Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

République démocratique du Congo

Télé Bemba brûle

Jean-Pierre Bemba en juillet 2006. 

		(Photo: AFP)
Jean-Pierre Bemba en juillet 2006.
(Photo: AFP)
Les chaînes de télévision Canal Congo télévision (CCTV) et Canal Kin Télévision (CKTV), ainsi que Radio Liberté n’émettent plus. Un incendie a ravagé, lundi après-midi, les studios de ces médias appartenant tous au vice-président et leader du Mouvement de libération du Congo (MLC), Jean-Pierre Bemba.

Lundi 18 septembre, il était 15h30 à Kinshasa, lorsqu’un feu s’est déclaré dans les studios de CCTV. Ce n’est que deux heures plus tard que le feu a été maîtrisé. Selon de nombreux témoins le feu se serait éteint de lui-même et les pompiers de la ville arrivés sur les lieux n’ont pu que constater que les dégâts. Les véhicules des pompiers ont été accueillis à coups de pierres par les nombreux Kinois présents sur les lieux. Ils reprochaient aux pompiers d’être venus en retard sur les lieux du sinistre. De source policière, ces mêmes badauds auraient empêché un véhicule de pompiers de la Mission de l’Organisation des nations unies en République démocratique du Congo (Monuc) d’approcher l’immeuble en feu. 

Les journalistes, techniciens et autres employés des différentes chaînes de télévision et de la radio ont juste eu le temps de s’échapper de l’immeuble. Seul, Stéphane Kitutu, le directeur général de CCTV et de CKTV aurait été «gravement brûlé». Il est hospitalisé dans un hôpital de Kinshasa. Les dégâts matériels sont considérables. Les trois médias du groupe, logés en ce même lieu, ont cessé d’émettre. Les équipements auraient été quasiment détruits par le feu.

Accident ou acte criminel ?

L’incendie, dont on ignore pour le moment l’origine, s’est déclaré dans l’un des studios d’enregistrement de CCTV. Cette chaîne de télévision accordait un droit de réponse à un invité, partisan du président Joseph Kabila, lorsque le feu s’est déclaré. «Nous venions à peine de commencer l’enregistrement d’une émission lorsqu’on a entendu du bruit, comme une petite explosion à la régie (à côté du plateau d’enregistrement). Il y a eu une grande flamme et tout le monde a commencé à fuir», a déclaré à l’AFP Marius Oleko, un journaliste de CCTV.

La Monuc qui assure la sécurité autour de l’immeuble a renforcé son dispositif de quatre véhicules blindés qui complètent une unité de trois jeeps de la police congolaise. Autour de l’immeuble situé au centre du quartier des affaires de Kinshasa, rodent également des militaires en armes qui appartiennent à la milice du vice-président Jean-Pierre Bemba. D’autres en tenue de ville tentent de dissuader des manifestants d’exprimer leur colère dans les rues qui bordent l’immeuble incendié. Ils parlent de «sabotage» et protestent contre l’interruption des émissions de CCTV, de CKTV et de radio Liberté. Il faut rappeler que ces mêmes médias avaient été frappés d’interdiction d’émettre pendant 21 jours par la Haute autorité des médias (Ham), suite aux événements des 20 au 22 août derniers qui ont fait 23 morts à Kinshasa. Il leur était reproché de lancer des «appels à la haine».

Jean-Pierre Bemba et Joseph Kabila s’affronteront pour le second tour de la présidentielle le 29 octobre prochain. Les deux candidats avaient pris l’engagement de faire une campagne électorale dans un climat apaisé, mais ces derniers événements ravivent les tensions et convainquent les partisans de Jean-Pierre Bemba que l’incendie est d’origine criminelle. La commission d’enquête qui vient d’être mise sur pied avec la participation de la Monuc le précisera.  



par Didier  Samson

Article publié le 19/09/2006 Dernière mise à jour le 19/09/2006 à 18:41 TU