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Chronique armée-défense

L’Irak, un cauchemar américain

Philippe Leymarie 

		(Photo RFI)
Philippe Leymarie
(Photo RFI)

La guerre en Irak n'est pas finie. Et elle a «plombé» la campagne des républicains pour les élections à mi-mandat de mardi, aux Etats-Unis. Ce sont d’abord les morts, une centaine de millier d'Irakiens depuis l'invasion, suite aux bombardements, mais aussi aux affrontements inter-religieux, ou politiques, dans un Irak toujours au bord de la guerre civile. Des boucheries qui, en elles-mêmes, signent l'échec d'une stratégie et rendront plus malaisée la reconstruction: tout ça pour ça! Mais, en ces temps électoraux aux Etats-Unis, ce sont les morts américains qui comptent: 2800 en trois ans et demi. Et un mois d'octobre qui aura été le plus meurtrier de l'année: 103 boys à ramener au pays, à la maison... les soutes des avions, les drapeaux étoilés, les obsèques, certes impeccables. Mais cela en vaut-il la peine?

Bien sûr, les couches sociales touchées dans leur chair par cette guerre sont beaucoup moins larges qu'à l'époque du Vietnam. Mais il y a quelques jours, l'US Air force réclamait une rallonge budgétaire -50 milliards de dollars– destinée, entre autres, à financer les rapatriements des militaires tués ou blessés en Irak et en Afghanistan, en constante augmentation. Et si ce ne sont les morts, ce sont les amputés, comme la candidate démocrate Tammy Duckworth, qui fait campagne dans l'Illinois, en exhibant ses deux prothèses de jambe: l'hélicoptère où se trouvait cette ancienne réserviste était tombé, à Bagdad, il y a deux ans. Toujours dans l'armée, cette major ne renie pas son engagement, mais estime qu'il aurait mieux valu «finir le travail» en Afghanistan, que se lancer dans l'aventure irakienne. Et le pire, c'est qu'elle menace vraiment de faire tomber un parlementaire républicain dans un quartier de Chicago!

Autre cas: celui de ce journaliste du Time, Michael Weisskopf, qui a perdu un bras, sur une place de Bagdad, où il avait été envoyé pour rédiger un dossier sur «le soldat américain, homme de l'année»: à la place de la main, un crochet. Il vient de raconter, sous le titre «Frères de sang», la vie de trois GI's retour d'Irak, amputés comme lui… une vie d'hôpital, aujourd'hui... Ces images, et beaucoup d'autres, ont fini par porter:  la plupart des candidats démocrates cette fois n'ont pas hésité à mettre la question de la guerre sur la table, ne craignant plus de paraître «lâches» ou «irresponsables», aux yeux du marais centriste, travaillé par les thèmes ultra-sécuritaires, patriotards, voire néo-religieux du président Bush ou d'une partie de son entourage.

Un tiers seulement des sondés faisait confiance, ces derniers jours, aux républicains pour trouver une issue à la guerre, alors que selon certains sondages, les deux tiers des électeurs souhaiteraient un «changement de direction» du pays. Reste, pour ramener un peu d'espoir dans le camp républicain, cette déclaration à Paris du président irakien Talabani, qui souhaite le maintien d'une forte présence militaire américaine dans son pays pour encore deux à trois ans, «sinon, c'est la catastrophe», dit-il. Ou celle du général George Casey, commandant le corps expéditionnaire américain, pour qui les forces armées irakiennes seraient en mesure d'assurer elles-mêmes la sécurité du pays dans les 18 mois, ou même avant!


par Philippe  Leymarie

[05/11/2006]

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Journaliste à RFI

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