France-Chine
Dernière escapade chinoise pour Chirac
(Photo : AFP)
Une trentaine de grands patrons français accompagne Jacques Chirac dans ce voyage en Chine. Pour ce dernier déplacement officiel au long cours, les dirigeants des groupes les plus emblématiques accompagnent le président français : Alstom, constructeur de centrales électriques, plus connu pour son savoir-faire dans le domaine ferroviaire ; Areva, l’un des leaders mondiaux du nucléaire civil ; EADS, dédié à l’aéronautique civile et militaire et constructeur d’Airbus ; Carrefour, dont les supermarchés sont présents dans le monde entier ; PSA Peugeot Citroën, constructeur d’automobiles, déjà implanté en Chine.
PSA Peugeot Citroën va d’ailleurs ouvrir une seconde usine en Chine, dans la ville de Wuhan, au centre du pays. L’année dernière, le groupe a vendu plus de 140 000 voitures dans cet immense pays et compte gagner encore du terrain sur ce marché en pleine expansion. Comme la première, la seconde usine sera réalisée en partenariat avec Dongfeng, groupe chinois, lui aussi fabricant de véhicules. Le président français devrait poser la première pierre de cette infrastructure, elle devrait être opérationnelle fin 2009 et devenir l’une des plus importantes usines de production du monde. L’expansion exceptionnelle de la Chine est bien connue avec l’émergence d’une classe moyenne importante qui commence à partir en vacances, à avoir envie d’une voiture personnelle. Logements, crèches, adaptation des modèles au goût chinois : PSA a su s’adapter en créant les équipements qui, en Chine, vont de pair avec une usine étrangère.
La situation est plus incertaine pour Areva. Le constructeur de centrales nucléaires s’était imposé lors du précédent programme chinois. Cette fois, le groupe français est en compétition avec son concurrent, l’Américain Westinghouse. Il y a quelques mois, Areva était donnée perdante pour cette nouvelle série de réacteurs alors que sa direction semblait sûre de l’emporter. A la veille du voyage de Jacques Chirac, rien ne semble joué. «Areva a fourni tout ce qu’il y avait à fournir, le dossier est entre les mains des Chinois», souligne-t-on à Paris.
Les Chinois ont la réputation d’être de très fins négociateurs, de prendre leur temps avant de donner leur accord. Areva en a fait l’expérience, la Société générale également. Depuis des mois, la banque française est en compétition, elle aussi avec un Américain, pour s’implanter dans la province de Canton et du Guangdong. Il s’agit de l’une des régions les plus riches de Chine dont le Produit intérieur brut est presque égal à celui de la France. Avec ses 90 millions d’habitants, ses 11% de croissance annuelle et ses exportations, cette région et surtout sa banque, la Guangdong Bank, attirent les Occidentaux qui veulent pénétrer le marché chinois. Les pronostics sont favorables à l’Américaine Citigroup, première banque mondiale. La Société générale compte sur le voyage du président Chirac pour obtenir un petit coup de pouce. De toute façon, estiment les analystes de ce pays continent, la décision sera politique.
De nombreux contrats en suspens
La France a un autre espoir en Chine avec Alstom : obtenir la construction de la ligne de chemin de fer Canton-Wuhan. Là non plus, le groupe français n’est pas le seul sur les rangs. La semaine dernière, faisant monter le suspens avant la visite du chef de l’Etat français, le maire de Wuhan, Li Xiansheng, a indiqué que le choix du constructeur n’était pas arrêté mais que «cela ne saurait tarder». De toute façon Alstom attend un autre accord pour fournir des locomotives à la Chine. Le contrat porterait sur 4 à 500 exemplaires destinés au trafic de marchandises. De toute façon, la Chine est déjà le plus gros client du groupe français, aussi bien pour la conception de centrales électriques que pour la fourniture de matériel ferroviaire.
Le voyage présidentiel comporte un autre enjeu, européen celui-là, l’implantation d’une unité d’assemblage d’Airbus à Tianjin. Depuis la visite en France du Premier ministre chinois, Wen Jiabao, en décembre dernier, le principe de la création de cette chaîne est acquis, dans cette ville portuaire. Si des Airbus A320 sont montés à Tianjin, il s’agira de la troisième chaîne d’assemblage, les deux autres étant européennes, à Hambourg (Allemagne) et Toulouse (France). Le projet n’est pas encore finalisé car l’avionneur européen veut garder la maîtrise technologique de la fabrication de ces avions tandis que la Chine, à travers la création d’une société conjointe, souhaite aboutir à des transferts de technologie.
La visite du président français intervient moins d’une semaine avant un grand sommet Chine-Afrique. Environ 47 chefs d’Etat africains sont attendus à Pékin. La troisième réunion de ce genre devrait dessiner les contours de la nouvelle coopération entre les pays africains et la Chine. Cette dernière s’intéresse d’abord au pétrole mais annonce son intention d’augmenter ses investissements sur le continent.
par Colette Thomas
Article publié le 23/10/2006 Dernière mise à jour le 23/10/2006 à 17:08 TU