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Economie

Des quotas européens pour la pêche

L'Espagne est l'un des pays les plus concernés par les nouveaux quotas de pêche. 

		(Photo : AFP)
L'Espagne est l'un des pays les plus concernés par les nouveaux quotas de pêche.
(Photo : AFP)
Les ministres de l’Agriculture et de la Pêche des 25 pays membres de l’Union européenne sont réunis pendant deux jours afin de discuter des quotas de pêche concernant d’abord la mer Baltique, puis l’océan Atlantique. L’enjeu porte sur les «totaux admissibles de captures» de certains poissons et sur la répartition des prises entre les différents pays membres de l’Union.

A l’occasion de ce Conseil européen des ministres de l’Agriculture et de la Pêche, la Commission européenne propose aux 25 pays membres de réduire les prises de deux poissons, très menacés. Il s’agit du cabillaud, souvent appelé morue, et du saumon. La baisse des prises serait de 15% en 2007 pour les deux espèces. Les scientifiques, chargés d’évaluer les stocks et leurs capacités à se reconstituer, auraient préféré un arrêt total de la pêche au cabillaud en particulier dans la partie la plus orientale de la mer Baltique. Mais la Commission ne souhaite pas aller jusque là, consciente des difficultés économiques et sociales que des mesures aussi draconiennes entraîneraient. Même en ayant échappé à des restrictions aussi fortes, plusieurs pays du nord de l’Union sont réticents à ces baisses de quotas car leur activité économique vient en grande partie de la mer. La Finlande, actuelle présidente de l’UE, s’est déclarée confiante et compte obtenir un résultat pour cette négociation.

Qu’il s’agisse des ressources halieutiques en mer Baltique ou dans l’océan Atlantique, ces discussions préparent un accord plus vaste qui se termine toujours par le «marathon pêche» de décembre. A ce moment-là, des décisions seront prises pour toute l’année 2007.

Si une réduction des prises de 15% est envisagée pour le cabillaud et le saumon, la Commission souhaite prendre des mesures plus énergiques pour protéger les poissons des grands fonds. Depuis une quinzaine d’années, le sabre, le grenadier, l’empereur ou encore la lingue bleue sont apparus sur les étals des poissonniers français et sont appréciés des consommateurs. La Commission propose de diminuer d’un tiers, ou pourquoi pas de moitié, la pêche de ces poissons victimes de leur succès. L’organe décisionnaire de l’Union met en avant les méthodes pratiquées par cette pêche qualifiée de «destructrice». Car pour prendre ces poissons vivant entre 400 et 1 000 mètres de profondeur, les artisans pêcheurs sont passés à l’industrie. Ils utilisent des chaluts très grands, très longs, qui raclent le fond des mers. Les associations de protection de la nature reprochent d’ailleurs à ces pêcheurs d’appauvrir le milieu marin en ramassant tout sans discernement.

Des incidences économiques

Si ces réductions des prises sont décidées, «on ne tiendra pas un an», prédit un professionnel, représentant de la Scapêche. Filiale du distributeur français Intermarché, la Scapêche fournit aux supermarchés de la maison mère les poissons vendus ensuite aux consommateurs. Cette filiale emploie 300 marins à Lorient et dans ce port breton, 3 000 emplois sont concernés. A Concarneau, dans la même région française, la baisse des quotas concernant les poissons des grands fonds est également critiquée. Les chalutiers Delhemmes expliquent qu’ils n’ont pas attendu l’Union européenne pour préserver la ressource : les mailles des filets ont été agrandies pour ne plus attraper les poissons trop petits.

Si des quotas plus restrictifs sont décidés, ils auront une incidence plus ou moins grande sur le secteur de la pêche. Les pays membres de l’Union dans lesquels ce secteur économique est décisif seront les plus touchés. Selon les cas, des navires resteront à quai ou des pêcheurs endettés seront obligés d’arrêter leur activité. D’autres pêcheurs et leur chalut iront pêcher plus loin. Ils profiteront des accords existants comme celui entre l’Union européenne et le Sénégal. Des navires européens peuvent aller pêcher dans les eaux sénégalaises. Cet accord a déjà été renouvelé plusieurs fois. L’Union européenne paie des droits pour que des chalutiers européens pêchent en toute légalité dans cette région du monde. Les autorités sénégalaises augmentent régulièrement le prix de ces droits. Elles aussi ont pris conscience de la valeur de ces réserves et dans le même temps, le secteur de la pêche s’est fortement développé dans le pays. On ne voit pas comment les décideurs de la planète pourraient échapper à une gestion globale des ressources halieutiques. Pour le moment, on est toujours dans un système de cueillette en pêchant toujours plus loin et toujours plus profond.    



par Colette  Thomas

Article publié le 24/10/2006 Dernière mise à jour le 24/10/2006 à 17:55 TU