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Russie

La journaliste Anna Politkovskaïa assassinée

La journaliste Anna Politkovskaïa, le 17 mars 2005, à la foire du livre de Leipzig.  

		(Photo: AFP)
La journaliste Anna Politkovskaïa, le 17 mars 2005, à la foire du livre de Leipzig.
(Photo: AFP)

Le meurtre en Russie d’ Anna Politkovskaïa, une des rares journalistes à avoir couvert la guerre en Tchétchénie a provoqué une vague d’indignation à l’échelle mondiale. Son corps a été découvert hier dans l'ascenseur de son immeuble à Moscou. Elle a été tué par balles. Le Parquet a ouvert une enquête pour «meurtre avec préméditation».


Anna Politkovskaia était l'une des journalistes russes les plus connues. Elle voyageait beaucoup pour présenter ses livres, très critiques à l'égard de la guerre en Tchétchénie et du tournant autoritaire qu'a pris la présidence de Vladimir Poutine. Selon le journal Novaïa Gazeta pour lequel travaillait Anna Politkovskaïa, elle préparait un article sur la torture en Tchétchénie, avec des photos à l'appui. Et nombreux sont ceux qui pensent que son assassinat est probablement lié à son activité professionnelle, et notamment ses prises de positions concernant la Tchétchénie.

C'est ce que suggère Robert Ménard, le secrétaire général de Reporters sans frontières qui inaugurait hier à Bayeux en Normandie, un mémorial en hommage aux journalistes morts en mission. L'OSCE, le Conseil de l'Europe, la Fédération internationale des droits de l'homme, tous, réclament une enquête indépendante et sérieuse pour que toute la lumière soit faite. Le commissaire européen aux droits de l'homme, Thomas Hammarberg a estimé que ce meurtre était le signal d'une crise majeure concernant la liberté d'expression en Russie.

Robert Ménard

Secrétaire général de Reporters sans frontières

«Anna Politkovskaïa a été tuée en plein centre de Moscou.»

Son portrait, par Daniel Desesquelle:
Dans cet immense pays qu'est la Russie, il n'y a guère plus de 10 personnes à s'être vraiment levées contre la guerre en Tchétchénie. Anna Politkovskaïa était de celles-là mais elle était surtout l'une des seules journalistes russes à avoir enquêté sur le terrain et donc à raconter de manière indépendante cette sale guerre.
Elle en avait ramené des reportages et des témoignages bouleversant pour son journal Novaïa Gazeta qui bien sur ont fortement déplu au pouvoir pour lequel cette guerre n'est que le front russe d'un combat mondial contre le terrorisme. Ces deux livres Voyages en enfer et Tchétchénie, le déshonneur russe ont aidé le reste du monde a comprendre l'horreur de cette guerre. Mais elle a récidivé en publiant un troisième livre ou elle décortique La Russie selon Poutine. Un ouvrage féroce contre le système mis en place par le n°1 du Kremlin.
Dans un pays où l'opposition a disparu, et ou plus personne n'ose critiquer même du bout des lèvres le président, il faut un sacré courage. Anna Politkovskaïa se savait menacée, elle avait déjà été victime d'une tentative d'empoisonnement à bord d'un avion, alors qu'elle se rendait une nouvelle fois dans le Caucase. Malgré cela elle avait choisi de rester en Russie pour donner du sens à son combat. Il faut croire que cette petite femme seule, frêle, aux cheveux blancs, usée avant l'age, effrayait encore ceux qui ont donné l'ordre de la tuer.

A l'occasion de la sortie de son livre en français La Russie selon Poutine aux éditions Buchet-Chastel, Anna Politkovskaïa avait expliqué pouquoi elle n'aimait pas le président Poutine, c'était le 19 décembre 2005:

Anna Politkovskaïa

Journaliste, écrivain

«Le pays [la Russie] se développe selon un schéma qui est celui de l'enrichissement des oligarques et des millions de personnes qui sont de plus en plus pauvres.»



Article publié le 08/10/2006 Dernière mise à jour le 08/10/2006 à 13:52 TU