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Nouveaux retards dans l’A-380 : EADS dévoile son plan d’urgence

Un <i>Airbus A-380</i> sur le tarmac de l'aéroport de Toulouse-Blagnac, le 25 août 2006. 

		(Photo: AFP)
Un Airbus A-380 sur le tarmac de l'aéroport de Toulouse-Blagnac, le 25 août 2006.
(Photo: AFP)
Le programme de livraisons du futur avion géant A-380 va subir un troisième retard d’un an. Pour compenser les pertes financières, Airbus annonce un vaste programme de réductions des coûts, grâce notamment à des suppressions d’emplois. L’objectif est d’économiser au moins 2 milliards d’euros par an à partir de 2010.

A l’issue d’un conseil d’administration qui s’est tenu mercredi, le groupe européen EADS, la maison mère d’Airbus, a entériné le nouveau plan de livraisons de son futur avion géant A-380, soit un an de retard supplémentaire sur le calendrier de juin dernier et deux ans par rapport au calendrier d’origine. Concrètement, le premier exemplaire du super-gros-porteur long courrier sera livré en octobre 2007 à Singapore Airlines, et non plus fin 2006 comme prévu. Airbus prévoit ensuite de livrer 13 exemplaires en 2008, 25 en 2009, puis 45 en 2010.

Ce nouveau calendrier de livraisons n’a pas d’incidence sur la certification de l’appareil prévue d’ici fin 2006. L’A-380 a rencontré d’importants problèmes d’industrialisation, mais de l’avis général, ses qualités techniques ne sont pas en cause. Pour l’heure, ce nouveau retard n’a pas d’incidences sur les commandes qui sont restées stables, mais c’est un nouveau coup rude pour les relations entre Airbus et ses clients. «Ces retards sont décevants, d’autant plus que les vols d’essais et le programmes de certification se déroulent bien», a déclaré Singapore Airlines dans un communiqué. La compagnie aérienne nationale australienne Qantas a également fait part de sa vive «déception». La situation est d’une telle gravité que le conseil d’administration d’EADS a décidé de conduire une enquête indépendante pour «déterminer les responsabilités individuelles ayant entraîné les retards de fabrication de l’A-380».

Délocaliser certaines productions

L’impact financier de ces retards sur Airbus dépasse toutes les prévisions. Il est estimé à 4,8 milliards d’euros d’ici à 2010, dont 2 milliards dus aux retards de livraison et 2,8 milliards de pénalités et de surcoûts de fabrication. L’impact sur la trésorerie de la maison mère de l’avionneur EADS est, lui aussi, très important : 6,3 milliard d’euros pour la même période. Pour compenser ces pertes, le conseil d’administration a validé un plan de réorganisation baptisé «Power8» qui vise à réaliser au moins 2 milliards d’euros d’économies par an à partir de 2010. Dans ce cadre, le patron d’Airbus, Christian Streiff, compte notamment réduire les frais de fonctionnement de 30% sur quatre ans. Ce qui se traduira par des suppressions d’emplois via des mesures d’âge mais aussi une réduction de l’emploi des intérimaires et des contrats à durée déterminée dans le secteur de la production. Les réductions d’emplois affecteront également les structures administratives du groupe. Tout n’est pas encore bouclé, un comité central d’entreprises est prévu mercredi au siège social à Toulouse.

Le plan «Power8» vise aussi à améliorer la compétitivité du groupe. Cela passe également par un changement de méthodes et notamment une «rationalisation de l’outil industriel du groupe éparpillé dans plusieurs pays», selon les propres termes de Christian Streiff. L’avionneur européen a également laissé entendre qu’il envisageait de réduire le cycle de conception des avions en «rationalisant les chaînes d’assemblage pour éviter les doublons au niveau européen entre les sites de Toulouse et de Hambourg» et délocaliser certaines productions dans des pays à bas coûts et en zone dollar.

Alors que l’inquiétude grandit chez les salariés de l’avionneur, le Premier ministre français s’est voulu rassurant lors de sa conférence de presse annuelle. Dominique de Villepin a renouvelé sa confiance à EADS : «je fais pleinement confiance à la direction d’Airbus». De son côté, le ministre de l’Economie et des Finances, Thierry Breton, a jugé le plan «réaliste et crédible». Du côté allemand, le ministre de l'Economie, Michael Glos, va rencontrer jeudi à Berlin Christian Streiff pour parler de la crise. Berlin s'inquiète notamment du sort réservé au site de Hambourg, alors que se multiplient les rumeurs d'un transfert de l'ensemble de la production de l'A380 vers le sud de la France, à Toulouse.



par Myriam  Berber

Article publié le 04/10/2006 Dernière mise à jour le 04/10/2006 à 16:50 TU