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Elections américaines

George Bush forcé à la cohabitation

La démocrate californienne Nancy Pelosi (centre de l'image) devrait devenir la première femme à présider la Chambre des représentants. 

		(Photo: AFP)
La démocrate californienne Nancy Pelosi (centre de l'image) devrait devenir la première femme à présider la Chambre des représentants.
(Photo: AFP)
200 millions d'Américains étaient appelés mardi à choisir les 435 membres de la Chambre des représentants et 33 des 100 sénateurs. Ils ont redonné la majorité de la Chambre aux démocrates. La majorité sera serrée et encore indécise au Sénat. Pour la première fois, le gouvernement Bush devra gouverner avec l’opposition.

De notre correspondante aux Etats-Unis

Les démocrates ont repris mardi lors des élections de mi-mandat la majorité à la Chambre des représentants après 12 ans d'opposition. Le gouvernement Bush «a dit qu’il voulait mettre le turbo. Les électeurs leur ont dit "pas si vite"» a déclaré la sénatrice Hillary Clinton, réélue haut la main avec deux fois plus de voix que son adversaire. Derrière elle, Bill Clinton jubilait. «D'une côte à l'autre, les Américains ont voté pour le changement», a souligné Nancy Pelosi, la députée de Californie qui devrait devenir présidente de la Chambre.

Des élus républicains ont été battus, des plaines du Midwest à l’Etat de New York. Avec au moins 23 sièges gagnés à la Chambre des représentants, la victoire de leurs adversaires est sans appel. La vague démocrate a aussi emporté la majorité des postes de gouverneurs. La majorité au Sénat est encore indécise. Elle tiendrait à un siège.

«Les démocrates ont fait du très bon travail pour faire de cette élection locale une élection nationale» note Victor Fazio, député de Californie pendant 20 ans, «c’est ce qu’avaient réussi à faire les républicains en 1994 quand ils avaient repris la Chambre aux démocrates». Selon des sondages de sortie des urnes de CNN, l’élection n’a pas été seulement un référendum sur la guerre en Irak et la popularité du président. Parmi les sujets de préoccupation principaux des électeurs: la corruption (4%), puis le terrorisme, l'économie, et l'Irak.

C’est la première fois depuis 1994 que les démocrates se retrouvent majoritaires à la Chambre basse du Congrès. C’est aussi la première fois depuis son élection que le président George Bush est condamné à cohabiter avec l’opposition démocrate.

Une cohabitation qui s’annonce houleuse

La nouvelle majorité démocrate arrive aux affaires remontée. «Beaucoup de démocrates estiment que le Congrès n’a pas joué son rôle sur de nombreux sujets en laissant toute latitude à la Maison Blanche » note Robert Walker, influent député démocrate de Californie au Congrès pendant 20 ans. Des démocrates qui vont vouloir revenir sur certains dossiers: les secours et la reconstruction après l’ouragan Katrina, l’affectation des contrats liés à l’Irak… Pour autant, l’ancien député ne s’attend pas à ce que les démocrates mettent systématiquement des bâtons dans les roues de Bush. «Nancy Pelosi a dit qu’on n’est pas élu pour se venger. Et tous ces nouveaux élus démocrates auront intérêt à ce que des choses soient accomplies, c’est leur meilleure chance d’être réélus.»

Les démocrates ne s’étant jamais mis d’accord sur une alternative à la politique menée en Irak, leur approche de la guerre est un des points d’interrogation de ce nouveau Congrès.

«Je ne crois pas qu’ils vont couper le budget de la guerre en Irak» estime Tom Schaller, professeur de sciences politiques à l’université du Maryland. «Regardez ce qui est arrivé à John Kerry qui a été poursuivi pendant toute sa campagne de 2004 pour avoir voté contre des financements à la guerre.» L’analyste prédit en revanche que la Maison Blanche limitera l’accès des députés aux informations classées confidentielles.

Paradoxalement, le sujet sur lequel la Maison Blanche et la nouvelle Chambre pourraient trouver un terrain d’entente est celui de l’immigration. Le président George Bush était jusque là en conflit sur le sujet avec sa majorité républicaine, opposée à son projet de régularisation de clandestins et partisane du renforcement des frontières. «Cette nouvelle chambre aura une approche plus raisonnable et plus proche de celle du président» prévoit James Thurber, directeur du Centre des études du Congrès et de la présidence à l’American University. Une porte-parole de la Maison Blanche a déclaré que le président était «prêt à travailler avec les démocrates». Les observateurs politiques se demandent dans quel mesure il y parviendra. Ainsi que le note James Thurber: «A la différence de Bill Clinton, après la reprise du Congrès par les républicains en 1994, George Bush n’est pas quelqu’un qui aime avoir à convaincre».



par Guillemette  Faure

Article publié le 08/11/2006 Dernière mise à jour le 08/11/2006 à 08:56 TU