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Israël-Etats-Unis

Ehud Olmert aux Etats-Unis

Le Premier ministre israélien a été accueilli par la chef de la diplomatie américaine Condoleezza Rice, avant de rencontrer le président américain George Bush. 

		(Photo : AFP)
Le Premier ministre israélien a été accueilli par la chef de la diplomatie américaine Condoleezza Rice, avant de rencontrer le président américain George Bush.
(Photo : AFP)

Ehud Olmert rencontre George Bush au moment où les deux hommes sont affaiblis, le premier par l’échec de la guerre au Liban et la bavure de Beit Hanoun, le deuxième après sa cuisante défaite aux élections parlementaires du 8 novembre. Malgré l’échec des républicains aux Etats-Unis, Ehud Olmert compte sur un maintien du cap de la politique américaine au Moyen-Orient.


L’avion de Ehud Olmert a atterri dimanche, à l’aube, sur la base militaire d’Andrews près de Washington. Le Premier ministre israélien qui effectue une visite de quatre jours aux Etats-Unis, a été chaleureusement accueilli par la chef de la diplomatie américaine, Condoleezza Rice, qui l'attendait pour préparer l'entretien de ce lundi avec le président américain George Bush.

C’est la première fois que les deux hommes se retrouvent après la guerre au Liban (juillet-août), qui s’est soldée par un fiasco pour le Premier ministre israélien. Ehud Olmert en est sorti particulièrement affaibli. Sa cote de popularité n’arrête pas de baisser. Selon un récent sondage, 70% des personnes interrogées désapprouvent sa politique et mettent en cause ses capacités à tenir la barre. Et ceci, malgré l’entrée au gouvernement du leader d’extrême droite, Avigdor Lieberman, le chef du parti ultra nationaliste Israël Beiténou, qui a permis d'élargir la coalition au pouvoir en Israël.

La bavure de Beit Hanoun n’a pas arrangé les affaires de Ehud Olmert. Les bombardements de civils palestiniens par l’armée israélienne, qui ont tué dix-neuf Palestiniens le 8 novembre dernier, ont provoqué une forte tension entre Israéliens et Palestiniens et suscité de vives critiques, y compris en Israël. Ce fut le cas ce week-end, lors du rassemblement à Tel Aviv à l’occasion de l’anniversaire de l’assassinat en 1995 de l’ancien Premier ministre Yitzhak Rabin par un extrémiste juif. «Le pays n'a pas les dirigeants qui s'imposent dans la situation complexe et le désarroi qu'il connaît. Il n'y a pas de roi en Israël» a clamé, devant une foule de quelque 100 000 personnes, l'écrivain israélien David Grossman, dont le fils Uri est mort durant la dernière guerre du Liban, et qui s’est fait l'écho de la déception croissante des Israéliens à l'égard de Ehud Olmert.

Un soutien sans faille à Israël

Les Etats-Unis ont, jusque-là, apporté un soutien politique sans faille à leur allié israélien. Le dernier geste hautement symbolique ce fut ce samedi au Conseil de sécurité des Nations unies. Les Américains ont utilisé leur droit de veto et empêché le vote d’un projet de résolution arabe condamnant les opérations militaires d’Israël dans la bande de Gaza ainsi que les tirs de roquettes palestiniens sur Israël.

La victoire des démocrates dorénavant majoritaires dans les deux chambres du Congrès pourrait signifier un changement de cap de la politique américaine au Moyen-Orient. Depuis la fin de la Guerre froide, les démocrates américains se sont montrés plus réservés envers Israël. Néanmoins, le Premier ministre israélien se veut confiant. «Le soutien des Etats-Unis à Israël dépasse la frontière des partis politiques», a-t-il déclaré. Ehud Olmert espère que, malgré la perte de contrôle du Congrès par les républicains, le président Bush maintienne sa politique envers le Moyen- Orient. Jusque-là, le président Bush s’est toujours déclaré prêt à venir au secours d’Israël, notamment s’il était attaqué par l’Iran.

Israël et l’Iran jouent à se faire peur

L'Iran, l'Irak, Israël et les Territoires palestiniens sont au centre de cette deuxième visite de Ehud Olmert aux Etats-Unis. Dans un entretien publié par l’hebdomadaire américain Newsweek, juste avant son arrivée à Washington, le Premier ministre israélien a clairement dit ce qu’il attend des Etats-Unis. Concernant l’Iran, Israël souhaite un compromis qui l'empêcherait de «franchir le seuil technologique» lui permettant de fabriquer l’arme nucléaire.

«Le président [iranien] Ahmadinejad est un homme prêt à commettre des crimes contre l’humanité et il faut l’arrêter» a déclaré Ehud Olmert qui a ajouté: «Il faut que l’Iran commence à avoir peur». Ce à quoi Mahmoud Ahmadinejad a répondu: «Les grandes puissances ont créé le régime sioniste pour étendre leur domination dans la région (...) on assistera bientôt à sa disparition et à sa destruction». De son côtéle porte -parole du gouvernement iranien, Gholamhossein Elham, a réclamé lundi un changement «à 180 degrés» de la politique américaine au Moyen-Orient. En attendant, Téhéran confirme vouloir installer 3 000 centrifugeuses d'enrichissement d'uranium d'ici à mars 2007. Israël, seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, appelle à des sanctions face au refus de l’Iran de suspendre sa marche nucléaire.

Concernant l’Irak, le Premier ministre israélien met en garde les Etats-Unis contre un retrait militaire «prématuré». Il craint que le pays ne sombre dans la guerre civile, et dans ce cas «l'Amérique devra en envisager les ramifications possibles dans les pays arabes voisins et leurs conséquences sur les gouvernements modérés». Le président Bush, qui bat tous les records d’impopularité avec seulement 31% d’opinions favorables dans les derniers sondages, a laissé entendre ce week-end qu’il pourrait y avoir un changement de politique en Irak.

George Bush a qualifié d’«agent du changement» son nouveau secrétaire à la Défense, Robert Gates, nommé pour remplacer Donald Rumsfeld. C’était d’ailleurs le premier geste du président Bush envers son opinion publique le jour de la victoire des démocrates. Pour sa part, Howard Dean, chef du parti démocrate, a réaffirmé samedi que les électeurs avaient voté pour un changement de la politique américaine en Irak.

En attendant de savoir s'il va y avoir un changement réel de la politique étrangère des Etats-Unis, après la défaite des républicains à mi-mandat de George Bush, le Premier ministre israélien profite de ce séjour pour participer à la conférence annuelle des très influentes communautés juives américaines à Los Angeles.



par Elisa  Drago

Article publié le 13/11/2006 Dernière mise à jour le 13/11/2006 à 16:46 TU