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Brésil

Lula favori

La campagne électorale oppose le président sortant Luiz Inacio Lula da Silva du Parti des travailleurs (à gauche) au candidat du Parti social-démocrate Geraldo Alckmin. Les affaires de corruption qui ont entaché les années de présidence de Lula, n'entament pas la popularité du président sortant. 

		(Photo : AFP)
La campagne électorale oppose le président sortant Luiz Inacio Lula da Silva du Parti des travailleurs (à gauche) au candidat du Parti social-démocrate Geraldo Alckmin. Les affaires de corruption qui ont entaché les années de présidence de Lula, n'entament pas la popularité du président sortant.
(Photo : AFP)
Depuis plusieurs mois le président Luiz Inacio Lula da Silva est favori du scrutin de ce dimanche 1er octobre, qui l’oppose au social-démocrate Geraldo Alckmin. Une avance confirmée par tous les sondages divulgués mercredi soir, en dépit du scandale des «dossiês» surgi à dix jours du scrutin. Pour les instituts Ibope, lié à TV Globo, et Datafolha, du quotidien Folha de Sao Paulo, Lula obtiendrait 53% des bulletins valides et Geraldo Alckmin 35%. Ce dernier rêve de provoquer un second tour, le 29 octobre.

De notre correspondante au Brésil

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Le Brésil (cliquer pour agrandir)
(Carte : Nicolas Catonné / RFI)

Les affaires, qui ont entaché les années de présidence de l’ouvrier-syndicaliste, ont refait surface à dix jours du vote. Une affaire bizarre : des hommes du Comité de campagne du Parti des travailleurs (PT, gauche au pouvoir) sont arrêtés dans une chambre d’hôtel de Sao Paulo en possession de 600 000 euros en liquide. Une somme destinée à acheter un dossier compromettant pour le Parti social-démocrate brésilien (PSDB, opposition).

Selon plusieurs analystes politiques, ce «dossiê» était destiné à provoquer un second tour à l’élection de gouverneur de Sao Paulo, où l’ancien ministre José Serra, du PSDB, distance de loin le sénateur Aloisio Mercadante du PT. Cela a bien failli coûter à Lula sa victoire, car ce dossier succède à une année difficile, où la découverte de la millionnaire caisse noire du PT avait provoqué des rumeurs d’impeachment contre le chef de l’Etat.

Lula protégé par son passé

Les scandales glissent-ils pour autant sur le président, comme l’insinue l’opposition ? Lula n’en sort pas indemne : il est obligé de déclarer à la population qu’il ne «savait pas», qu’il a été «trahi», et surtout de se séparer de compagnons de lutte. Mais le parcours de Lula et son passé populaire protègent le président. Surtout, explique David Flecher, professeur de Sciences politiques de l’université de Brasilia, «une grande partie de son électorat lutte chaque jour pour se nourrir, et la corruption lui paraît secondaire, lointaine et récurrente.»

«Le mythe du président-ouvrier excuse toutes ses erreurs, analyse le sociologue Helio Jaguaribe, de l’Institut d’études socio-politiques de Rio, d’autant qu’il est prudent et ne joue pas de sa popularité pour encourager l’hostilité entre les classes sociales, comme Hugo Chavez au Venezuela.»   Au contraire : si le gouvernement Lula a déployé un programme social et sorti 8 millions de personnes de la misère, il a aussi maintenu la stabilité de l’économie et assuré aux milieux industriels et financiers un contexte favorable aux affaires.

Provoquer un second tour

Face à ce mythe et son bilan, la tâche est difficile pour Geraldo Alckmin. D’autant qu’il était un inconnu aux yeux d’une majorité de Brésiliens lorsqu’il a été désigné par la coalition conservatrice PSDB-PFL, qui a gouverné le Brésil avec Fernando Henrique Cardoso (1994-2002). Pourtant, ce médecin quinquagénaire est entré dans la vie publique depuis 30 ans, lorsqu’il a été élu maire de sa ville natale de Pindamonhangaba (200 kms de Sao Paulo) à l’âge de 23 ans. Puis il a été député et vice-gouverneur de Sao Paulo dans l’ombre de Mario Covas, fondateur du PSDB. Après la disparition de ce dernier, en 2001, Geraldo Alckmin reprend les rênes de l’Etat le plus riche de la fédération brésilienne, plus peuplé et puissant que l’Argentine. Il y a glané une solide réputation de gestionnaire, ce qui lui vaut aujourd’hui la majorité des intentions de vote à Sao Paulo et le soutien des milieux d’affaires. «Geraldo» propose aux électeurs une gestion «décente» du pays et de relancer la croissance, vraisemblablement limitée cette année à 3%.

Mais Geraldo Alckmin avait un autre handicap, en plus d’être méconnu de l’électorat : sa coalition est désunie, divisée par des «guerres de chefs». Il rêve cependant de provoquer un second tour, salvateur pour son avenir politique, et qui ôterait au président le surplus de crédibilité d’une élection dès le premier tour.



par Annie  Gasnier

Article publié le 28/09/2006 Dernière mise à jour le 28/09/2006 à 12:40 TU