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Alimentation

Le monde est plus riche, les affamés plus nombreux

Le directeur général de la FAO, Jacques Diouf constate qu'en dix ans, aucun progrès n'a réellement été accompli dans la lutte contre la malnutrition dans le monde. 

		(Photo : AFP)
Le directeur général de la FAO, Jacques Diouf constate qu'en dix ans, aucun progrès n'a réellement été accompli dans la lutte contre la malnutrition dans le monde.
(Photo : AFP)
Selon le rapport publié lundi par l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), plus de 854 millions de personnes restent sous-alimentées (moins de 1 900 calories par jour) malgré l’augmentation de la richesse mondiale depuis dix ans. La situation s’est nettement aggravée dans les pays en développement et très particulièrement en Afrique centrale. La FAO estime désormais impossible d’atteindre les objectifs définis il y a dix ans au sommet de Rome, qui ambitionnait de réduire de moitié la faim dans le monde.
Carte de la population sous-alimentée dans le monde en 2003. Source: Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). 

		(Photo : www.fao.org)
Carte de la population sous-alimentée dans le monde en 2003. Source: Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
(Photo : www.fao.org)

 

Le rapport de la FAO sur l’Etat de l’Insécurité Alimentaire dans le Monde est tout particulièrement inquiétant pour les populations des pays en développement, où survivent 820 millions de personnes sous-alimentés ce qui correspond à près de 97% du total des affamés de la planète. Pour sa part, la zone Asie et Pacifique totalise 524 millions d’habitants sous-alimentés, mais ceux-ci ne représentent que 16% de sa population totale.

La région Asie-Pacifique a connu une amélioration considérable en matière d'alimentation depuis dix ans, tout comme l’Amérique latine. La situation s’est légèrement dégradée au Proche Orient et stabilisé en Afrique du Nord. En revanche elle s’est nettement aggravée en Afrique sub-saharienne.  

L’Afrique sub-saharienne est la plus atteinte par la famine, avec plus de 206 millions de personnes sous-alimentées en 2001-2003, ce qui correspond à une augmentation de près de 37 millions (plus 22%) par rapport aux études correspondantes à la période 1990-1992 qui évaluaient la situation de moins de 170 millions de personnes. Le rapport de la FAO souligne qu’en Afrique sub-saharienne, le sida, les guerres et les catastrophes naturelles ont entravé les opérations de lutte contre la faim.  

La situation  s'aggrave en Afrique Centrale

L’Afrique de l’Est est la zone du continent la plus affamée en valeurs absolues, avec près de 87 millions de personnes sous-alimentées, ce qui correspond à près de 39% de la population totale de cette région évaluée à 223 millions d’habitants. L’Ethiopie est le pays d’Afrique orientale le plus atteint par la famine, avec 31,5 millions de personnes. Mais la situation est nettement plus grave en Afrique centrale (Cameroun, République centrafricaine, Tchad, Congo, République démocratique du Congo et Gabon) où il y a 46,8 millions de personnes sous-alimentées, ce qui correspond à plus de 55% du nombre total d’habitants de cette zone qui en regroupe 84,1 millions. La République démocratique du Congo (RDC) occupe la position la plus délicate dans cette statistique : 37 millions de sous-alimentés, soit 72% de la population totale du pays. En 1990-1992 il y avait seulement près de 12 millions de faméliques en RDC.  

Toujours selon cette étude de la FAO la situation s’est légèrement améliorée en Afrique australe où habitent près de 92 millions de personnes et qui ne comptait en 2003 que 36 millions de sous-alimentés, deux millions de moins qu’en 1992. Le Mozambique, avec 8,3 millions de cas, est le pays le plus atteint par la faim en chiffres absolus dans cette région, même s’il a pu enregistrer une diminution d’environ un million de personnes sous-alimentées en une décennie. La situation au Malawi s’est aussi améliorée. En revanche le nombre a légèrement augmenté au Madagascar, en Zambie et au Zimbabwe. En Afrique de l’Ouest, le Nigeria occupe une place à part tout en étant dans cette région le pays le plus atteint par la faim en termes absolus : 11,5 millions, soit près de 10% de la population totale de cet Etat évaluée à plus de 120 millions d’habitants.

Prévisions pessimistes

Le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, se montre assez pessimiste en rappelant qu’en novembre 1996, lors du Sommet mondial de l’alimentation (SMA), à Rome, «les chefs d’Etat et de gouvernement de 180 pays ont déclaré leur intention d’éradiquer l’un des pires fléaux pesant sur la conscience collective : la faim». L’objectif était de réduire de moitié , «en 2015 au plus tard, le nombre de personnes sous-alimentées au niveau mondial, en prenant pour base le niveau de 1990 ». Ce but ne pourra pas être atteint. Jacques Diouf souligne que «dix ans plus tard, aucun progrès n’a été réellement accompli en la matière. Comparé à la période 1990-1992, le nombre de personnes souffrant de la faim dans les pays en développement n’a reculé que de trois millions, nombre tellement faible qu’il peut être assimilé à une erreur statistique». Le SMA prévoyait que le nombre de personnes souffrant de la faim serait réduit à 412 millions en 2015.

Un petit espoir

La FAO souligne que le monde est à la merci d’un «cercle vicieux de la faim et de la pauvreté». La faim est simultanément une conséquence et une cause de la pauvreté. Pour modifier cette situation, des investissements massifs devraient être effectués dans l’agriculture. Jacques Diouf affirme que l’objectif du SMA pour 2015 est encore réalisable «à condition que des mesures concrètes et concertées soient prises et appliquées immédiatement à grande échelle... à condition que les ressources nécessaires, la volonté politique et des politiques adaptées soient au rendez-vous».      

   



par Antonio  Garcia

Article publié le 30/10/2006 Dernière mise à jour le 30/10/2006 à 18:34 TU