Chronique armée-défense
Le rôle des militaires dans la reconstruction d'Etats après les conflits : avec ses 300 pages, c'est le dernier-né de ces « Documents » du Centre d'Etudes en Sciences sociales de la Défense - une étude commandée au Center for Peace and Human Security du Ceri, émanation de Sciences Po-Paris. Le document a été commandé, en l'occurrence à une équipe de jeunes chercheurs parmi lesquels une certaine Alexandra de Hoop Sheffer, parente du secrétaire général actuel de l'OTAN. On y décrit donc les armées « entre stabilisation et reconstruction » - avec, par exemple, l'approche française du « civilo-militaire » en opération extérieure. Ou le « nation building » à l'américaine, avec un « focus » sur le rôle des militaires au coeur de la reconstruction de l'Irak.
L'engagement des soldats britanniques aussi dans des tâches volontiers reconnues par eux comme « politiques ». Ou encore le système onusien comme acteur de la reconstruction de « l'Etat post-conflit », avec notamment les processus DDR, « désarmement, démobilisation, réintégration » des anciens combattants. Le tout assorti de deux dossiers très complets sur l'Afghanistan - entre state-building et contre-insurrection - et sur la République démocratique du Congo (RDC), où la construction de l'Etat est comme « un éternel recommencement, entre laisser-faire politique et volontarisme militaire ». Les auteurs se demandent notamment si l'opération Eufor-RDC, en 2006, en appui à la Mission de l'Onu (Monuc) pour sécuriser les élections après une longue période de transition, n'avait pas été « un déploiement d'opérette ».
Une collection qui a déjà 12 ans, avec 96 documents, parmi lesquels un bilan de « l'enseignement de défense », une analyse du « patriotisme » en France aujourd'hui, une sociologie des « militaires français issus de l'immigration », ou des « femmes militaires » dans les pays occidentaux, « l'expression professionnelle » des soldats dans les pays européens, les expériences « d'externalisation », le rôle des militaires dans la lutte contre le terrorisme, la pratique de la « culture de la performance », le « métier de sous-officier », « l'implantation locale des régiments ». Et dans les semaines à venir : les « acteurs et réseaux de la politique européenne de sécurité et de défense », les « opinions publiques face à la transformation de la sécurité en Europe », ou encore « la coopération militaire en opérations extérieures », avec l'exemple de l'Eufor en Bosnie.
Le C2SD - c'est le sigle de ce centre de recherches - fournit donc une expertise externe, et scientifique, avec formulation de propositions qui peuvent « nourrir » les réflexions ou décisions des commanditaires de ces études : les Etat-majors, les directions du ministère de la Défense. Mais le Centre, avec notamment cette collection de « documents », se veut également un lien entre le monde militaire et le monde universitaire : c'est un professeur des universités qui le dirige, assisté d'un conseil scientifique ; et les études sont le plus souvent réalisées par des chercheurs relevant du CNRS ou des laboratoires universitaires. Une production qui conforte aussi la présence française en matière de recherche sur les questions militaires - secteur qui s'est développé ces dernières années dans plusieurs pays européens. Le C2SD organise d'ailleurs début décembre un colloque à Paris sur « l'européanisation de la défense ».
par Philippe Leymarie
[26/10/2008]
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