Electricité
Des millions d’Européens plongés dans le noir
(Photo: AFP)
On est passé tout prêt du black out total en Europe de l’Ouest. Et pour cause, quand le réseau flanche dans un pays européen, les autres prennent le relais automatiquement en délestant une partie de l’énergie qu’ils produisent vers le voisin en difficulté. C’est le scénario auquel on a assisté samedi soir. Pour une raison encore non identifiée -vraisemblablement un problème d’alimentation dans un pays scandinave dû à la chute des températures-, l’Allemagne s’est retrouvée en déficit de production électrique. Cela a obligé le fournisseur français, Electricité de France (EDF), à venir à son secours. Mais pour y arriver, il a été nécessaire de couper le courant dans certaines régions en France. Ce système permet d’éviter l’interruption totale et donne la priorité à l’alimentation des lieux comme les hôpitaux ou les industries. Mais il oblige aussi à priver brutalement d’électricité un certain nombre de personnes. Les spécialistes appelle cela le phénomène du «château de carte», car la panne chez l’un entraîne les coupures chez l’autre. C’est le prix de la solidarité électrique européenne.
En Allemagne, des centaines de milliers d’habitants de la Rhénanie-du-nord-Westphalie, notamment de la ville de Cologne, et de la Ruhr, ont donc été privés d’électricité. L’aéroport de Cologne-Bonn a été touché par cette panne de courant mais la mise en œuvre des générateurs de secours a permis d’éviter de perturber le trafic. En Italie, une grande partie du Piémont (nord-ouest) et la région des Pouilles (sud) ont subi des coupures électriques en raison de la défaillance du réseau allemand. Elle ont néanmoins été assez brèves, entre un quart d’heure et une demi-heure. La Belgique n’a pas été épargnée non plus.
Cinq millions de Français sans électricité
En France, ce sont environ cinq millions de personnes (près de 10% de la population) qui se sont, elles aussi, tout à coup retrouvées dans le noir samedi soir pendant près d’une heure. Les régions du Nord, du Centre et de l’Est du pays ont été les plus touchées : le Rhône, la Loire, l’Ain, la Saône-et-Loire, l’Isère, la Bourgogne, la Franche Comté. Mais on a aussi subi des coupures dans la capitale, Paris, et en Normandie. La circulation de certains TGV (trains à grande vitesse) a été perturbée dans le nord et le centre. Les passagers ont dû attendre entre une demi-heure et une heure avant de pouvoir continuer leur trajet.
Cet incident important qui a touché plusieurs pays européens et des millions d’habitants montre la fragilité des réseaux d’alimentation électrique, en raison notamment de l’impossibilité de stocker cette énergie. Il faut donc en produire suffisamment pour répondre à une demande qui peut évoluer rapidement. Par exemple, lorsque la température chute ou augmente. A certaines périodes de l’année, les fournisseurs se trouvent donc souvent dans des situations difficiles pour gérer l’approvisionnement. C’est ce qui s’est passé samedi soir.
par Valérie Gas
Article publié le 05/11/2006 Dernière mise à jour le 05/11/2006 à 10:37 TU