Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

France-Chine

Chirac et Hu Jintao en sommet

En 2009, les premiers Airbus A320 sortiront de l'usine d'assemblage de Tianjin, en Chine.  

		(Photo : Airbus)
En 2009, les premiers Airbus A320 sortiront de l'usine d'assemblage de Tianjin, en Chine.
(Photo : Airbus)
Au deuxième jour de sa visite en Chine, le président Chirac a rencontré le chef de l’Etat chinois Hu Jintao. Plusieurs contrats commerciaux ont été signés concernant notamment Airbus et à l’occasion de cet entretien, les deux présidents ont paraphé un texte sur les droits de l’homme qui appelle également à la levée de l’embargo européen sur les ventes d’armes à la Chine.

Au cours de leur entretien de jeudi, les présidents français et chinois ont fait le tour des grandes préoccupations internationales du moment au premier rang desquelles les conséquences politiques de l’essai nucléaire nord-coréen et les inquiétudes autour du programme nucléaire iranien. La Chine, on le sait, joue un rôle de premier plan dans les tentatives de résoudre ces deux crises.

A l’occasion de leur tête-à-tête qui a duré plus d’une heure, Hu Jintao et Jacques Chirac ont signé une déclaration dans laquelle Pékin promet de mieux respecter les droits de l’homme. «La Chine et la France soulignent la nécessité de promouvoir et de protéger les droits de l’homme, conformément aux buts et aux principes de la charte de l’Onu, en respectant l’universalité de ces droits». Autre passage du texte : «Tout en tenant compte des spécificités de chacun, il est du devoir des Etats de promouvoir et de protéger tous les droits de l’homme et toutes les libertés fondamentales».

L’adoption de ce texte par les deux chefs d’Etat a pour but d’envoyer un signal à l’Union européenne. Avec le soutien de la France, la Chine voudrait que les pays membres de l’Union mettent fin à leur embargo sur les ventes d’armes instauré après la répression des manifestations de la place Tiananmen, à Pékin, en 1989.

L’embargo en toile de fond

Ce n’est pas la première fois que la France tente de faire lever cet embargo. Mais d’autres pays membres de l’UE ne sont pas pour, n’ayant pas les mêmes intérêts commerciaux. Ils s’abritent derrière le fait que les libertés n’ont pas évolué depuis. De plus, les Etats-Unis ne souhaitent pas la levée de cet embargo. La Chine pourrait alors moderniser son armement et l’équilibre de la paix serait modifié en Asie. Enfin les derniers événements au Tibet ne font pas pencher la balance en faveur d’une levée de l’embargo. Régulièrement, des Tibétains cherchent à fuir leur pays occupé par la Chine. Ils essaient de traverser l’Himalaya par les glaciers. Fin septembre, deux réfugiés ont été abattus par des garde-frontières chinois. Des enfants ont été arrêtés. Dans ces montagnes désertes, des alpinistes ont assisté à la scène, impuissants, et l’ont filmée.

Malgré ce contexte peu favorable concernant les libertés aussi bien en Chine qu’au Tibet annexé, le commerce avec ce pays en pleine expansion garde tous ses droits. Avec une croissance économique de 10% par an, la Chine représente un marché immense pour les industriels de la vieille Europe. Comme la Chine a l’embarras du choix, elle pose ses conditions. Elle vient d’obtenir la première chaîne de montage d’Airbus hors d’Europe, dans le port de Tianjin, situé à proximité de la capitale. Les premiers appareils devraient sortir de cette nouvelle installation en 2009. Selon une source gouvernementale française, la condition d’Airbus à cette délocalisation était une commande supplémentaire d’A320. L’avionneur européen en vendra 150 de plus, ce qui porte à 300 les appareils vendus à la Chine sur un an. Malgré tout, le constructeur américain Boeing reste en tête avec 60% de part de marché.

Si le voyage de Jacques Chirac en Chine est bénéfique pour faire le commerce des Airbus, il n’en sera certainement pas de même pour Areva. Le groupe français spécialisé dans le nucléaire ne veut pas, comme l’avionneur européen, faire les transferts de technologie qui permettraient d’emporter le prochain marché de centrales nucléaires chinoises. La compagnie américaine Westinghouse (absorbée par le groupe japonais Toshiba) n’a pas ces états d’âme et construira probablement ces nouveaux réacteurs.

Des succès et un échec

L’autre grande série de contrats attendus par la France à l’occasion de ce voyage présidentiel concerne Alstom. Le groupe a finalisé sur place la commande de 500 locomotives pour trains de marchandises. Un autre accord porte sur des équipements hydroélectriques, un marché sur lequel Alstom est très implanté.

Des entreprises françaises remportent des contrats en Chine qui vont sécuriser leurs carnets de commandes pour quelques années. Mais à Pékin, on a déjà la tête ailleurs. La semaine prochaine, va se dérouler dans la capitale chinoise un grand sommet Chine-Afrique. Une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement africains sont attendus. Certains d’entre eux comptent beaucoup sur le développement de ce partenariat alors que la France et l’Europe sont très occupées. Elles digèrent le dernier élargissement et se préparent aux conséquences du prochain.     



par Colette  Thomas

Article publié le 26/10/2006 Dernière mise à jour le 26/10/2006 à 16:33 TU

Audio

Florent Guignard

Envoyé spécial de RFI en Chine

«Paris et Pékin partagent les mêmes objectifs sur la scène internationale.»

[26/10/2006]

Articles