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Environnement

Le réchauffement menace l’Afrique

Les danseurs Sarakasi lors de l'ouverture de la conférence sur le climat à Nairobi au Kenya. 

		(Photo : AFP)
Les danseurs Sarakasi lors de l'ouverture de la conférence sur le climat à Nairobi au Kenya.
(Photo : AFP)
C’est dans un climat particulièrement alarmiste que se sont ouverts lundi à Nairobi les travaux de la 12ème conférence internationale sur le climat, avec la participation de près 6 000 délégués de plus de 170 pays et organisations. Un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement, récemment publié, signale que le changement climatique en cours menace les pays les plus pauvres du monde, et tout particulièrement ceux du continent africain. Cette conférence qui se prolonge jusqu’au 17 novembre va aussi préparer le suivi du protocole de Kyoto, concernant les émissions de gaz à effet de serre, une convention qui n’a pas été ratifiée par les Etats-Unis qui sont pourtant le premier pays pollueur du monde.

«Le changement climatique se présente comme l’une des plus graves menaces que doit affronter l’humanité », a déclaré lundi le ministre kenyan de l’Environnement, Kivutha Kibwana, qui préside cette conférence. Il a aussi souligné que le réchauffement de la planète «menace les objectifs de développement de milliards de gens parmi les plus pauvres au monde et spécialement en Afrique», à cause notamment des sécheresses qui menacent les activités agricoles. Les délégués présents à cette conférence ont été invités à prendre des mesures concrètes sur des priorités immédiates. C’est la première fois que cette conférence des Nations unies se tient en Afrique sub-saharienne, où près de 70% de la population dépend du secteur agricole, menacé par la désertification et autres calamités naturelles, liées au climat.

Un rapport inquiétant pour l’Afrique

Le Programme des nations unies pour l’environnement (PNUE), a publié dimanche dans la capitale kenyane un rapport signalant que «la vulnérabilité du continent face au changement climatique est beaucoup plus forte qu’on ne le pensait ». Cette étude affirme aussi que 70 millions d’africains pourront être menacés, d’ici à 2080 : «30% des infrastructures côtières, y compris les aménagements humains le long du Golfe de Guinée et des côtes sénégalaise, gambienne et égyptienne, risquent d’être submergées», à cause du réchauffement climatique.

Le PNUE affirme aussi que le rendement des cultures céréalières pourra baisser de 5%. Les perspectives sont particulièrement pessimistes concernant la culture du sorgho au Soudan, en Ethiopie, en Erythrée et en Zambie, tout comme les cultures du maïs au Ghana, du mil au Soudan et de l’arachide en Gambie. Lors de la présentation de ce rapport, Achim Steiner, directeur général du PNUE, a souligné que «la communauté internationale doit répondre en offrant une aide bien ciblée aux pays situés en première ligne qui font face à des conséquences grandissantes telles que des inondations et sécheresses extrêmes et dont les infrastructures sont menacées par des phénomènes comme la montée du niveau des mers».

De son côté, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a déclaré lundi à Nairobi que «le changement climatique a le potentiel de saper et même de défaire les améliorations dans les conditions de vie des Africains». Cette organisation signale que «les températures en Afrique ont augmenté de 0,7°C au cours du siècle dernier. Les températures devraient augmenter entre 0,2 et 0,5°C par décennie au cours de ce siècle et devraient avoir un effet particulièrement préjudiciable sur les communautés en Afrique de l’Est». Toujours selon le WWF, «les variations dans la fréquence et l’ intensité des précipitations seront l’une des conséquences les plus dévastatrices du changement climatique en Afrique de l’Est», entraînant des risques de «réduction de la production agricole, des pénuries de nourriture et même des conflits».

L’après Kyoto

L’organisation écologiste Greenpeace, présente aussi à Nairobi, s’est déclarée également très inquiète par les effets du réchauffement global, soulignant toutefois que «les pires impacts du changement climatique peuvent être évités mais seulement si les gouvernements agissent maintenant». Selon Greenpeace, les 163 gouvernements qui ont signé le protocole de Kyoto «doivent mettre de côté leurs intérêts à court terme pour lutter contre cette menace globale». Ce protocole est entré en vigueur en 2005, et il prévoit une réduction des émissions de gaz à effet de serre, comme c’est le cas du dioxyde de carbone. Les Etats-Unis, qui contribuent pour un quart du volume total de ces émissions (pour à peine 5% de la population mondiale), n’ont pas ratifié ledit protocole, tout comme l’Australie. Le Canada, qui est aussi un important pays industriel, a aussi émis des réserves. Les gouvernements de Washington, Canberra et Ottawa craignent que l’application du protocole ne se traduise par des problèmes économiques et sociaux.

Ces trois Etats soulignent que le traité n’est pas contraignant et que des pays en développement industriel accéléré, comme c’est le cas de la Chine et de l’Inde, ou même du Brésil, ne sont pas soumis à des quotas d’émissions de gaz à effet de serre. En revanche, les 25 Etats de l’Union européenne, ainsi que la Russie, se sont engagés à respecter les normes de Kyoto et à réduire globalement leurs émissions de gaz. La conférence de Nairobi devra définir de nouvelles modalités d’application du protocole, notamment aux pays en voie d’industrialisation. L’objectif est d’engager des actions plus ambitieuses après 2012, selon le commissaire européen à l’Environnement, Stavros Dimas.

Ce débat semble dépasser largement les préoccupations immédiates des Africains, dont les industries présentent un retard technologique et opérationnel important par rapport aux industries américaines, européennes et asiatiques. Pourtant, les spécialistes pensent que les Africains peuvent être aussi accusés de contribuer au réchauffement du climat, à cause de l’utilisation de sources d’énergie extrêmement polluantes, tandis que les Américains et les Européens peuvent maintenant se permettre d’investir dans des sources d’énergie plus propres. En tout état de cause, les délégués présents à Nairobi vont examiner avec beaucoup d’attention le récent rapport de l’économiste britannique Sir Nicolas Stern affirmant que l’impact socio-économique du changement climatique pourrait devenir équivalent à celui des deux guerres mondiales ou de la crise de 1929.

     



par Antonio  Garcia

Article publié le 06/11/2006 Dernière mise à jour le 06/11/2006 à 19:34 TU

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La conférence sur le climat

Reportage

«Les pluies ont diminuées de 25 % dans le Sael depuis 30 ans alors que la déforestation multiplie les vents de poussières ce qui augmente les risques de maladies et de destruction des ressources naturelles.»

[06/11/2006]

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