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Corée du Nord

Washington nuance sa position

La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice et l'ancien ministres des Affaires étrangères chinois, Tang Jiaxuan, le 20 octobre 2006. 

		(Photo : AFP)
La secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice et l'ancien ministres des Affaires étrangères chinois, Tang Jiaxuan, le 20 octobre 2006.
(Photo : AFP)
En visite vendredi à Pékin, la secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice est restée ferme sur les sanctions envers la Corée du Nord et sur la stricte mise en œuvre de la résolution 1718 votée à l’Onu après le premier essai nucléaire nord-coréen. La veille, toutefois, elle avait évoqué, à Séoul, une reprise du dialogue avec Pyongyang, une façon de se concilier l’appui de la Chine, incontournable alliée de la Corée du Nord et partisane d’une application plus souple du texte onusien.

Dans le bras de fer opposant la Corée du Nord au reste du monde, seule la Chine semble en mesure de tempérer l’intransigeance de Pyongyang, dont elle est l’alliée traditionnelle. Aussi les Etats-Unis, soucieux de dénouer rapidement la crise générée par le premier essai nucléaire nord-coréen du 9 octobre dernier, ont-ils décidé de montrer à Pékin leur bonne volonté. La Chine a beau avoir voté, à l’Onu, les sanctions contre le régime nord-coréen, elle souhaite en éviter une application trop dure qui pourrait déstabiliser la région.

Jeudi à Séoul, à la veille de son arrivée dans la capitale chinoise, la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice a ainsi infléchi sensiblement un discours qui, jusqu’ici, était uniquement centré sur l’application stricte des sanctions décidées contre Pyongyang. La diplomate américaine a « laissé ouverte la voie des négociations », ajoutant : « Nous ne souhaitons pas l'escalade dans cette crise ». Autrement dit, Washington se montrerait, désormais, ouvert à un retour aux « pourparlers à six », ces discussions regroupant Chine, Etats-Unis, Russie, Japon ainsi que les deux Corée, et qui sont boycottées depuis près d’un an par Pyongyang.

« Ma visite n’a pas été vaine »

Les déclarations de Condoleezza Rice visaient, selon certains analystes, à préparer son arrivée en Chine, l’étape la plus délicate de sa tournée asiatique, et à ne pas nuire à une initiative chinoise que Pékin présente comme un tournant dans la crise : l’envoi mercredi et jeudi, à Pyongyang, de l’ancien ministres des Affaires étrangères Tang Jiaxuan, mandaté par le président chinois Hu Jintao lui-même, signe de l’importance de l’engagement chinois.

Ce geste diplomatique s’est soldé, aux yeux de la Chine, par des progrès sensibles : de retour à Pékin vendredi, l’émissaire chinois a déclaré à Condoleezza Rice que sa « visite n’avait pas été vaine », sans en détailler officiellement les résultats. Tang Jiaxuan a considéré, dans la foulée, que toutes les parties concernées devaient faire preuve de sagesse politique, ouvrir la voie au retour du dialogue et reprendre les négociations à six. « C'est dans l'intérêt de tous et j'espère que les Etats-Unis auront une attitude plus active et souple », a-t-il déclaré.

En recevant la secrétaire d’Etat un peu plus tard, le président chinois a tenu un discours similaire, appelant de nouveau les parties à la retenue. « Nous sommes prêts à faire des efforts en commun avec toutes les parties pour traiter le problème calmement et pour agir prudemment afin d'éviter que la situation ne dégénère ou que l'on en perde le contrôle ». Hu Jintao a également estimé que les conditions devaient être créées pour « faire repartir les négociations à six le plus vite possible et sauvegarder la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne ».

Parallèlement, l'agence de presse sud-coréenne, Yonhap, citant une source diplomatique non identifiée à Pékin, a semblé corroborer l’optimisme chinois en évoquant une déclaration encourageante du numéro un nord-coréen à l’émissaire de Pékin :  Kim Jong-il lui aurait assuré que la Corée du Nord ne procéderait pas à un deuxième test nucléaire. Cette information n’avait pas été commentée officiellement, vendredi soir, à Pékin.

Menace pour la sécurité régionale

Au cours de son étape chinoise, Condoleezza Rice a visiblement tenu, en tout cas, à mettre en avant l’aspect le plus ferme de la position américaine. Elle a appelé la Corée du Nord à revenir immédiatement et sans préalable à la table des négociations. « La République populaire démocratique de Corée (RPDC) devrait retourner aux discussions sans conditions et devrait commencer à mettre en oeuvre l'accord de septembre 2005 sur les négociations à six ».

La secrétaire d’Etat a également minimisé les résultats de l’initiative chinoise, estimant qu’en dépit de la satisfaction affichée par Tang Jiaxuan, « rien de nouveau » n’était sorti de cette mission. Et elle a réaffirmé que l’essai nucléaire nord-coréen constituait une « grave provocation » présentant une menace pour la sécurité régionale.

Toutefois, la diplomate américaine s’est félicitée de l’attitude chinoise concernant l’application de la résolution 1718 de l’Onu. Elle a indiqué que la Chine s'était engagée à un contrôle scrupuleux de sa frontière de 1 400 kilomètres avec la Corée du Nord, un élément jugé crucial pour le succès des sanctions prévues par le texte. « Les Chinois nous ont assuré qu'ils contrôlent la frontière de manière scrupuleuse et qu'ils continueront à le faire ». Condoleezza Rice devait s’envoler samedi matin pour Moscou, ultime étape de sa tournée.

par Philippe  Quillerier

Article publié le 20/10/2006 Dernière mise à jour le 20/10/2006 à 16:31 TU