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République démocratique du Congo

En attendant le second tour

Depuis le déploiement des forces onusienne (MONUC) et européenne (EUFOR), Kinshasa vit l'attente du second tour de l'élection présidentielle dans un calme relatif. 

		(Photo : AFP)
Depuis le déploiement des forces onusienne (MONUC) et européenne (EUFOR), Kinshasa vit l'attente du second tour de l'élection présidentielle dans un calme relatif.
(Photo : AFP)
Après les affrontements meurtriers du 20 au 22 août entre les partisans de Joseph Kabila et ceux de Jean-Pierre Bemba, le calme est revenu à Kinshasa. Les différents états-majors préparent la prochaine échéance, celle du 29 octobre 2006. La Commission électorale indépendante affirme qu'elle respectera les délais malgré l'important déficit constaté dans le budget qui lui est alloué pour l'organisation des élections.

Les deux leaders, Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba, ne se sont pas rencontrés mais chacun a désigné trois représentants qui ont agi en leur nom au sein de deux groupes de travail sous le parrainage de la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monuc). Le premier groupe de travail a défini «des règles de conduite» et le second s’érigera en «sous-commission d’enquête indépendante» afin «d’établir les faits et responsabilités sur les événements du 20 au 22 août». Pour le premier groupe de travail, la définition des règles de bonne conduite a consisté à préciser le cantonnement des troupes, à fixer les garanties de sécurité, à parler de l’organisation de la campagne électorale et du fonctionnement des médias. Les délégués des deux parties n’ont pas évoqué une éventuelle rencontre entre le président Joseph Kabila et le vice-président Jean-Pierre Bemba comme l’avaient souhaité les représentants de la communauté internationale et autres médiateurs dans le processus de paix au Congo.

Boucler le Budget

Parallèlement à ces préoccupations, la Commission électorale indépendante (CEI) continue de préparer le second tour de la présidentielle, fixé au 29 octobre prochain. Malgré un déficit de 46 millions de dollars pour boucler le budget de financement du second tour, Dieudonné Mirimo, le rapporteur de la CEI reste optimiste. «On a un engagement de 10 millions de dollars, de plusieurs pays, dont la Belgique et la Suisse. On pense que d’ici le 29 (octobre), on aura couvert le déficit», a-t-il estimé. Le processus électoral entièrement à la charge de la communauté internationale était initialement évalué à 450 millions de dollars. Par ailleurs, en provenance d’Afrique du Sud, sont arrivés à Kinshasa les kits contant des isoloirs et des urnes. C’est également en Afrique du Sud que seront imprimés les bulletins de vote pour les élections provinciales et la présidentielle. Pour cette dernière la CEI attend le feu vert de la Cour suprême de justice qui publiera les résultats officiels le 5 septembre, pour lancer l’impression des bulletins.

Le premier tour de l’élection présidentielle a été jumelée aux législatives. Le second tour le sera aux provinciales. Les Congolais éliront par la même occasion les 690 députés des Assemblées provinciales qui à leur tour éliront les gouverneurs de province et les sénateurs.

Faiseur de roi

En attendant, les négociations pour les reports de voix au deuxième tour et pour les consignes de vote battent leur plein. Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba ont déjà rencontré celui qui peut jouer les arbirtres : Antoine Gizenga. Il était arrivé en troisième position à l’issue du premier tour, avec 13% des voix. Vieil opposant, ayant connu un exil de plus de 30 ans, il est aujourd’hui âgé de 80 ans. Il a été le bras droit de Patrice Lumumba, le premier chef de gouvernement du Congo, assassiné au début des années 60. On le dit plutôt proche du camp Kabila. Il faut rappeler qu’Antoine Gizenga était un farouche opposant au régime du maréchal Mobutu auquel a mis fin Laurent-Désiré Kabila (le père de Joseph Kabila) en 1997. En revanche, Jean-Pierre Bemba qui mobilise une partie l’électorat favorable à Mobutu aura du mal à convaincre l’opposant de toujours de faire table rase du passé, surtout que Nzanga Mobutu, fils du maréchal, arrivé en 4ème position (4,8%) devrait appeler à voter Bemba.

Mais dans un pays dévasté par une guerre civile et qui sortait d’une longue période de dictature, les convictions politiques sont quasiment inexistantes. Les alliances se font et se défont au gré des intérêts mais aussi des inimitiés des uns et des autres. C’est pourquoi «les petits candidats» attendent de faire une bonne lecture des législatives avant de se prononcer en faveur de tel ou tel candidat. Ils évitent un affichage trop voyant, car il faut aussi s’assurer de quel côté penchera la balance lors des consultations provinciales. Pour la plupart des petits partis, le calcul est simple. Il vaut mieux exercer ou participer à un pouvoir local que de miser sur un cheval qui retournera vers les siens après la présidentielle.



par Didier  Samson

Article publié le 01/09/2006 Dernière mise à jour le 01/09/2006 à 17:36 TU