Sommet sino-africain
Des promesses et des contrats
(Photo: AFP)
Même si la Chine est aujourd’hui la quatrième économie mondiale, le président Hu Jintao aime à la présenter comme «le plus grand pays en développement du monde». Un discours que les représentants des Etats africains présents à Pékin auront certainement pris pour ce qu’il était : un effort pour leur montrer leur proximité avec le géant asiatique et leur ouvrir des perspectives. Mais aussi pour affirmer la volonté de la Chine de négocier avec eux d’égal à égal. Dans la déclaration adoptée à la fin du sommet de Pékin, il est d’ailleurs fait référence à «l’égalité politique, la confiance mutuelle, la coopération économique gagnant-gagnant et les échanges culturels» entre la Chine et l’Afrique.
L’affichage d’une solidarité sino-africaine dynamisée donne, bien évidemment, plus d’impact aux appels lancés en commun aux pays riches pour qu’ils fournissent «davantage d’aide financière et technique afin de permettre à l’Afrique de mieux combattre la pauvreté, de réduire les catastrophes naturelles, d’enrayer la désertification». Autrement dit pour qu’ils tiennent leurs engagement sur l’ouverture des marchés ou la réduction de la dette. Le fait de demander ensemble «l’accroissement de la représentation et de la participation entière des pays africains au Conseil de sécurité [dont la Chine fait partie] et dans les autres agences des Nations unies», n’est pas non plus anodin lorsqu’on sait les jeux de pouvoirs et d’influence qui se déroulent à l’ONU.
Près de deux milliards de dollars de contrats
Plus unis sur le front diplomatique, Chinois et Africains sont aussi sortis de ce sommet plus engagés les uns avec les autres sur le plan économique. Pékin n’a pas hésité dès l’ouverture de la réunion à faire des promesses tonitruantes pour aider le développement de l’Afrique. Le président Hu Jintao a annoncé le doublement de l’aide au continent africain d’ici 2009. Il a proposé d’offrir cinq milliards de dollars de prêts et crédits à taux préférentiel aux pays de la région dans les trois prochaines années et d’effacer la dette des pays les plus pauvres grâce des prêts à taux zéro. Un plan d’action a été adopté durant le sommet. Il fixe les orientations de la politique de coopération. Pékin s’est engagé à construire 30 hôpitaux et à dédier 37 millions de dollars à la lutte contre le paludisme. La Chine a aussi promis d’envoyer environ 300 volontaires pour bâtir une centaine d’écoles en milieu rural et de doubler le nombre de bourses attribuées aux étudiants africains (4 000) d’ici 2009.
Des accords commerciaux ont aussi été conclus à Pékin. Ils représentent un montant total de 1,9 milliard de dollars et concernent 10 Etats africains (Cap Vert, Seychelles, Egypte, Kenya, Ghana, Lesotho…). Il s’agit pour la plupart de projets de développement des ressources et de construction d’infrastructures sur le continent. L’accord le plus important prévoit de permettre la production d’aluminium en Egypte. Il porte à lui seul sur un montant de 938 millions de dollars. Le géant de l’énergie chinoise, Sinopec, devrait aussi exploiter le pétrole et le gaz au Liberia. D’autres projets concernent notamment l’informatique, les télécommunications, le développement des ressources minérales ou la finance. Les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique atteignent aujourd’hui 50 milliards de dollars. L’objectif fixé par le Premier ministre Wen Jiabao est de réussir à doubler ce montant d’ici 2010.
par Valérie Gas
Article publié le 05/11/2006 Dernière mise à jour le 05/11/2006 à 18:06 TU