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Niger-Tchad

Niamey veut expulser les Arabes Mahamides au Tchad

Selon un député nigérien cité par l'Agence France Presse, Nyamey aurait pris des mesures pour expulser au Tchad des dizaines de milliers de Mahamides, une communauté arabe installée depuis des décennies dans la région frontalière. Les autorités nigériennes leur reprochent notamment d'entretenir de mauvais rapports avec les populations locales et d’atteintes à l’écosystème. Des députés arabes nigériens protestent et demandent l’intervention des Nations unies et de l’Union africaine, affirmant que ces mesures, qui auraient déjà commencé à être appliquées, seront nuisibles à la sécurité du pays.

Le gouvernement nigérien affirme que les chefs traditionnels et les responsables administratifs de la région de Diffa «font état d’une difficile cohabitation de ces pasteurs étrangers avec la communauté rurale autochtone». Des pétitions contre les Arabes Mahamides circulaient d'ailleurs dans cette région depuis longtemps et le ministre nigérien de l’Intérieur, Mounkaïla Modi, qui est intervenu mardi à la télévision, les accuse de ne pas respecter les droits des populations locales et de détenir, pour la plupart, des armes à feu illégales. Toujours selon le ministre, ils en feraient usage lors de rixes. Les pasteurs mahamides sont aussi accusés de porter atteinte à l’écosystème de cette région : «leurs dromadaires, estimés à des dizaines, voire des centaines de milliers de têtes exercent une très forte pression sur le pâturage qui entraîne une dégradation des points d’eau». Le ministre nigérien a souligné que cette opération d’expulsion des Mahamides sera menée en respectant la «dignité humaine».

Une population installée au Niger depuis des décennies

Ces populations arabes originaires du Soudan et du Tchad se sont installés dans l’extrême sud-est nigérien depuis des décennies. La première vague importante d’immigration date de 1974, lors de la grande sécheresse. Dans les années 1980, des milliers de réfugiés arabes se sont aussi établis dans la région de Diffa, au Niger, fuyant les conflits successifs qui se sont produits au Tchad. Les opinions divergent quant au nombre actuel de Mahamides qui se trouvent dans cette zone presque désertique qui fait frontière avec le Nigeria et le Tchad. Entre 30 000 et 100 000 d'entre eux nomadiseraient dans cette région depuis plus de 50 ans. Selon les députés arabes du Parlement nigérien, qui les estiment, eux à 20 000, dotés, pour la plupart, de papiers d’identité nigériens, ils n'auraient «plus aucune forme d'attache avec le Tchad».  Ces députés affirment que les opérations d’expulsion ont déjà commencé. Selon eux, «plusieurs camions chargés de femmes, enfants et vieillards» seraient arrivés à Kabelwa, une localité située à 60 kilomètres de Diffa et à une cinquantaine de kilomètres de la frontière tchadienne.

Appelant les Nations unies et l'Union africaine à l'aide, les parlementaires arabes demandent au président nigérien Mamadou Tanja de renoncer à sa décision. Déjà, les commerçants arabes de Diffa auraient été obligés de fermer leurs boutiques. Selon le ministre de l'Intérieur, «les Mamamides seront raccompagnés à la frontière par des militaires». Et cela de manière «pacifique», promet il. Les députés nigériens rétorquent que «les Arabes Mahamides ne quitteront jamais le Niger d’eux-mêmes et la violence engendra la violence». De son côté, le Tchad demande au Niger de renoncer à ces expulsions. «Nous ne comprenons pas une telle mesure de la part d'un pays frère. Et cela au moment où nous nous sommes confrontés à une opération de déstabilisation», lance le ministre tchadien des Affaires étrangères, Ahmat Allami.



par Antonio  Garcia

Article publié le 25/10/2006 Dernière mise à jour le 25/10/2006 à 18:46 TU