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France

Banlieues : Sarkozy mis à l’épreuve

Nicolas Sarkozy s'explique à la sortie d'une réunion sur la sécurité et les transports publics à Matignon. 

		(Photo : AFP)
Nicolas Sarkozy s'explique à la sortie d'une réunion sur la sécurité et les transports publics à Matignon.
(Photo : AFP)
Après l’incendie d’un bus à Marseille, dans lequel une jeune femme de 26 ans a été très grièvement brûlée, le débat sur la violence dans les banlieues sensibles est relancé. Nicolas Sarkozy est la première cible des critiques de l’opposition, de gauche comme de droite. Tous l’accusent d’être responsable de la situation actuelle et insistent sur l’échec de sa politique de sécurité.

Nicolas Sarkozy s’est engagé à retrouver les responsables de l’incendie au cours duquel Mama Galledou, une jeune étudiante d’origine sénégalaise, a été brûlée à 70% samedi soir. A l’issue de la réunion de crise sur la sécurité organisée lundi matin par Dominique de Villepin, le ministre de l’Intérieur a aussi manifesté sa détermination à faire payer les coupables de ce crime et a demandé «des sanctions exemplaires». Il est vrai que Nicolas Sarkozy n’a pas vraiment le choix. C’est sur lui que se concentrent les critiques et les attentes. Le chef du gouvernement lui-même a mis la pression sur le ministre d’Etat, en déclarant qu’il lui avait demandé «de prendre toutes les mesures nécessaires» en vue d’arrêter et traduire devant les tribunaux les incendiaires.

Depuis plusieurs jours, on redoutait d’en arriver à un tel drame. Un an après les émeutes de banlieues, les incidents se sont succédés dans les quartiers sensibles à la périphérie des grandes villes (Paris, Lyon, Marseille). En une semaine, on a recensé neuf bus attaqués et incendiés. Le dispositif mis en place par le ministère de l’Intérieur, et notamment le déploiement de 4 000 policiers supplémentaires dans les zones difficiles, n’a pas permis d’éviter le dérapage de Marseille.

«Le problème n’est pas d’être ferme, c’est d’être efficace»

Et c’est bien sur ce thème que l’opposition a attaqué en dénonçant les annonces du ministre de l’Intérieur qui ne sont jamais suivies d’effets. Le socialiste Dominique Strauss-Kahn a estimé que «le problème n’est pas d’être ferme, c’est d’être efficace». Il s’en est pris à la politique qui «concentre» les forces de l’ordre dans les centres-villes, au lieu de le faire dans les banlieues. Il a aussi dénoncé le fait d’envoyer des CRS «au coup par coup», plutôt que d’installer la police «de façon permanente». Une manière de critiquer, une fois de plus, la décision de Nicolas Sarkozy de supprimer la police de proximité.

François Hollande n’a pas épargné lui non plus le ministre de l’Intérieur dont la «responsabilité est forcément engagée». Il a estimé que la violence s’était «installée, structurée, intensifiée» dans les banlieues et a mis cette situation sur le compte «des promesses non tenues» du gouvernement. Le Premier secrétaire du Parti socialiste a aussi accusé Nicolas Sarkozy «d’avoir provoqué verbalement un certain nombre de jeunes» et d’avoir «créé une situation de tension». Et surtout, François Hollande a posé la question de la capacité de Nicolas Sarkozy à être, en même temps, numéro deux du gouvernement et candidat à la présidentielle, en le qualifiant de «ministre de l’Intérieur à temps partiel».

Pas de surenchère

La double casquette est parfois difficile à porter. Mais Nicolas Sarkozy a l’habitude de cette mise en cause et lui a répondu par une pirouette : «C’est curieux de dire que je suis responsable de tout et en même temps ministre à temps partiel, si je suis ministre à temps partiel, c’est que ma responsabilité est aussi partielle». Reste que malgré cette réponse du tac au tac, le ministre de l’Intérieur semble très soucieux de ne pas entrer dans une surenchère verbale dont il sait qu’elle pourrait lui porter préjudice. Cela n’a pas empêché, en revanche, le porte-parole de l’UMP, Luc Chatel, de contre-attaquer en étant beaucoup moins mesuré, aux propos de François Hollande qu’il a décrit comme un «irresponsable à temps complet». Du côté de la majorité, la ligne est, en effet, de dénoncer l’attitude du Parti socialiste en affirmant qu’elle consiste, sur la question des banlieues, à jeter de l’huile sur le feu pour des raisons politiciennes.

Attaquée à gauche, la politique de Nicolas Sarkozy est aussi critiquée à droite. Philippe de Villiers, le président du Mouvement pour la France, a saisi l’occasion du drame de Marseille pour pointer la contradiction qui existe entre les paroles et les actes du ministre de l’Intérieur, jugé tout autant «laxiste» que la gauche, sur le thème de l’immigration. Il a demandé à Nicolas Sarkozy, qui avait déclaré que ceux qui n’aimaient pas la France devaient la quitter, d’appliquer ce principe aux auteurs de l’incendie qui doivent être «arrêtés, déchus, expulsés». Jean-Marie Le Pen, le leader du Front national, a, quant à lui, mis en avant l’échec de la politique sécuritaire du ministre de l’Intérieur en dénonçant son incapacité à lutter contre ce qu’il estime être «une stratégie de tension, un scénario de provocation» élaboré dans les banlieues.

Dans la situation actuelle, Nicolas Sarkozy a donc tout intérêt à obtenir des résultats sur le terrain, s’il veut conserver sa crédibilité sur le thème de la lutte contre l’insécurité, dont il a fait l’une de ses cartes maîtresses de candidat à la présidentielle. D’une part, en obtenant de ses services qu’ils retrouvent rapidement les auteurs de l’incendie du bus de Marseille. D’autre part, en faisant en sorte qu’ils réussissent à empêcher que de nouvelles violences de ce type ne se produisent. Un défi bien difficile à relever.



par Valérie  Gas

Article publié le 30/10/2006 Dernière mise à jour le 30/10/2006 à 15:39 TU