Corée du Nord
Le ton monte
(Photo : AFP)
Alors que Pyongyang, dont l’essai nucléaire est confirmé par les services de renseignement américains, qualifie les sanctions de l’Onu de «déclaration de guerre», Condoleezza Rice entamait, mardi, une large tournée diplomatique en Asie. La secrétaire d’Etat américaine doit se rendre au Japon, en Corée du Sud, en Chine et en Russie, afin d’encourager ces pays à appliquer «intégralement» la résolution adoptée samedi par le Conseil de sécurité des Nations unies.
La Corée du Nord prépare-t-elle un nouvel essai nucléaire ? Selon la chaîne de télévision américaine NBC, des satellites espions américains ont détecté des activités suspectes à proximité du site où Pyongyang avait fait exploser sa première bombe, le 9 octobre dernier.
De son côté, le ministre japonais des Affaires étrangères, Taro Aso, a indiqué avoir « reçu des informations à ce sujet. Mais, a-t-il poursuivi, je ne peux pas révéler les détails ». Quant au ministre russe de la Défense, Sergueï Ivanov, il a déclaré à Moscou ne « pas exclure » un deuxième essai.
Le régime nord-coréen avait prévenu qu’il pourrait procéder à un second test s’il jugeait l’attitude américaine trop agressive. Pour l’instant, il n’y a aucune preuve de l’imminence d’un nouvel essai, selon un responsable du renseignement américain. Mais d’ores et déjà, la France avertit : « Le Conseil de sécurité devrait envisager dans un tel cas de nouvelles mesures à l'encontre de la Corée du Nord, a déclaré mardi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Très clairement, nous adressons une mise en garde à la Corée du Nord sur ce point ».
Washington a réagi dans la foulée. La Maison Blanche a jugé que, compte tenu du passé récent, on pouvait « raisonnablement » s’attendre à l’éventualité d’un deuxième essai nucléaire nord-coréen. Mais elle a prévenu le régime communiste que cela ne serait pas « une bonne chose » pour lui.
« Implacable »
Ces derniers développement illustrent, en tout cas, la tension qui prévaut autour de la crise nucléaire nord-coréenne. Dès l'adoption des sanctions votées samedi à son encontre, l'ambassadeur de Corée du Nord à l'Onu, Pak Gil-yon, avait rejeté le texte en accusant le Conseil de sécurité d'utiliser « des méthodes de gangster ». Mardi matin, le régime de Pyongyang a averti qu’il considérait la résolution 1718 comme une « déclaration de guerre » et qu’il se montrerait « implacable » envers tout pays qui pourrait violer sa souveraineté.
La Chine a aussitôt fait part de sa réaction. Alliée de la Corée du Nord mais partisane des sanctions, elle a tenté de calmer le jeu. « Le plus important, maintenant, est que toutes les parties s’abstiennent de faire quoi que ce soit qui puisse aggraver les tensions », a déclaré le porte-parole de la diplomatie chinoise.
Ce que craint Pékin, tout comme Séoul, ce sont les risques d’un conflit de grande ampleur que pourrait générer l’application d’une clause de la résolution : celle destinée à contrôler de possibles transferts de matériels militaires sensibles et prévoyant « l’inspection de toute cargaison à destination ou en provenance de Corée du Nord ». C’est la clause la plus violemment rejetée par Pyongyang.
La Chine veut notamment éviter le scénario-catastrophe qui verrait l’interception de navires nord-coréens tourner à l’affrontement. D’où, mardi, cette mise au point laissant présager de sa part une interprétation « souple » du texte : Pékin s’engage à appliquer « sérieusement » la résolution onusienne, mais en tenant compte de ses « règles commerciales et de ses lois nationales ». Quant à la frontière terrestre entre les deux pays, un officiel chinois a expliqué que les contrôles douaniers avaient débuté mais restaient « symboliques », puisque « la Chine ne se livre pas à ce genre de trafic avec la Corée du Nord ».
Résultats incertains
Les Etats-Unis, au contraire, se veulent intransigeants. Comptant presser les voisins de la Corée du Nord d’appliquer fermement les sanctions, la secrétaire d’Etat américaine entamait, mardi, une vaste tournée asiatique aux résultats incertains. « Nous souhaitons, a-t-elle dit, que chaque membre de la communauté internationale applique intégralement tous les aspects de cette résolution ». Ce voyage doit la mener au Japon, en Corée du Sud, en Chine et en Russie.
Quelques heures avant son départ, Condoleezza Rice a estimé que Pyongyang devait « payer le prix » de l’essai nucléaire auquel elle a procédé la semaine dernière. Elle doit rencontrer les dirigeants japonais mercredi, avant une rencontre tripartite avec ses homologues japonais et sud-coréen, jeudi à Séoul. La diplomate américaine doit ensuite se rendre à Pékin pour des entretiens avec les dirigeants chinois, puis elle s’envolera pour Moscou.par Philippe Quillerier
Article publié le 17/10/2006 Dernière mise à jour le 17/10/2006 à 16:47 TU