sans provoquer de nouvel écoulement.
Les spécialistes savent ce qu’il faut faire
Le Solar 1 a sombré vendredi, par mauvais temps, dans le golfe de Panay pour une raison encore inconnue. Deux membres d’équipage sont portés disparus selon le site internet VietNamNet. Toujours selon ce site, le pétrolier était affrété par Petron,une compagnie pétrolière philippine, l’une des plus importantes. Le navire se trouve à 900 mètres de fonds. Selon le Cedre, centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux, il est possible de remettre l’épave à flot, même à une telle profondeur. Le Cedre, centre de recherche créé à la suite des nombreuses marées noires qui ont touché le littoral français, estime surtout qu’il est possible de descendre et de colmater les brèches. «On l’a fait pour le Prestige qui a coulé à 3 400 mètres de fonds. On l’a allégé, on a vidé les cuves».
Dans toutes les régions du monde, les marées noires sont devenues relativement fréquentes. Presque chaque fois, le nettoyage des côtes coûte beaucoup d’argent et nécessite l’intervention d’une multitude de secouristes, sans parler des dédommagements pour les professions qui vivent de la mer et des actions en justice. Les compagnies pétrolières ont donc mis en place une logistique mondiale, le Global Response Network. Ses antennes ont un rayon d’action régional et parfois mondial selon le type d’accidents et selon la disponibilité de leur matériel. Les points fixes de ce réseau GRN sont en Alaska, au Canada, aux Etats-Unis, aux Caraïbes, en Australie, au Royaume-Uni et à Singapour.
L’archipel des Philippines étant composée d’une multitude d’îles, les transports maritimes y sont très développés. La mer est omniprésente, elle fait vivre une bonne partie de la population aussi bien par le tourisme que la pêche.
par Colette Thomas
Article publié le 16/08/2006 Dernière mise à jour le 16/08/2006 à 17:05 TU
