Politique française
Ségolène travaille sa candidature
(Photo : AFP)
Il y avait foule ce dimanche après-midi à Frangy-en-Bresse, où plus de militants qu’à l’accoutumée étaient venus assister au discours de l’invitée d’honneur de la Fête de la rose. Cette année, Arnaud Montebourg avait choisi Ségolène Royale. Elle a besoin de convaincre son parti de la désigner comme candidate à la présidentielle, même si l’opinion publique est déjà conquise. Des élus socialistes sont venus, eux aussi, en masse dans la bourgade bourguignonne pour écouter Ségolène Royal faire son discours de rentrée.
«Il faut battre la droite pour redresser le pays et donner à chacun les moyens de construire dignement sa vie». Ségolène Royal a voulu parler de politique simplement et a mis le travail au cœur de la campagne électorale que les socialistes vont mener pour l’élection présidentielle. «Emploi, sécurité, famille, école, tout se tient», a-t-elle déclaré, parlant plusieurs fois de la précarité, de la « construction des sécurités durables pour éviter que ce soit toujours les mêmes qui plongent et les mêmes qui s’en sortent». Sur un plan plus personnel, la favorite des Français de gauche dans les sondages, a revendiqué l’héritage de François Mitterrand dont elle a été la ministre à plusieurs reprises.
Un autre co-développement, mieux protéger l’environnement, mettre en place une nouvelle République : Ségolène Royal n’est pas encore la candidate du Parti socialiste à l’élection présidentielle. Mais à Frangy-en-Bresse, elle a donné sa vision d’une nouvelle société française.
Arnaud Montebourg est partisan depuis longtemps de l’avènement d’une nouvelle République. Il fut le grand perdant du congrès socialiste de l’hiver dernier. Il soutient la candidature de l’ancienne ministre socialiste à l’investiture socialiste.
Dimanche cependant, avant le discours de Ségolène Royal, Arnaud Montebourg a semblé modérer son enthousiasme, assurant qu’il «n’avait pas changé de conviction» mais que «pour progresser», il fallait conduire «des alliances constructives». Une partie du courant créé par Arnaud Montebourg après le congrès du Mans, l’hiver dernier, n’est en effet pas d’accord avec ce ralliement à Ségolène et préférerait soutenir la candidature de Laurent Fabius à l’investiture socialiste. Ce dernier, comme Arnaud Montebourg, avait milité pour le «non» au référendum sur la Constitution européenne de 2005. Les semaines à venir diront si la popularité de l’invitée de la Fête de la rose l’emporte sur les rapprochements passés.
Des élus de gauche unanimes
Si ce courant minoritaire «Rénover maintenant» du Parti socialiste est partagé sur la candidature de Ségolène Royal, plusieurs personnalités du PS ont profité de ces rencontres en Bourgogne pour afficher leur soutien à la première femme candidate à la candidature pour l’élection présidentielle. François Rebsamen, numéro deux du parti et maire de Dijon, a salué ce mouvement. « L’heure du rassemblement est venue en vue des grandes échéances». Tous ces contacts ayant lieu dans l’ancien fief de François Mitterrand, François Rebsamen a souhaité à Ségolène de suivre son chemin. «Je sais que tu peux le faire». «Elle avance, elle crée du mouvement et la rencontre avec les militants est en train de se produire », a-t-il encore dit. De son côté François Patriat, le président de la région, a affirmé que 70% des socialistes bourguignons étaient «pour Ségolène».
Un avant-goût de duel présidentiel
Si Ségolène Royal devient, en novembre prochain, la candidate du Parti socialiste, elle affrontera, selon toute probabilité, Nicolas Sarkozy, le candidat de la droite. Avant même d’être investis par leurs partis, les deux personnalités confrontent leurs idées comme par exemple sur l’immigration. Au cours de ce voyage en Bourgogne, Ségolène Royal avait critiqué «l’évacuation tapageuse du squat» de Cachan, en banlieue parisienne. D’Arcachon, où il a rencontré la «caravane» de son parti, l’UMP, Nicolas Sarkozy a lancé à la personnalité montante du Parti socialiste : «Si madame Royal veut qu’on accepte en France tous les clandestins, qu’on leur trouve un logement, un travail et que l’on adresse au monde entier le message que tout le monde peut venir n’importe comment et dans n’importe quelle condition en France, qu’elle le dise aux Français». Le jour où Ségolène faisait un tabac en Bourgogne, le ministre de l’Intérieur rencontrait, dans la station balnéaire huppée du littoral aquitain, les militants de son parti faisant la tournée des vacanciers.
par Colette Thomas
Article publié le 20/08/2006 Dernière mise à jour le 20/08/2006 à 18:25 TU