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Côte d'Ivoire

Pollution: les experts français rendent leur rapport

A Abidjan on craint la contamination de la chaîne alimentaire, les déchets toxiques ayant aussi été déversés à proximité de zones de cultures maraîchères. 

		(Photo : AFP)
A Abidjan on craint la contamination de la chaîne alimentaire, les déchets toxiques ayant aussi été déversés à proximité de zones de cultures maraîchères.
(Photo : AFP)
Le Premier ministre Charles Konan Banny a reçu, le 12 septembre, le groupe d’experts français venu examiner la toxicité des déchets déversés dans les décharges publiques d’Abidjan. Bernard Franoz, le chef de l’équipe d’experts français, était accompagné de l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire pour rendre aux autorités ivoiriennes son premier rapport.

Dans un document succinct de cinq pages mais suffisamment détaillé pour lever certains doutes et suggérer d’autres précautions d’usage, les experts français ont donné la nature des produits qu’ils ont identifiés. Il s’agirait d’un mélange de résidus de raffinage, de sulfures, de phénols (un désinfectant qui contient également des produits utilisés dans la fabrication de plastique) et de mercaptans (produits chimiques qui captent le mercure et qui se distinguent par de très fortes odeurs fétides). Ce sont ces produits mélangés qui ont donné un cocktail mortel dont les effets se sont atténués au fil du temps. Les différentes émanations se sont évaporées dans la nature.

Les experts français ont également affirmé que la nappe phréatique n’est pas contaminée. Le réseau de distribution d’eau potable d’Abidjan ne serait pas atteint. Néanmoins, ils font remarquer que le réseau d’eau fluviale de la ville est contaminé. Les services de l’ONU spécialisés dans l’environnement, dépêchés également à Abidjan, confirment cette information. Ils ont relevé que les déchets toxiques du navire Probo Koala ont été déversés en mer, dans la lagune ainsi qu’à proximité des zones maraîchères. A Abidjan on craint donc des effets sur la chaîne alimentaire, notamment sur les légumes, dont les cultures sont arrosées par l’eau de la lagune, et des ruisseaux. En revanche, selon les experts onusiens et français «les déchets toxiques examinés ne seraient pas radioactifs».

Plus de 1 000 médecins chômeurs sont appelés en renfort

Charles Konan Banny a pris connaissance du rapport et est attendu en fin de semaine sur des mesures «drastiques pour protéger la population». Le ministère de la Santé a aussi annoncé le recrutement de jeunes médecins, chirurgiens, dentistes, pharmaciens, chômeurs en Côte d’Ivoire pour aider à la prise en charge des populations exposées aux déchets toxiques. «Ces quelque 1 031 cadres supérieurs de la santé seront pris en compte dans la masse salariale de la Fonction publique à partir du mois de janvier 2007», souligne le communiqué du ministère de la Santé.

L’afflux constant des personnes intoxiquées dans les centres de santé a motivé cette décision du gouvernement. Sur plus de 15 000 personnes reçues en consultation médicale, 23 sont hospitalisées et 6 sont décédées. Les autorités ivoiriennes craignent aussi d’autres contaminations puisque certains camions-citernes ont disparu dans la nature après avoir chargé les déchets toxiques. Et, selon l’expert français Bernard Franoz «certains conducteurs ont revendu le produit comme huile de vidange». Par ailleurs, les experts français suggèrent aux autorités ivoiriennes «un enlèvement immédiat et une isolation des déchets toxiques». Leur neutralisation pourrait se faire en Côte d’Ivoire ou à l’étranger selon l’option que choisira le Premier ministre.   



par Didier  Samson

Article publié le 14/09/2006 Dernière mise à jour le 14/09/2006 à 17:52 TU