Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Chronique armée-défense

Lancement officiel de l’opération navale européenne de lutte anti-piraterie

Philippe Leymarie 

		DR
Philippe Leymarie
DR

« C’est un bon jour pour l’Europe, et aussi pour le Royaume-Uni »,  lançait, ce vendredi 5 décembre 2008, le ministre britannique de la Défense, qui célébrait avec son homologue français l’anniversaire du sommet franco-britannique de Saint-Malo - celui qui avait mis sur les rails l’Europe de la défense. Dix ans plus tard, cette politique européenne de sécurité et de défense prend forme, avec, symboliquement, un engagement renouvelé de la Grande-Bretagne qui a pris, pour la première fois, un commandement européen : celui de l’opération Atalanta - la constitution d’une force navale européenne, agissant au surplus très loin de ses côtes - ce qui est également une première.

Du coup, on comprend mieux le « C’est une date dans l’histoire de l’Europe ! » du ministre français de la Défense Hervé Morin, présent aux côtés de son homologue britannique au QG militaire interarmées de Northwood, près de Londres, lequel abrite également l’état-major de la composante maritime des forces de l’Otan.

Et ce n’est pas un détail, en l’occurrence, puisque justement quelques navires relevant de l’Otan, qui étaient en route vers le Golfe Arabo-Persique, s’étaient arrêtés en route pour prêter main forte aux navires occupés à la lutte anti-piraterie dans le Golfe d’Aden : ils auront été les précurseurs, en quelque sorte, de la Force européenne Atalanta. Et, s’ils restent sur zone, auront à collaborer avec les navires européens - le « réservoir de forces étant d’ailleurs le même », pour l’essentiel, comme l’a encore rappelé Hervé Morin qui ne manque jamais une occasion d’insister sur le fait qu’Atalanta, comme toute autre opération militaire de l’Union européenne, est complémentaire de l’Otan et non pas bien sûr dirigée contre l’organisation transatlantique.

Or, ces meilleures dispositions de la France à l’égard de l’Otan, exprimées avec force par le président français Sarkozy au sommet de l’Otan de Bucarest, en avril, sont sans doute un des facteurs qui expliquent le « retournement » du pouvoir britannique, longtemps rétif à tout progrès réel, pratique, « capacitaire » comme disent les militaires de l’Europe de la Défense, dans la mesure où il aurait pu apparaître comme un facteur d’affaiblissement ou de concurrence à l’égard de la sacro-sainte Alliance atlantique.

La méfiance britannique ainsi désarmée, ou au moins endormie - et payée d’ailleurs de quelques concessions, comme l’abandon par les Français de leur insistance à obtenir la mise en place rapide d’un quartier général permanent de l’Union européenne à Bruxelles - on pouvait passer aux choses sérieuses entre ces deux piliers de la défense européenne que sont la Grande-Bretagne et la France, seuls à posséder des forces de dissuasion nucléaire, des flottes aériennes et navales significatives, des armées de terre relativement nombreuses et aguerries, des institutions de recherche et des industries de l’armement capables de rivaliser avec les « grands », etc.

Paris, qui s’est beaucoup démené ces derniers mois pour relancer les capacités européennes, avec une initiative d’interopérabilité aéronavale, un projet de flotte de transport aérien, un futur satellite militaire commun d’observation, un système d’échange de formations supérieures entre les pays de l’Union, une mise en commun des moyens de recherche... Avec l’espoir que cet « axe » franco-britannique revivifié en matière de défense permettra de poursuivre et décupler ces premières initiatives.


par Philippe  Leymarie

[07/12/2008]

Chronique armée-défense : les précédent(e)s





Euréka

[16/11/2008]





L'Africom

[19/10/2008]




Les derniers éditos et chroniques (texte)

Chronique des matières premières


Chronique des médias


Chronique ACP


Chronique armée-défense