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Réchauffement climatique

Espoirs après les élections américaines

Cette première semaine de négociations sur le réchauffement climatique à Nairobi, la capitale kenyane, a été marquée par les élections américaines, remportées par les démocrates mercredi. Le scrutin de mi-mandat suscitent des espoirs sur un assouplissement de la position anti-Kyoto de George W.Bush. Des espoirs mêlés de réalisme. Rien ne va changer dans le fond, estiment certains observateurs, mais les démocrates pourront amplifier la pression déjà exercée par certains Etats ou communes qui militent en faveur d’un plafond national des émissions de carbone. Les discussions de ces derniers jours ont préparé la venue des ministres et des politiques. C’est surtout avec l’arrivée annoncée de Kofi Annan que la rencontre sur le réchauffement climatique devrait culminer.

 

A Nairobi, au Kenya, où se déroule la conférence mondiale sur le climat, des manifestants massaï appellent à des actions urgentes pour combattre les effets du changement climatique.(Photo : AFP)
A Nairobi, au Kenya, où se déroule la conférence mondiale sur le climat, des manifestants massaï appellent à des actions urgentes pour combattre les effets du changement climatique.
(Photo : AFP)

De notre correspondante à Nairobi

Réaction plus que mesurée de la part du chef de la délégation européenne. Artur Runge-Metzger prône la prudence. La victoire des démocrates aux élections américaines ? « C’est un signal, certes, cela va peut-être permettre d’assouplir les négociations, mais nous ne nous attendons pas à un changement radical de position de la part des Etats-Unis ». Dans les couloirs de la conférence, les discussions ont beaucoup porté sur la politique américaine au cours des deux jours qui ont suivi l’annonce des résultats des élections de mi-mandat, remportées haut la main par les démocrates.

« Tout va dépendre de la volonté des Démocrates de s’attaquer à une partie de leur programme de campagne et de leur capacité à faire passer des lois. Vont-ils se montrer aussi agressifs que les organisations environnementalistes le souhaitent ? Ils ont déjà beaucoup de promesses à tenir dans le domaine social », s’interroge, dubitatif, John Stanton, vice-président de l’ONG National Environment Trust, créée il y a 11 ans et qui agit comme un lobby au niveau fédéral, comme au niveau des Etats, en faveur d’une politique globale sur les émissions de carbone.

Dans la lettre ECO, publiée quotidiennement par le réseau des ONG Action climat, le jeu de mot en titre : « Changement de climat à Washington » ne doit pas faire croire que la nouvelle a fait totalement mouche. Le ton reste mesuré : « Pas de tsunami avant 2009 ». Le négociateur américain, Harlan L.Watson, assure, quant à lui, que la position américaine ne changera pas d’un iota concernant Kyoto. « Les démocrates, tout comme les républicains, sont d’accord sur le fait de ne pas ratifier Kyoto. Vous pouvez trouver une minorité de personnes qui prônent cela. Mais le consensus est général aux Etats-Unis sur le fait qu’il ne faut pas handicaper la croissance non seulement de notre économie, mais également de l’économie mondiale ».

La Chine se situe au deuxième rang derrière les Etats-Unis

Les conséquences de cette élection sont attendues également avec attention par les trois nouveaux géants, Chine, Inde et Brésil, que la fermeté américaine conforte dans leur position. Les 35 pays « pionniers » (Europe, Russie, Japon) qui ont ratifié le protocole de Kyoto et qui sont soumis à 5% de réduction d’émissions de carbone, insistent pour que ces pays prennent des engagements.

Selon une étude récente de la Banque Mondiale, « Le petit livre vert de l’environnement », les émissions de carbone auraient augmenté de 15% entre 1992 et 2002. La Chine dépasse désormais le Japon et se situe au deuxième rang derrière les Etats-Unis (25% des émissions mondiales). Les émissions de l’Inde ont, elles aussi, augmenté de 57% sur la même période.

« Il ne faut pas considérer la concentration de carbone émis, mais la durée d’émission puisque le carbone stagne des centaines d’années dans l’atmosphère, explique le Dr Viviek Kumar de l’Institut indien de recherche sur l’environnement, TERI, basé à New Delhi. De plus, nous ne voyons pas pourquoi nous prendrions des engagements alors que nous n’avons aucune garantie que nous serons suivis par les Américains et que nous ne polluons pas depuis aussi longtemps que les pays industrialisés ».

C’est au niveau des Etats et des villes que la pression peut s’amplifier, estime le réseau Action climat. D’après leur campagne électorale, les démocrates ont promis d’agir dans le sens d’une réduction de la dépendance énergétique vis-à-vis du pétrole, l’augmentation des crédits de recherche pour les énergies renouvelables et les normes de consommation des voitures.

par Stéphanie  Braquehais

Article publié le 11/11/2006 Dernière mise à jour le 11/11/2006 à 11:47 TU