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Côte d'Ivoire

Le Premier ministre affirme son autorité

Le Premier ministre ivoirien, Charles Konan Banny affirme qu’il entend «exécuter pleinement» la mission qui lui a été confiée par l’ONU.
Le Premier ministre ivoirien, Charles Konan Banny affirme qu’il entend «exécuter pleinement» la mission qui lui a été confiée par l’ONU.
Retiré depuis huit jours à Yamoussoukro, le Premier ministre, Charles Konan Banny s’est donné le temps de la réflexion avant de s’adresser à la nation. Pour sa première déclaration après l’adoption de la résolution 1721 de l’ONU, il a choisi le cadre de la capitale politique pour donner plus de solennité à ses propos.

«Le sage doit se trouver dans le village», a lancé Charles Konan Banny, comme un appel aux Ivoiriens pour qu’ils s’impliquent davantage dans le processus de paix à travers le cadre fixé par la communauté internationale. Il s’est attaché à rappeler le contexte du vote d’une nouvelle résolution de l’ONU qui reste, selon lui, un aboutissement de toutes les médiations engagées tant au plan national, régional ouest-africain, qu’africain. «Nous devons tourner le dos aux interprétations qui, au lieu de nous rassembler, accentueraient les fractures et les divisions au sein de la communauté nationale», a déclaré Charles Konan Banny qui rejette tout autre schéma de sortie de crise en dehors du cadre prévu par le Conseil de sécurité. Il faisait allusion aux propos du président de la République Laurent Gbagbo qui n’avait pas attendu l’instauration des nouveaux pouvoirs du Premier ministre pour dire son hostilité à certaines dispositions de la résolution de l’ONU. Il avait affirmé qu’il allait lui-même «tracer le nouveau cadre de règlement de la crise d’ici quelques jours».

En effet, dès l’adoption de la résolution 1721, Laurent Gbagbo s’était réjouit que la Constitution de son pays n’était pas suspendue par le texte onusien. Il avait dit haut et fort qu’il était «à la barre» exprimant ainsi sa vision des choses et ne cédant pas une parcelle de ses prérogatives.  Mais la réponse de Charles Konan Banny, qui n’a de cesse de fonder sa légitimité sur la résolution 1721, affirme qu’il entend «prendre toutes ses responsabilités» et «exécuter pleinement» la mission qui lui a été confiée. Les programmes de désarmement, les opérations d’identification et surtout la restructuration de l’armée sont les objectifs majeurs à atteindre pour favoriser la tenue d’élections libres et démocratiques. L’allusion faite à un gouvernement «remobilisé et ressoudé» laisse supposer que le Premier ministre nommera bientôt une nouvelle équipe gouvernementale «autour des actions prescrites par la résolution 1721», a-t-il souligné.

Une guerre des prérogatives et compétences

Le ton ferme et volontaire du Premier ministre s’adressant à la nation et égrenant point par point sa mission «n’est pas qu’une profession de foi, c’est une promesse d’application», a-t-il martelé comme s’il prenait la nation à témoin. Aujourd’hui, chaque camp semble faire ses comptes pour évaluer ses appuis avant d’aller à la confrontation. Le Premier ministre, qui doit gouverner par ordonnances et décrets-lois, s’assure du soutien des partis classiques de l’opposition. La rébellion des «Forces nouvelles» a aussi apporté son soutien à Charles Konan Banny, parce qu’il fallait de toute façon pour elle, adhérer à tout ce qui contrarie Laurent Gbagbo. L’armée, par le biais du chef d’état-major des armées, a déjà signifié son allégeance au président de la République. La cohabitation entre le Premier ministre et le président de la République, qui n’a pas encore démarré, s’apparente déjà à une guerre des prérogatives et compétences et de la Constitution contre la résolution 1721 du Conseil de sécurité. 



par Didier  Samson

Article publié le 09/11/2006 Dernière mise à jour le 09/11/2006 à 18:35 TU