Soudan
Au Darfour, l’ONU remplacera l’UA
(Photo: AFP)
C’est à huis clos que le Conseil de sécurité a examiné le projet de résolution proposé par Londres et Washington. Le gouvernement soudanais qui s’est toujours opposé au déploiement de nouvelles forces onusiennes au Darfour invoque «une violation de sa souverainetés» car une Mission des Nations unies au Soudan (Munis) est déjà présente dans le pays, et ce dans le cadre de l’application de l’accord de paix signé avec la rébellion du Sud en 2005. Le projet de résolution prévoit de faire passer les 12 273 casques bleus à 17 300 soldats et 3 300 policiers, sans oublier, éventuellement, l’intégration des contingents africains qui comptent 7 000 hommes. Le président soudanais Omar el-Béchir, qui s’oppose au déploiement des forces onusiennes, avait proposé d’envoyer au Darfour 10 500 soldats soudanais dont la mission serait de compléter et de soutenir les forces de l’Union africaine, dans la province. Il n’a pas été entendu.
La Grande Bretagne et les Etats-Unis ont obtenu l’appui des membres du conseil de sécurité qui ont voté en majorité ce 31 août, en faveur de leur projet. Sur les quinze membres du Conseil, trois se sont abstenus : la Chine, la Russie, et le Qatar. L’ambassadeur américain, John Bolton regrette que l’unanimité n’ait pu être obtenue sur un tel dossier, «mais il est plus important d’avancer rapidement et d’adopter cette résolution afin de mettre un terme au génocide au Soudan», a-t-il déclaré.
L’UA jette l’éponge
C’est au dernier sommet de l’Union africaine (juillet 2006 à Banjul, Gambie), auquel avait participé le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, que la décision de transformer la mission de la Force africaine envoyée au Darfour a été prise. Les Africains avaient sollicité l’appui des Nations unies et demandé un transfert de la mission sous mandat de la communauté internationale. La Mission de l’Union africaine au Soudan (Amis) est forte de 7 000 hommes. Présente depuis 2004 au Darfour elle était censée mener une mission de surveillance et de sécurisation des populations. Mais sous-équipée et manquant de moyens financiers, elle n’a pu efficacement accomplir sa mission.
«Le renforcement de la Mission africaine et la transition vers une opération des Nations unies sont des moyens par lesquels le gouvernement soudanais peut assurer la protection de sa population au Darfour et lui donner l’espoir d’une vie meilleure dans la paix, la liberté et la prospérité», déclarait Kofi Annan lors d’une réunion sur le Darfour. Mais, le Soudan s’est opposé à la récupération de la mission africaine par l’Onu. L’échec de la mission avoué par les instances de l’Union africaine n’a pas été pris en compte par Khartoum qui trouve que les forces de l’Union africaine «ont acquis une grande expérience (…) et ont bénéficié de ce fait de la confiance des populations et des partis en conflit. En plus de cela, le lien culturel et social ainsi que la similitude des coutumes entre ces forces et les composantes de la société au Darfour renforcent la logique du maintien et la nécessité de les soutenir afin qu’elle termine sa mission avec succès», répondait le gouvernement soudanais qui n’a pu empêcher l’adoption de la résolution sur le déploiement massif des forces onusiennes au Soudan et plus particulièrement dans le Darfour. Mais il pourra mettre quelques embûches à son application puisque le texte stipule que «le déploiement des casques bleus au Darfour sera fondé sur un accord avec le gouvernement soudanais». Reste aussi à trouver les troupes et le financement. Bref, la partie n’est pas terminée.
par Didier Samson
Article publié le 31/08/2006 Dernière mise à jour le 31/08/2006 à 18:34 TU