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Bus incendié à Marseille : cinq interpellations

A l’aube, une cinquantaine de policiers, en présence de nombreux journalistes, ont interpelé cinq mineurs "connus des services de police" dans deux immeubles, non loin des lieux où le drame s'est produit. 

		(photo : AFP)
A l’aube, une cinquantaine de policiers, en présence de nombreux journalistes, ont interpelé cinq mineurs "connus des services de police" dans deux immeubles, non loin des lieux où le drame s'est produit.
(photo : AFP)
Tandis que la France restait sous le choc, trois jours après l’incendie d’un bus dans les quartiers nord de Marseille, l’étudiante d’origine sénégalaise, grièvement brûlée, luttait toujours, mardi, contre la mort. Les policiers, agissant sur la base de témoignages, ont lancé dans la matinée une opération, appréhendant cinq suspects, des mineurs «connus des services de police». Tous ont été placés en garde à vue. Ils sont les «auteurs présumés» de l’agression, a confirmé le Premier ministre, Dominique de Villepin.

Ils étaient environ 250 à s’être rassemblés, mardi matin, à la faculté Saint-Jérôme de Marseille, en signe de solidarité avec Mama Galledou, cette étudiante de 26 ans, d’origine sénégalaise, qui était toujours entre la vie et la mort. La jeune femme, n’ayant pas eu le temps de descendre du bus avant d’être atteinte par les flammes, est brûlée sur plus de 60% du corps. Elle a été placée sous respiration artificielle au centre régional des grands brûlés de Marseille et son pronostic vital restait réservé. L'équipe médicale a essayé de diminuer la dose des sédatifs, mais a dû reprendre le traitement face à la réapparition de la douleur.

« L'émotion est vive ici, la faculté a des liens forts avec cette famille, son père y avait soutenu sa thèse de chimie » avant de retourner au Sénégal, a confié à l’AFP Philippe Tchamitchian, président de l'Université Paul-Cézanne, dont dépend la faculté des sciences et techniques où Mama Galledou venait d’achever, avec succès, un master professionnel en nutrition-sécurité alimentaire. Lundi, le père et les proches de la victime étaient venus du Sénégal pour se rendre à son chevet. « C’est un choc terrible pour nous, a expliqué Ahmed Charaï, le doyen de la faculté (…) Nous voulions exprimer notre solidarité avec la jeune fille et sa famille. Nous faisons partie de ce quartier et regrettons le drame qui s'y est déroulé ».

Quelques invectives

Quelques heures plus tôt, les enquêteurs avaient lancé une opération contre les auteurs présumés de l’attaque. C’est à l’aube qu’une cinquantaine de policiers, la plupart en civil, ont procédé à des interpellations dans deux immeubles des cités voisines des Oliviers et des Lilas, situées dans le XIIIè arrondissement, au nord de l’agglomération marseillaise, non loin des lieux où le drame s’est produit samedi soir.

L’opération, qui s’est déroulée en présence de nombreux journalistes, a duré une heure et n’a donné lieu à aucun incident notable, malgré la tension et quelques invectives contre les forces de l’ordre. Les fonctionnaires ont appréhendé à leur domicile cinq mineurs, soupçonnés d’avoir pris part à l’incendie du bus 32 de la Régie des transports de Marseille (RTM).

Les jeunes suspects sont âgés de 15 à 17 ans. Tous sont « connus des services de police » pour des faits de délinquance. Selon le procureur de la République, Jacques Beaume, ils ont été interpellés « sur la base de témoignages » d’usagers de la ligne de bus ou de riverains. Ils ont été placés en garde à vue. Le parquet de Marseille a ouvert une information judiciaire pour incendie volontaire ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente, un crime passible de 30 ans de réclusion.

« Sanctions appropriées »

Signe de l’émotion provoquée par le drame, le Premier ministre a tenu à annoncer lui-même, à l’Assemblée nationale, que la police avait efficacement ciblé son opération. « La priorité, c'est bien l'interpellation : les auteurs présumés ont été arrêtés ce matin à Marseille », a déclaré Dominique de Villepin lors de la séance des questions d'actualité, sous les applaudissements des députés.   

« Nous veillerons à ce que les poursuites engagées soient sans faiblesse et qu'il y ait des sanctions appropriées à leur égard », a déclaré Christian Estrosi, ministre délégué à l'Aménagement du territoire, qui s’exprimait à la place du ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, en déplacement au Maroc.

Le procureur de la République décidera de déférer les suspects au juge en vue d'une éventuelle mise en examen mercredi soir ou dans la nuit de mercredi à jeudi, au terme de leur garde à vue. Celle-ci a d'ores et déjà été portée à 48 heures, compte tenu de la masse de travail à effectuer par les services de police et de justice, a expliqué Jacques Beaume.

Les cinq suspects encourent une peine de 30 ans de prison. Mais si la victime venait à décéder, la sanction pourrait être beaucoup plus lourde. Selon le procureur, en effet, une cour d'assises a la possibilité d'écarter "l'excuse de minorité" pour les plus de seize ans. Les agresseurs encourraient alors la perpétuité.



par Philippe  Quillerier

Article publié le 31/10/2006 Dernière mise à jour le 31/10/2006 à 16:44 TU