Sida
La nutrition : un besoin «immédiat et essentiel»
(Photo : Carine Frenk/RFI)
Il n’y a pas de santé durable sans une nutrition saine. En cas de maladie, pas de retour à une santé durable sans une nutrition saine. Le système immunitaire ne peut pas fonctionner correctement, ni se renforcer sans une nutrition saine. C’est tellement évident, et tellement occulté par l’urgence qu’on oublie de le dire, et d’agir en ce sens. Cette fois, l’OMS n’a pas oublié de le rappeler lors de sa 59e Assemblée mondiale qui a inclus, parmi ses principales recommandations, «l’intégration de la nutrition dans l’action contre le VIH/Sida» (1). C’est important pour les ministères de la Santé et les Etats, dont certains ont très timidement commencé à tenir compte de ce facteur-clé. Important aussi pour tous les malades non éligibles aux antirétroviraux, et pour tous les séropositifs, qu’ils soient d’Afrique, d’Inde ou de Russie.
Mères et nourrissons
Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’OMS s’intéresse aux liens ente nutrition et sida. En 2002 paraissait un excellent livret coédité avec la FAO, Vivre au mieux avec le VIH/Sida – Un manuel sur les soins et le soutien nutritionnels à l’usage des personnes vivant avec le VIH/Sida (2). En 2004, l’organisation a émis des recommandations nutritionnelles pour les femmes infectées et leurs enfants, ainsi que pour les populations de réfugiés, les communautés qui les accueillent, et le nourrisson dans les situations d’urgence. En avril 2005, l’OMS a effectué à Durban, en Afrique du Sud, une réunion de consultation technique sur le sida en Afrique. Des experts y ont examiné en détail les données scientifiques les plus récentes sur les macronutriments (glucides, protides, lipides) et les micronutriments (vitamines, oligoéléments, antioxydants, etc.) nécessaires aux personnes infectées, notamment aux femmes enceintes et allaitantes ainsi qu’aux malades sous traitement antirétroviral – qui tient le virus en échec mais ne restaure ni le système immunitaire ni la santé. Il est rappelé que «pour retirer tous les bénéfices des antirétroviraux, un apport alimentaire adéquat est essentiel.»
Micronutriments multiples
Il a été constaté que «les carences en micronutriments constituent un problème important pour les personnes vivant avec le VIH», carences qui favorisent notamment «un risque accru d’infections opportunistes». L’organisation recommande donc «un régime alimentaire fournissant tout l’éventail des micronutriments essentiels». Concrètement, les besoins énergétiques «sont accrus de 10% chez les adultes et les enfants infectés de manière asymptomatique» ; chez les adultes malades, « ils sont accrus de 20% à 30%. Chez les enfants infectés qui présentent un amaigrissement, de 50% à 100% » ! Pour ce qui est des micronutriments, «les adultes et les enfants infectés doivent bénéficier d’apports conformes aux quantités journalières recommandées, grâce à une alimentation diversifiée, à des aliments enrichis et à une ‘supplémentation’, selon les besoins.» Selon l’OMS, les principales carences à combler concernent les vitamines A, B9 (folates), le zinc, le fer et des micronutriments multiples.
(Photo : Monique Mas/RFI)
Rappelons qu’une alimentation diversifiée comprend chaque jour de l’eau pure, des légumes frais en bonne partie crus (sous forme de jus ou de purées, si l’intestin est fragilisé), des fruits mûrs, des graines et des huiles vierges de première pression à froid, des protéines animales (poissons, œufs de ferme, etc.) et/ou végétales (légumes secs, arachides, noix, soja, lupin, champignons, spiruline et autres algues…), des graines germées, des céréales peu ou pas raffinées (riz, millet…). A ceci, des nutritionnistes et des cancérologues ajoutent aujourd’hui : de qualité biologique, sans pesticides ni additifs.
Thérapies traditionnelles
Parmi les recommandations concrètes que l’OMS invite à «mettre immédiatement en œuvre à tous les niveaux» : faire de la nutrition une partie intégrante de la riposte au VIH/Sida ; sensibiliser les décideurs à l’urgence du problème et aux mesures nécessaires pour incorporer la nutrition aux programmes de prévention ; combler les lacunes recensées dans la formation des agents de santé et en milieu hospitalier ; améliorer les conditions d’emploi des diététiciens et des nutritionnistes ; valider des outils simples pour évaluer le régime alimentaire et le recours à la ‘supplémentation’, «y compris les thérapies traditionnelles et les médecines parallèles» ; revoir et actualiser les directives existantes en faveur d’une gestion intégrée de la maladie ; encourager les revues scientifiques à faciliter la publication de comptes-rendus de recherches et de résultats obtenus grâce au recours aux meilleures pratiques. On sait maintenant, de source scientifique, que l’alimentation rapidement décrite ci-dessus, adaptée aux besoins spécifiques de chacun, est bénéfique en cas de sida, ainsi que de la plupart des troubles de santé ou maladies. Mieux : elle est incontournable.
par Henriette Sarraseca
Article publié le 18/08/2006 Dernière mise à jour le 18/08/2006 à 08:25 TU
Les liens
WEB
Rapport «Nutrition et VIH/Sida» (taper «nutrition et sida»)
Un manuel sur les soins et le soutien nutritionnels à l’usage des personnes vivant avec le VIH/SIDA.