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Banlieues : Villepin en première ligne

Le Premier ministre Dominique de Villepin, lors de sa conférence à Cergy-Pontoise. 

		(Photo: AFP)
Le Premier ministre Dominique de Villepin, lors de sa conférence à Cergy-Pontoise.
(Photo: AFP)
Dominique de Villepin a choisi d’aller à Cergy, en banlieue parisienne, pour sa conférence de presse mensuelle. Un an après les émeutes qui ont secoué les cités dans plusieurs villes de France, et alors que depuis plusieurs jours des groupes des jeunes ont recommencé à commettre des actes violents, le Premier ministre veut montrer son implication dans ce dossier. Il a réaffirmé que le gouvernement avait beaucoup investi pour améliorer les conditions de vie des habitants des quartiers sensibles.

Un an après les émeutes de banlieue, l’heure du bilan a sonné pour le gouvernement. Le groupe socialiste à l’Assemblée nationale vient de déposer une proposition de résolution pour demander la création d’une commission d’enquête «sur la situation dans les banlieues». L’opposition est bien décidée à mettre cette question sur la table à quelques mois de l’élection présidentielle. A en croire ce qu’explique Jean-Marc Ayrault, président du groupe et signataire du texte, «aujourd’hui, la violence est plus que jamais présente dans certains quartiers et un seuil psychologique semble même avoir été franchi consécutivement aux émeutes». Autrement dit, on n’est pas à l’abri d’une nouvelle flambée de violence car les problèmes n’ont pas été résolus.

Ces derniers jours, agressions et attaques se sont succédé dans certaines villes de banlieues. Cela  confirme que la situation est particulièrement tendue dans les quartiers touchés par les émeutes en novembre 2005. Dans la nuit du mercredi 25 au jeudi 26 octobre, quatre bus ont été incendiés (à Nanterre, Athis-Mons, Bagnolet, Vénissieux). A Bagnolet, c’est un véritable assaut qui a été mené par une dizaine de jeunes masqués et armés. L’un d’entre eux aurait même, selon la police, placé un pistolet sur la tempe du chauffeur. Du coup, plusieurs lignes ont été détournées dans les quartiers les plus à risque. La cité de la Grande Borne à Grigny, dans l’Essonne, où une série de caillassages de bus, de voitures particulières et de véhicules de police a eu lieu, n'est plus desservie.

Pas de résultats immédiats

Dans ce contexte, le Premier ministre a réaffirmé, jeudi, la détermination du gouvernement à ne pas laisser la situation dégénérer sans réagir. Et il a menacé les fauteurs de troubles de «sanctions immédiates et exemplaires», ajoutant que le gouvernement refusait «toute zone de non droit» dans le pays. Mais surtout, Dominique de Villepin a répondu aux attaques contre la politique menée depuis un an dans les quartiers. Il a récapitulé les actions engagées et énuméré les fonds débloqués pour mener «une action de fond, de long terme».

Quinze zones franches urbaines ont été mises en place dans le cadre de la loi sur l’Egalité des chances votée en mars 2006. Elles doivent inciter les entreprises à venir s’installer dans les zones sensibles en échange d’exonération fiscales et contribuer à développer l’emploi. Les missions locales de l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) ont, par ailleurs, reçu 150 000 jeunes des quartiers difficiles depuis le début de l’année 2006 et en ont orienté 55% vers des postes ou des formations. L’Etat a aussi décidé d’engager un programme de rénovation urbaine dans les cités et lui a dédié 35 milliards d’euros sur sept ans (jusqu’en 2013). Le Premier ministre a encore insisté sur le fait qu’une enveloppe de 100 millions d’euros avait été octroyé aux associations après la crise de l’automne dernier et a annoncé qu’elle serait «reconduite» en 2007. Pour Dominique de Villepin, il n’est donc pas question de laisser dire «que rien ne change». Mais le Premier ministre concède qu’il ne faut pas s’attendre à des résultats immédiats.

Et pourtant, même à l’Union pour un mouvement populaire (UMP), le parti majoritaire, on ressent la nécessité d’évaluer la situation plus précisément. Le 26 septembre dernier, 106 députés de ce groupe ont eux aussi déposé une demande de création de commission d’enquête parlementaire «sur les causes des émeutes urbaines de novembre 2005». Eric Raoult, député de Seine-Saint-Denis, qui est à l’origine de cette démarche, estime que cela permettrait «de réaliser un bilan des dommages, de récapituler les réparations et les actions menées depuis un an et d’analyser les causes pour mieux apprécier les événements».



par Valérie  Gas

Article publié le 26/10/2006 Dernière mise à jour le 26/10/2006 à 17:14 TU