Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Etats-Unis

Panne électrique : jeudi noir à New York

Une énorme panne d’électricité a touché le Nord-Est des Etats-Unis et le Canada, bloquant des millions de personnes dans les rues de New York, Détroit ou Toronto. La cause de cette catastrophe, encore mal définie, n’est, en tout état de cause, pas liée à un sabotage ou au terrorisme.
Alors qu’ils quittaient leurs bureaux ou s’apprêtaient à le faire, jeudi soir, des millions de citadins du Nord-Est des Etats-Unis et de la région mitoyenne du Canada se sont retrouvés, en raison d’une gigantesque panne d’électricité, privés de transports et contraints pour beaucoup à camper dans les rues des grandes villes, loin de leur domicile. La coupure d’électricité a frappé tout le Nord-Est des Etats-Unis et du Canada plongeant New York, Détroit, Cleveland ou Toronto dans le noir. L’électricité a commencé d’être rétablie aux petites heures vendredi, en fonction de la centrale à laquelle sont reliés les secteurs, mais il faudra encore au moins deux jours pour réalimenter l’ensemble des régions touchées.

Très rapidement le président américain George Bush, en tournée en Californie, a repoussé publiquement l’hypothèse d’un attentat terroriste ou d’un sabotage. Il a annoncé une enquête sur les raisons des défaillances en cascade du réseau électrique, qui ont entraîné la fermeture de sept centrales nucléaires. Une fois la crainte de l’attentat écartée les New-Yorkais, qui ont toujours en mémoire le 11 septembre 2001, ont fait contre fortune bon cœur et campé dans les rues, les halls d’hôtels ou les gares, dans l’attente d’un rétablissement des transports. On a peu voir, étranges sans domicile fixe, des fonctionnaires internationaux de l’ONU et des hommes d’affaires de Wall Street tenter de dormir sous les porches d’immeubles.

Cette gigantesque panne n’est cependant pas la première aux Etats-Unis. En novembre 1965, déjà, l’arrêt d’un relais à la frontière canadienne avait plongé dans l’obscurité 30 millions de personnes, à peu près dans la même région qu’aujourd’hui. En 1977, New York était à nouveau touchée par une panne d’électricité qui avait déclenché des pillages et des émeutes entraînant l’arrestation de 4000 personnes. Instruit de l’expérience, la police new-yorkaise s’est déployée dans la ville, dès le début de la coupure de courant, et aucun incident n’a été signalé. Au contraire d’Ottawa et Toronto, au Canada, où des pillages ont eu lieu et des arrestations effectuées.

Un réseau du tiers monde

Dans l’Ouest des Etats-Unis, des incidents électriques importants ont également eu lieu en 1996, à cause d’une ligne de distribution électrique défectueuse, et en 2001, en Californie, en raison de la privatisation ratée du secteur dans la région de San Francisco. La panne du 14 août pose donc le problème de la vulnérabilité du réseau électrique nord-américain. Des spécialistes, tel l’ancien secrétaire à l’Energie, Bill Richardson, affirment que les Etats-Unis sont «une superpuissance dotée d’un réseau du tiers monde». Les capacités de transmission et de distribution de l’énergie électrique sont notoirement sous-dimensionnées par rapport à la demande, dans un pays hyper-industrialisé et à haut niveau de vie. La demande en électricité a augmenté de 30% en dix ans tandis que la capacité du réseau ne s’est accrue que de 15%. La majeure partie des infrastructures date des années d’après-guerre et ne répond plus aux exigences actuelles. Il suffit donc de conditions climatiques exceptionnelles pour que le système s’effondre.

Les responsables gouvernementaux, les représentants des régulateurs de la distribution et les compagnies de services de production d’énergie travaillent à rassembler toutes les informations nécessaires à la détermination de la cause exacte de la panne.

Ecouter également:

Anne Toulouse, correspondante permanente de RFI aux Etats-Unis est l'Invitée de la rédaction du 15 août 2003. Au micro d’Edmond Sadaka, elle revient sur la gigantesque panne d’électricité qui a touché le Nord-Est du pays ainsi qu'une partie du Canada voisin.



par Francine  Quentin

Article publié le 15/08/2003