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Corée du Nord

Les Nations unies imposent des sanctions

Pak Gil Yon, l'ambassadeur de Corée du Nord aux Nations unies, sort de la réunion du Conseill de sécurité après le vote à l'unanimité de la résolution 1718. 

		(Photo : AFP)
Pak Gil Yon, l'ambassadeur de Corée du Nord aux Nations unies, sort de la réunion du Conseill de sécurité après le vote à l'unanimité de la résolution 1718.
(Photo : AFP)
En réaction à l’essai nucléaire nord-coréen de lundi dernier, les membres du Conseil de sécurité ont adopté samedi, à l'unanimité, une résolution imposant au régime de Pyongyang des sanctions économiques et d’autres mesures pour limiter les possibilités de développer des programmes d’armement.

De notre correspondante à New York

Adoptée, selon l’ambassadeur russe, après «des négociations tendues», la résolution 1718 condamne le test nucléaire effectué la semaine dernière par la Corée du Nord. Le texte onusien exige qu'elle «s'abstienne de tout nouvel essai nucléaire ou tir de missile balistique». La résolution 1718 impose un embargo sur la vente de missiles, de chars, de navires de guerre et d'avions de combat. Elle interdit tous les transferts technologies ou de matériaux ayant à voir avec des programmes de missiles balistiques ou nucléaires. Le commerce de produits de luxe avec la Corée du nord devient impossible afin de sanctionner la nomenklatura de ce pays. Des inspections de cargos à destination ou en provenance de Corée du nord seront faites pour vérifier que ces navires ne transportent pas de matériel destiné à fabriquer des armes de destruction massive. La résolution demande également le gel des actifs financiers détenus à l'étranger par toute personne ou organisation liées au programme nucléaire ou au programme de missiles balistiques de la Corée du Nord. L’ensemble de ces mesures vise, selon un diplomate français, à «mettre le plus d’obstacle possible au développement de leur programme y compris en bloquant les moyens qu’ils utilisent pour le financer».

Concessions à Pékin

Pour avoir le soutien de la Chine, les Américains, auteurs du texte, ont accepté d’exclure la possibilité d’un recours à la force. D’où une formulation tortueuse de la résolution qui place le texte «sous le chapitre 7 de la charte des Nations unies et d'éventuelles mesures sous son article 41». L’objectif était de concilier différents points de vue sur ce dossier. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France réclamaient que la résolution relève du Chapitre 7, qui prévoit de répondre aux menaces par des sanctions, des blocus ou encore des actions militaires, parce que, comme l’ont expliqué plusieurs ambassadeurs, si un essai nucléaire ne relève pas du recours à la force, alors quand l’emploie t-on ? Mais la Chine, le dernier allié de la Corée du Nord, voulait écarter le risque d’une option militaire. Invoquer l’article 41 permet de restreindre les sanctions dans les domaines économique et diplomatique.

La question de l’inspection des cargos nord-coréens reste encore assez floue. La Chine et la Russie s’avouant hostiles à des contrôles menés sur leurs côtes, le texte appelle les membres à procéder à des contrôles lorsque les cargaisons nord coréennes passent dans leurs eaux territoriales. L’ambassadeur chinois Wang Guangya, dont le pays est le plus concerné par le commerce avec la Corée du Nord, a déclaré, dès samedi, que la Chine «ne participerait pas à ces inspections».

«Gangsters»

La résolution demande également la reprise des pourparlers à six (Chine, les deux Corée, Etats-Unis, Japon et Russie). La Corée du Nord boycotte ces négociations depuis près d’un an. En réponse au vote du Conseil de sécurité, l’ambassadeur nord coréen Pak Gil Yon a lu devant cette instance un texte indiquant que son pays «rejetait totalement la résolution». Le représentant de la Corée du Nord auprès des Nations unies a dénoncé le comportement de «gangster» du Conseil de sécurité, trop partial, car il n’a pas examiné la menace que les Etats-Unis représentent pour son pays. La Corée du Nord va «continuer à prendre des contre-mesures physiques, considérant que c’est (la résolution) un acte de guerre», a promis l’ambassadeur avant de quitter le Conseil sans attendre la fin de la séance. L’ambassadeur américain John Bolton a alors attiré l’attention des autres membres du Conseil sur cette chaise vide, faisant le parallèle entre ce départ du représentant nord-coréen et la chaussure qu’avait faite claquer le leader soviétique Nikita Khrouchtchev. L’ambassadeur russe aux Nations unies s’est offusqué de cette «analogie inappropriée» avec la crise des missiles russes de Cuba, en 1961. 

La semaine prochaine, la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice entamera une tournée en Chine, au Japon, en Corée du Sud et peut-être en Russie. Elle devra, entre autres, y discuter de l’application de la résolution.



par Guillemette  Faure

Article publié le 15/10/2006 Dernière mise à jour le 15/10/2006 à 10:11 TU

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Pak Gil Yon

Ambassadeur de la Corée du Nord aux Nations unies

«Si les Etats-Unis augmentent la pression sur la République démocratique populaire de Corée de façon persistante, celle-ci continuera à prendre des contre-mesures concrètes, et considérera cela  comme une déclaration de guerre»

[15/10/2006]

Wang Guangya

Ambassadeur de Chine aux Nations unies

«La Chine n'est pas en faveur des inspections des cargaisons nord-coréennes, car nous craignons que cela conduise à des conséquences négatives »

[15/10/2006]

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