Société
Obésité: fléau mondial
(Photo : AFP)
Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Food and Agriculture organisation, FAO) s’étaient fixé comme objectif du millénaire de réduire de moitié le taux de famine dans le monde avant 2015, elles se trouvent aujourd’hui confrontées à un autre problème, celui de l’obésité. Selon un récent rapport de l’OMS, 800 millions de personnes souffriraient de disette, de malnutrition et de famine directement liées à une insuffisance de nourriture et à une mauvaise répartition des richesses. En revanche un milliard d’individus seraient frappés d’obésité. Famine et obésité se côtoient sur le champ de la malnutrition : dans un cas les experts évoquent «l’insuffisance de l’essentiel» et dans l’autre : «la surabondance du quelconque» .
Les mêmes causes entraînent les mêmes effets
Le phénomène est devenu mondial. Il met en cause la sédentarité. Ici, les enfants sont en première ligne. Manque d’activités physiques, surconsommation de programmes de télévision accompagnée de casse-croûtes et de boisson sucrée (soda) sont les ingrédients qui favorisent la prise de poids. Dans notre société moderne les loisirs sont aussi des jeux vidéo dont les enfants se gavent, que ce soit à la télévision ou sur ordinateurs. En France une étude a mis en évidence une évolution qui correspond à une tendance européenne. Dans le Centre-Ouest de la France une population d’enfants âgés de 10 ans a été observée. La prévalence du surpoids dans cette catégorie de population est passée de 5,1% en 1980 à 12,5% en 1996.
Les milieux dits «défavorisés», essentiellement des ouvriers, présentent des taux très élevés d'obésité, contrairement aux couches sociales «aisées», cadres, enseignants, etc. Dans les villes il y a moins d ‘obèses que dans les zones rurales. En France, le Programme national nutrition-santé (PNNS) a été mis sur pied en 2000 pour travailler en pleine coordination avec le Groupe de travail européen sur l’obésité (ECOG) qui considère que le phénomène est un cas majeur de santé publique alors que l’OMS parle de véritable épidémie. De manière générale, les femmes sont plus prédisposées à prendre du poids que les hommes. Selon certaines études, c’est en Afrique du Nord et au Moyen-Orient que les proportions sont les plus élevées. Dans ces régions, 50% de la population féminine est obèse contre 35% en Amérique latine. En Europe les taux sont variables. De la Pologne à la Roumanie, l’obésité concerne plus de 20% de la population, alors que l’Italie, l’Allemagne, la France, l’Espagne se situeraient entre 10 et 20%.
Tous les pays européens ont connu une progression en matière de surcharge pondérale de plus de 10% ces cinq dernières années. Mais la Grande Bretagne livre des chiffres officiels alarmants qui représentent, dans le même intervalle, une évolution de 200%. Les projections en 2010 donnent 12 millions d’adultes obèses et un million d’enfants, soit un 1 adulte sur trois et 20% d’enfants de moins de quinze ans. Les services de santé publique britanniques ont déjà calculé la charge qu’ils devront supporter en matière de coût à prévoir (cancer, attaques cardiaques, diabète…) et qui s’élèvera à un milliard de livres soit environ 1,5 milliard d’euros. L’obésité est devenue le problème numéro un de santé publique en Grande Bretagne où on tient la «junk food» (mal bouffe) pour responsable.
Ce phénomène n’épargne pas non plus la Chine. Son économie en pleine transition transforme les habitudes alimentaires au profit des fast-food à l’occidentale dans lesquels on mange plus de viande que de céréales et de légumes. A cela, il faut ajouter la réduction sensible des efforts physiques fournis dans les déplacements : ascenseurs, tapis roulant, voiture. En Chine apparaissent de plus en plus des engins à deux roues motorisés, sur lesquels on fournit évidemment moins d’effort que sur un vélo. Le gain de temps et la facilité se paient au bout du compte par une santé déficiente. Aujourd’hui ce sont plus de 300 millions de Chinois qui sont confrontés à des problèmes d’obésité. Pendant ces dix dernières années le taux d’enfants touchés par le phénomène a doublé. Il concerne 16,5% des enfants citadins. En Chine, contrairement au constat fait en Europe, ce sont les grandes villes qui offrent des taux très élevés d'obésité. Les campagnes sont pour l'instant protégées, mais pour combien de temps encore?
par Didier Samson
Article publié le 25/08/2006 Dernière mise à jour le 25/08/2006 à 19:10 TU