Nigeria
Otages dans le delta
(Photo : AFP)
Londres est très méfiante sur l’évolution de la situation dans certains Etats du delta du Niger et déconseille à ses ressortissants de s’y rendre. Il s’agit des Etats de Bayelsa, Delta, Rivers, d’Akwa Ibom et de la péninsule de Bakassi. Vingt-cinq employés travaillant pour la firme Shell avaient été enlevés le 5 octobre puis libérés dès le lendemain. Sept autres otages enlevés le même jour n’ont pas connu le même sort. Par ailleurs, une attaque contre un convoi de navires de la compagnie Agip a fait un mort parmi les employés nigérians de la compagnie. «Cinq embarcations avec des hommes armés ont donné l’assaut à un convoi de sept navires qui transportaient du matériel et des denrées alimentaires de Port Harcourt à Brass», a signalé la firme Agip dans un communiqué. Le 2 octobre, dans l’Etat de Rivers, ce sont quelque 70 hommes à bord de vedettes qui ont attaqué les nombreuses installations pétrolières de la région faisant quatorze morts dans les rangs de l’armée nigériane.
Après le mois de septembre plutôt calme, ce regain de violence inquiète les autorités fédérales qui ont convoqué une réunion de crise le 5 octobre à Abuja. Le président de la République, Olusegun Obasanjo a réuni autour de lui, les dirigeants de l’armée de terre, de la marine, de l’aviation, de la Police et des services de sécurité des Etats du delta du Niger. Aucune information sur les dispositifs de sécurité n’a été rendue publique après cette réunion. Mais d’ores et déjà on pense à un redéploiement massif de l’armée qui va prêter main forte aux forces de sécurité des différents Etats de la région.
Pour une meilleure répartition de la manne pétrolière
Depuis le début de cette année une quarantaine de soldats nigérians et une dizaine d’employés des firmes pétrolières ont été tués. «Nous suspendons temporairement nos actions, en attendant de voir ce que va faire l’armée», a déclaré dans un communiqué le Mend, le principal groupe armé soupçonné de harceler les firmes pétrolières. Ce mouvement prétend par ailleurs envoyer prochainement au moins 500 combattants supplémentaires dans l’Etat de Rivers «pour continuer le combat».
La plupart de ces attaques sont imputables à des bandes de criminels en quête de pétrodollars mais aussi à des groupes armés séparatistes qui réclament une meilleure répartition de la manne pétrolière au profit des régions d’exploitation. En effet, le delta du Niger qui fournit 95% des recettes en devises du Nigeria, avec le pétrole, reste une des régions les plus pauvres du pays. «Le delta du Niger est une région qui souffre d’abandon administratif, du mauvais état des infrastructures et des services, d’un fort taux de chômage, de privation sociale, de misère noire et de conflits endémiques», avait souligné en juillet dernier un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Grâce au pétrole exploité essentiellement dans cette région, le Nigeria est le sixième producteur mondial de brut et le premier producteur africain. Mais, l’Etat fédéral a annoncé que la production d’environ 2,6 millions de barils par jour a chuté d’au moins un quart depuis les attaques répétées contre les installations pétrolières et leurs personnels.
par Didier Samson
Article publié le 06/10/2006 Dernière mise à jour le 06/10/2006 à 17:07 TU