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Immigration

Un mur entre les Etats-Unis et le Mexique

Un immigrant à la frontière mexicano-américaine. 

		(Photo : AFP)
Un immigrant à la frontière mexicano-américaine.
(Photo : AFP)
Le président Bush vient de promulguer une loi permettant la construction d’un mur sur un tiers de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Cette décision est annoncée quelques jours avant les élections législatives du 7 novembre. Les sondages ne sont pas favorables au Parti républicain en place. En prenant cette décision, le gouvernement américain veut plaire à l’électorat partisan d’une réduction de l’immigration clandestine.

La frontière entre le Mexique et les Etats-Unis a la réputation d’être la plus poreuse au monde. Le mur, dont le président Bush vient d’autoriser la construction, aura pour ambition de dissuader les clandestins de tenter le passage vers le Nord. Cette barrière entre les deux Etats ne sera pas continue. Trois morceaux seront construits pour contrôler environ le tiers du tracé limitant les deux pays : 1 132 kilomètres sur une frontière totale de 3 141 kilomètres entre les Etats-Unis et le Mexique.

Les trois tronçons de mur permettront de contrôler le tiers de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. 

		(Carte : DK/RFI)
Les trois tronçons de mur permettront de contrôler le tiers de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis.
(Carte : DK/RFI)

La section la plus longue de ce mur sera d’environ 500 kilomètres entre la ville de Douglas (Arizona) et celle de Calexico (Californie). Des pans de mur en béton alterneront avec des clôtures en métal ou des barbelés. Des barrières amovibles, des postes de contrôle supplémentaires, matérialiseront la frontière à la limite des Etats américains les plus sollicités pour tenter la traversée. Le mur, appelé «barrière» par l’administration Bush, sera surveillé par des caméras, des satellites et même des drones, ces avions sans pilote habituellement utilisés dans les conflits ou les opérations de maintien de la paix.

Selon les experts, la réalisation de ce gigantesque projet coûtera entre 6 et 8 milliards de dollars. L’administration Bush n’a pas encore le financement pour débuter les travaux. Etant donné les sommes en jeu et le symbole, fermer l’accès sud du territoire américain, le projet fait des remous au sein même du Congrès. Et beaucoup d’hommes politiques américains pensent que cette barrière n’empêchera pas les clandestins, s’ils le veulent vraiment, de passer.

Une image négative dans le monde entier

Si ce mur est construit, les Etats-Unis vont donner au monde entier l’impression de se refermer sur eux-mêmes. L’idée est tellement détestable que ce projet – ancien – est resté longtemps à l’abandon. Pourtant, le président Bush vient de donner son feu vert. Il faut dire que les élections de «mid-term» approchent. Le 7 novembre prochain, les électeurs américains vont choisir ou réélire 33 sénateurs (sur 100) ainsi que les 435 membres de la Chambre des représentants. Les sondages ne sont pas bons pour les Républicains. Les affaires de mœurs ayant récemment éclaboussé le Congrès, l’enlisement des Etats-Unis en Irak et le déficit des comptes de l’Etat fédéral, donnent une image négative du bilan de l’équipe en place. En poussant le président Bush à annoncer la construction du mur à quelques jours du scrutin, le président de la Chambre des représentants et le chef du groupe républicain au Sénat ont voulu plaire à l’électorat conservateur. L’immigration illégale passe pour être l’une de ses préoccupations.

Le président Bush reconnaît que le problème de l’immigration clandestine ne sera pas réglé par une approche uniquement sécuritaire. Au moment où le feu vert était donné pour la réalisation du mur, la Maison Blanche parlait de régulariser temporairement une partie des clandestins. Mais le Congrès ne veut pas d’une telle mesure même si bon nombre de politiciens républicains reconnaissent qu’une attitude plus généreuse serait bien perçue par une communauté hispanique de plus en plus influente, sans parler des patrons ayant besoin de main-d’œuvre pour les travaux les plus rebutants.

Pour le Mexique, ce projet ne résout rien

«Cette initiative d’ériger un mur sur la frontière entre nos deux pays ne règle rien», a déclaré le nouveau président mexicain, Felipe Calderon, qui va prendre ses fonctions le 1er décembre. Réagissant au cours d’un voyage au Canada, Calderon a comparé l’initiative américaine à la construction du mur de Berlin. «L’humanité a fait une erreur avec le mur de Berlin. Et les Etats-Unis font également une grande erreur en érigeant un mur entre nos deux pays», a poursuivi le futur chef d’Etat. «Quatre cents personnes sont mortes l’an dernier en tentant de franchir cette frontière et la construction du mur conduira à une augmentation du nombre de décès», a-t-il poursuivi. « Il serait beaucoup plus utile, pour la question de l’immigration, de construire un kilomètre d’autoroute que dix kilomètres de mur à Sonora (ouest du Mexique)…cela va coûter cher, très cher aux contribuables américains».

A Mexico, un porte-parole de la présidence a expliqué que «les murs ne peuvent pas résoudre les problèmes». Il a rappelé que le Mexique soutient la déclaration de l’Organisation des Etats américains (OEA). Ce texte a été signé par 30 pays qui considèrent que la construction d’un mur «constitue une mesure unilatérale, contraire à l’esprit d’entente entre pays voisins et qui affecte la coopération dans l’hémisphère». Les organismes spécialisés ne donnent pas tous les mêmes chiffres mais le nombre de Mexicains vivant sans papiers aux Etats-Unis est estimé à 5 ou 6 millions pour un total de clandestins estimé à 11 millions.



par Colette  Thomas

Article publié le 27/10/2006 Dernière mise à jour le 27/10/2006 à 17:21 TU