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Benoît XVI : «estime et profond respect» pour les musulmans

Le pape Benoît XVI a reçu lundi 25 septembre, au Palais de Castel Gandolfo, une vingtaine d’ambassadeurs de pays dont la population est majoritairement musulmane. 

		(Photo : AFP)
Le pape Benoît XVI a reçu lundi 25 septembre, au Palais de Castel Gandolfo, une vingtaine d’ambassadeurs de pays dont la population est majoritairement musulmane.
(Photo : AFP)
Le Pape a reçu les représentants de plusieurs pays majoritairement musulmans pour tenter d’éteindre les polémiques nées de son discours de Ratisbonne.

De notre correspondant au Vatican

Depuis son élection en avril 2005, le Pape Benoît XVI semblait un peu négliger la dimension diplomatique de sa mission pontificale. Cela tenait sans doute à son tempérament, à sa conception du rôle, et peut-être aussi à sa volonté de se démarquer de son prédécesseur, omniprésent durant 27 ans sur la scène internationale.

Ironie de l’histoire, c’est à présent  la diplomatie qui vole à son secours dans la grave crise provoquée par ses propos sur l’Islam. Car en recevant lundi, au Palais de Castel Gandolfo, près de Rome, une vingtaine d’ambassadeurs de pays dont la population est majoritairement musulmane, le Pape voulait envoyer un signal très précis : sa volonté de transformer une crise en une occasion de dialogue.

Depuis son voyage en Allemagne, Benoît XVI a multiplié les mises au point, en déclarant notamment publiquement, à deux reprises, ses regrets si ses propos ont pu offenser la sensibilité des musulmans. Mais, parallèlement, une initiative diplomatique se révélait chaque jour nécessaire, tant le discours de Ratisbonne a pu froisser, notamment les interlocuteurs les plus modérés du Vatican dans le monde musulman. D’où cette audience, assez inédite. Etaient présents les ambassadeurs de Turquie (où Benoît XVI est attendu fin novembre), du Maroc (qui avait été rappelé par le Roi pour consultation), du Pakistan, d’Indonésie (où les tensions entre chrétiens et musulmans sont particulièrement vives). L’Algérie, l’Egypte, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Liban, la Jordanie ainsi que la Syrie et l’Iran étaient également représentés.

Discours en faveur du dialogue des religions

Dans un discours très dense, le Pape a lancé trois messages sans équivoque. Tout d’abord, en faveur du dialogue interreligieux et interculturel entre chrétiens et musulmans,  qui, a-t-il déclaré en se situant dans le sillage du Concile Vatican II et de son prédécesseur, « est une nécessité vitale dont dépend en grande partie notre avenir » et qui « ne peut se réduire à un choix passager ». Pour Benoît XVI, « en ce domaine, nos contemporains attendent de nous un témoignage éloquent pour montrer à tous la valeur de la dimension religieuse de l’existence ». Aussi, a ajouté le Pape « chrétiens et musulmans doivent-ils apprendre à travailler ensemble pour se garder de toute forme d’intolérance et s’opposer à toute manifestation de violence ».

Le second point était destiné très directement aux fidèles de l’Islam. Benoît XVI leur a adressé ses vœux en ce début de ramadan. Il a redit « l’estime et le profond respect » qu’il porte aux croyants musulmans, avant de saluer, un à un, tous les participants.

Enfin, la troisième priorité du Pape était de revenir sur le principe de réciprocité en matière de liberté religieuse, cher aux catholiques. Il l’a fait en citant Jean Paul II et son discours de Casablanca, au Maroc, resté célèbre sur ce sujet. Nul n’ignore que de nombreuses communautés chrétiennes subissent des situations difficiles dans un certain nombre de pays musulmans. Parler de réciprocité devant le représentant de la Ligue arabe, l’ambassadeur de Turquie ou celui d’Indonésie assumait hier un relief particulier.

Attendu en Turquie dans deux mois

Benoît XVI est-il parvenu, par ce discours, à désamorcer la crise de Ratisbonne ? A en juger par les réactions de quelques diplomates présents hier à l’audience, l’heure semble à l’apaisement. « Le Pape a une nouvelle fois insisté sur son profond respect pour tous les musulmans, c’est que nous attendions, c’est ce que nous avons eu », a déclaré Albert Yelda, l’ambassadeur irakien près le Saint-Siège. « Il est temps de bâtir des ponts », a-t-il ajouté. Satisfaction également chez les représentants des musulmans d’Italie. « Un discours très clair et brillant », a jugé Mohamed Nour Dachan, président de l’UCOII, l’Union des communautés musulmanes d’Italie.

Mises au point médiatiques, discours en public, offensive diplomatique : depuis dix jours, tout a été mis en œuvre au Vatican pour calmer le jeu. A cet égard, l’arrivée du nouveau secrétaire d’Etat, le cardinal Tarcisio Bertone, au temps fort de la crise le 15 septembre, s’est faite sentir. Le nouveau numéro 2 du Vatican peut vanter de longues années de collaboration avec le Pape Ratzinger, un capital de confiance qui n’a pas peu pesé ces derniers jours, tant on a pu assister à un véritable retour du Pape sur le devant de la scène diplomatique. La perspective du prochain voyage de Benoît XVI en Turquie, dans deux mois, rend cette option encore plus nécessaire. Car il faudra du temps avant d’effacer toutes les traces laissées par la crise de ces dernières semaines. Et la voie d’Istanbul est semée d’embûches.



par Laurent  Morino

Article publié le 25/09/2006 Dernière mise à jour le 25/09/2006 à 19:25 TU

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