Territoires palestiniens
Offensive sur Gaza : un bilan très lourd
(Photo: AFP)
Dix-neuf morts : c’est le nombre de Palestiniens tués dans la bande de Gaza vendredi 3 novembre. Il s’agit de la journée la plus meurtrière depuis le début des opérations menées par l’armée israélienne dans ce territoire palestinien. Parmi les personnes décédées, on compte plusieurs civils. Des secouristes qui tentaient d’aider les victimes d’un raid aérien à Jabaliya ont ainsi perdu la vie après que les avions ont tiré un deuxième missile au même endroit. Deux femmes, qui s’étaient interposées entre des activistes réfugiés dans une mosquée de Beït Hanoun et les soldats israéliens qui les pourchassaient, ont aussi été touchées par des tirs et sont décédées. Plusieurs autres ont été blessées. Elles s’étaient rendues à la mosquée à la suite d’un appel radiophonique lancé par le Hamas, demandant aux femmes palestiniennes de venir protéger la fuite de combattants qui s'étaient retranchés dans l’édifice religieux. Un enfant de quatre ans a aussi été tué lors de ces affrontements.
Concernant les événements de Beït Hanoun, l’armée israélienne a affirmé que ses hommes avaient tiré sur des combattants palestiniens et a indiqué qu’elle «s’employait» à savoir si des femmes avaient aussi été atteintes par les rafales. Le porte-parole de Tsahal a néanmoins dénoncé le fait que le Hamas avait organisé des manifestations «pour offrir une couverture à des hommes armés». Il a aussi affirmé que les patrouilles des soldats avaient été interrompues quelques heures dans cette ville du nord de la bande de Gaza, pour laisser les organisations humanitaires intervenir et donner la possibilité aux habitants de sortir de leur domicile.
Reste que la situation à Beït Hanoun est préoccupante, selon le directeur opérationnel de l’Agence des Nations unies pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA), John Ging. Manque d’eau, de nourriture, destructions : les habitants vivent dans des conditions très difficiles. Pour protester contre l’intervention militaire israélienne et manifester leur solidarité avec les habitants de la bande de Gaza, les militants des Brigades des Martyrs d’al-Aqsa, liées au Fatah de Mahmoud Abbas, ont d’ailleurs appelé samedi 4 novembre à la grève en Cisjordanie.
Abbas : «stopper l’agression israélienne»
Dans ce contexte, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a de nouveau demandé, vendredi, à Israël de cesser ses attaques. Il a aussi réclamé «l’intervention immédiate» de la communauté internationale «pour stopper l’agression israélienne dans la bande de Gaza et les massacres commis depuis trois jours». Et il a entamé samedi des consultations pour obtenir une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies.
Le secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a lui aussi fait part de sa préoccupation face à la poursuite des attaques israéliennes sur Gaza. Il a mis en garde contre des «opérations militaires dans les zones habitées» qui «font inévitablement des victimes civiles». Il a appelé Israël «à faire preuve du maximum de retenue, à faire de son mieux pour protéger les civils et à s’abstenir de provoquer une escalade dans une situation qui est déjà grave». Le ministre des Affaires étrangères français, Philippe Douste-Blazy, a de la même manière demandé à «toutes les parties» d’«éviter l’escalade de la violence» et a ajouté que la situation actuelle rendait «plus nécessaire encore la reprise du processus de paix». La ministre des Affaires étrangères britannique, Margaret Backett, a tenu un langage assez proche en déclarant : «Israël a le droit de se défendre mais toute action doit être proportionnée et en accord avec les lois humanitaires internationales».
Washington affiche, en revanche, un soutien plus net à l’Etat hébreu. Le porte-parole du département d’Etat, Sean McCormack, a certes affirmé que «la perte de vies innocentes est une réelle tragédie». Mais il a surtout dénoncé le fait que «des terroristes» continuent à «lancer des roquettes contre Israël». Une situation face à laquelle, a-t-il poursuivi, «Israël a pris des mesures pour se défendre». Et pour lui, ce qui est inacceptable, c’est que des gens [les soldats israéliens] soient placés «dans des situations où ils doivent choisir entre se défendre ou risquer la vie d’innocents».
Affaiblir le Hamas
Les Etats-Unis justifient donc les opérations militaires dans la bande de Gaza, présentées comme nécessaires par Israël pour mettre un terme aux tirs de roquettes contre son territoire. L’objectif officiel de l'Etat hébreu est de réussir, grâce aux attaques menées contre les groupes armés palestiniens, à détruire leur matériel militaire. Israël entend aussi de cette manière affaiblir le Hamas, le parti au pouvoir depuis les dernières élections législatives, qui refuse toujours de reconnaître l'existence de l’Etat hébreu et prône le recours à la violence pour le combattre.
Depuis l’enlèvement du soldat Gilad Shalit, au mois de juin 2006, plusieurs interventions militaires ont été menées dans la bande de Gaza. Elles ont fait plus de 280 victimes palestiniennes, dont la moitié sont des civils. Rien n’indique pour le moment, que celle qui se déroule depuis quatre jours soit achevée. Samedi, plusieurs actions ont encore été menées.
par Valérie Gas
Article publié le 04/11/2006 Dernière mise à jour le 04/11/2006 à 14:59 TU