Côte d'Ivoire
Chirac : place aux Africains
(Photo : AFP)
Jacques Chirac a comparé la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui à celle d’hier gérée «de façon admirable» par le défunt président Félix Houphouët Boigny. Il a aussi rendu hommage au Premier ministre de la transition, Charles Konan Banny, qui pour lui «incarne autant que faire se peut l’intérêt général». Jacques Chirac s’est dit également favorable à une révision constitutionnelle pour que le Premier ministre dispose des «pouvoirs les plus larges possibles».
Le renforcement des pouvoirs du Premier ministre est un sujet maintes fois abordé dans les réunions internationales, mais qui n’emporte pas l’adhésion du président Laurent Gbagbo. Il a boycotté toutes les instances où la question était à l’ordre du jour. Il n’avait pas jugé utile de se rendre à New York à l’Assemblée générale de l’ONU où le Conseil de sécurité consacrait la journée du 20 septembre à la situation en Côte d’Ivoire. Il a réservé à la XIe conférence de la Francophonie le même traitement. Mais à chaque fois le Charles Konan Banny était présent pour représenter la Côte d’Ivoire.
La solution viendra «des gens de la région»
L’impossibilité d’organiser une élection présidentielle avant le 31 octobre prochain devrait ouvrir la voie à une nouvelle prorogation du mandant présidentiel de Laurent Gbagbo déjà arrivé à son terme en octobre 2005. Devant une situation de blocage où tous les protagonistes du conflit sont arc-boutés sur leurs positions, Jacques Chirac a donné, dans son intervention, quelques signaux de «désengagement». «Je pense qu’il n’y pas d’autre solution qu’une prise en main par les Africains, et quand je dis les Africains, ça veut dire l’Union africaine et notamment la CEDEAO (Commission économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), c’est-à-dire les gens de la région», a-t-il souligné. Vingt-quatre heures après les déclarations du chef de l’Etat français, les politiques et autres décideurs africains n’ont fait aucun commentaire craignant manifestement de ne pas compromettre le prochain sommet de la CEDEAO à Abuja, le 6 octobre 2006.
En effet les médiateurs ont tous été, à tour de rôle, récusés à un moment ou à un autre par des parties du conflit. Le dernier en date est le président sud-africain Thabo Mbeki que la rébellion soupçonne de parti pris en faveur de Laurent Gbagbo. Le flambeau repris par le président en exercice de l’Union africaine (UA), Denis Sassou Nguesso a fait long feu. Ces dernières péripéties ont dû alimenter la réflexion du président français qui pense «aux gens de la région», c’est-à-dire à la CEDEAO pour relancer le dialogue. Déjà, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU en Côte d’Ivoire, Pierre Schori, a rencontré le président du Ghana, John Kufuor pour évoquer les questions à débattre à Abuja (Nigeria) le 6 octobre prochain lors de la réunion de la CEDEAO. A cette rencontre qui sera consacrée à la Côte d’Ivoire on fera le compte des présences et absences significatives.
Abuja devrait être, en principe, le point de départ d’un nouveau marathon de négociation. La CEDEAO doit y élaborer des propositions que l’Union africaine examinera à travers son Conseil de paix et de sécurité avant de les transmettre au Conseil de sécurité de l’ONU. On attend une nouvelle résolution qui fera suite à la 1633.
par Didier Samson
Article publié le 29/09/2006 Dernière mise à jour le 29/09/2006 à 17:53 TU