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Sri Lanka

L'armée accusée du massacre de 17 humanitaires

Les 17 employés locaux de l'organisation humanitaire Action contre la faim (ACF) ont été purement et simplement exécutés le 4 août dernier. Les forces gouvernementales sont mises en cause. 

		(Photo : AFP)
Les 17 employés locaux de l'organisation humanitaire Action contre la faim (ACF) ont été purement et simplement exécutés le 4 août dernier. Les forces gouvernementales sont mises en cause.
(Photo : AFP)
Dans un rapport rendu public mercredi, la Mission de surveillance du cessez-le-feu (SLMM) entre la guérilla tamoule et l'armée srilankaise, accuse les forces gouvernementales d'être derrière le massacre du 4 août dernier. Ce jour là, 17 membres de l'organisation française Action contre la faim (ACF) ont été exécutés froidement d'une balle dans la tête, dans leur locaux de Muttur au nord-est du Sri Lanka. Selon le secrétaire général des Nations unies, il s'agit là d'une des pire attaques contre les organisations humanitaires.

De notre correspondant à Colombo

«Le rapport de la SLMM : partial et non professionnel», c'est la une du Daily News. Le journal, proche du gouvernement, tire à boulets rouge sur la Mission de surveillance de la trêve (SLMM). Tous les autres journaux en langue anglo-saxonne de Colombo font également leur une sur le rapport des observateurs internationaux, rendu public mercredi. Un pavé dans la mare.

L'armée responsable du massacre de ACF

«La SLMM est, avec les éléments trouvés, convaincue qu'il ne peut y avoir d'autres groupes armés, autres que les forces de sécurité derrière cet acte», écrit le chef de la mission, Ulf Henricsson, dans un communiqué de presse paru mercredi. Rapidement, les ministres sont montés au créneau. En coulisse, le chef de la diplomatie est furieux et parle d'un comportement irresponsable. «Nous regrettons ces déclarations. Non seulement nous les regrettons, mais nous les rejetons et nous les condamnons fermement», dit Keheliya Rambukwella, porte-parole du ministère de la Défense, chargé du dossier. Et le porte-parole d'ajouter que «La SLMM est une mission d'observation, elle n'a aucune compétence, ni les pouvoirs pour commenter une affaire en cours».

Pour étayer ses propos, le porte-parole pointe du doigt que la ville de Muttur était toujours sous contrôle des Tigres de l'Eelam tamoul (LTTE) lors du décès des membres de ACF. Une explication qui ne satisfait pas le chef de la mission. «Nous avons des éléments qui prouvent nos propos et nous sommes prêts à les remettre à une commission d'enquête impartiale», dit le Major Ulf Henriccson, laissant à peine sous- entendre que les autorités seraient tentées de masquer la vérité et de classer l'affaire sans suite comme c'est souvent le cas au Sri Lanka. Dans un souci d'impartialité, les contrôleurs internationaux mettent également en évidence que la guérilla n'est pas dédouanée d'actes violents et barbares. Pour la SLMM, l'attaque à la mine contre le bus de civils à Kebitigollewa, le 15 juin dernier, porte les marques du modus operandi du LTTE. L'attentat avait fait une soixantaine de morts. Tous des civils.

Climat d'impunité

Au delà du scandale politique (et judicaire) que le rapport de la SLMM provoque, de nombreux observateurs applaudissent le courage de la mission scandinave qui tente de lever le climat d'impunité qui règne au Sri Lanka. En janvier dernier, cinq étudiants ont été tués dans la région de Trincomale. En juin dernier, dans la péninsule de Jaffna, sur les îles de Kayts, treize personnes ont été retrouvées mortes. Parmi elles deux enfants en bas âge. Toujours en juin, deux cents personnes qui s'étaient réfugiés dans l'église de Pasalai, dans la région de Mannar, ont été attaquées. Bilan: une dizaine de morts. On pourrait ajouter à la liste l'attentat à la bombe au marché de Trincomale, les douze paysans tués à Welikanda, les enlèvements réguliers de journalistes et les assassinats ciblés à Colombo. La plupart de ces crimes ne sont pas élucidés et rien n'indique qu'ils le seront.

Dans un communiqué publié en juin 2006, Amnesty International dénonce le climat délétère et «reste circonspecte compte tenu des précédentes investigations inefficaces, aux termes desquelles les auteurs de violences restent souvent impunis». «Pour un pays qui siège pour la première fois au conseil des droits de l'homme des Nations unies, ce rapport est plutôt un mauvais signe», confie un diplomate occidental qui tient à son anonymat.



par Mouhssine  Ennaimi

Article publié le 31/08/2006 Dernière mise à jour le 31/08/2006 à 14:14 TU