Environnement
Du riz OGM illégal détecté en France
(Photo : Greenpeace)
Les tests sont formels. Du riz transgénique a bien été vendu et consommé en France. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a confirmé, jeudi 14 septembre, que des traces de l’OGM LL601 ont été détectées dans du riz américain importé en France : «A ce jour, les 19 résultats disponibles révèlent l'absence d’OGM dans 12 échantillons et la présence de riz transgénique LL RICE 601 à l'état de traces, à un niveau inférieur à 0,1%, dans 7 échantillons». Ces résultats concernent des prélèvements réalisés chez les principaux fournisseurs français, réalisant plus de 90% des importations de riz américain.
Dans le cadre de la procédure habituelle de sécurité, les distributeurs français ont l’obligation de retirer de leurs rayons les produits contenant des traces de riz transgénique, mais pas de rappeler ceux déjà vendus aux consommateurs, car selon la Direction des fraudes, le risque de contamination est jugé faible. Si l’on en croit Jérôme Bédier, le président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution :«les démarches de retrait ont été effectuées rapidement». Le système de traçabilité, obligatoire, permet en effet aux distributeurs de savoir à qui été vendu le produit.
Une majorité de Français hostile aux OGM
C’est suite à une alerte de la Commission européenne le 23 août dernier que la DGCCRF a diligenté une enquête. Cette dernière avait alors été informée par les autorités américaines d'une contamination possible de stocks de riz importé des Etats-Unis par du riz génétiquement modifié par l’OGM LL601 propriété de la société Bayer Cropscience. Sa commercialisation n’est autorisée nulle part dans le monde, ni aux Etats-Unis, ni en Europe. L’origine de cette contamination est aujourd’hui inexpliquée, le ministère américain de l’Agriculture a annoncé avoir lancé une enquête.
Pour l’heure, Bayer a décidé de soumettre une demande d’autorisation du LL601 aux Etats-Unis. «Nous ne voulons pas le vendre mais il s’agit de calmer les marchés en montrant par cette procédure qu’il n’est pas dangereux», a expliqué la porte-parole de Bayer, alors que l’entreprise est attaquée en justice par des riziculteurs américains, la découverte ayant provoqué une chute des cours du riz. De son côté, l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a été saisie par Bruxelles afin de confirmer l’innocuité de cet OGM, dont la présence a été signalée en Allemagne, après la Suisse, la France et la Suède. Son avis est attendu dans les prochains jours.
«L’invasion des OGM a commencé», estiment les Verts qui dénoncent «l’incapacité des autorités à assurer la sécurité alimentaire de l’Union européenne après la découverte par la France et la Suède de riz OGM en provenance des Etats-Unis». De son côté, l’association écologiste Greenpeace réclame «la suspension des importations américaines» et rappelle que «les contrôles outre-Atlantique ne peuvent être considérés comme fiables, cette affaire succède à celle l’année dernière de l’importation d’un maïs (le Bt 10) non autorisé en Europe». Si l’on en croit un sondage CSA réalisé pour Greenpeace et publié vendredi dans le quotidien Le Parisien, une majorité des Français est hostile aux OGM. 86 % des personnes interrogées sont, en effet, favorables à une interdiction des organismes génétiquement modifiés, un tiers pour une interdiction totale, deux tiers pour une interdiction temporaire, le temps d’évaluer leurs conséquences sur la santé et l’environnement.
par Myriam Berber
Article publié le 15/09/2006 Dernière mise à jour le 15/09/2006 à 16:08 TU