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Chronique armée-défense

L'Africom

Philippe Leymarie 

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Philippe Leymarie
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C'est une curiosité : ce sixième commandement géographique unifié de l'armée américaine est le moins militaire de tous et d'ailleurs fort peu « géographiquement unifié »  puisqu'il est basé à Stuttgart, en Allemagne, à la caserne Kelley, où il a été présenté officiellement ce vendredi, à un panel de diplomates, militaires et journalistes.

On sait pourquoi ce siège de l'Africom a été ainsi « décentralisé »  en Europe : aucun pays africain - à l'exception de quelques cas plutôt encombrants, comme le Liberia, Sao Tome ou Djibouti - ne voulait prendre le risque de devenir une cible au moins politique du reste du continent. Voire une cible militaire !

Et de grands Etats, comme le Nigeria, l'Afrique du Sud, l'Algérie avaient décliné l'offre publiquement, faisant valoir que l'époque n'est plus à l'établissement de nouvelles bases ou commandements étrangers sur le continent, sources de nouveaux conflits, plus que de bénéfices potentiels s'inquiétant d'une « militarisation »  de la politique étrangère de Washington qui viserait surtout, à l'ouest, à sécuriser les approvisionnements énergétiques ; à l'est et au nord.

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, le général William Kip Ward affirme aujourd'hui que « trouver un quartier général en Afique n'est pas l'essentiel pour l'instant ». « Nous sommes présents, ajoute-t-il, là où nous apportons une assistance, via nos attachés militaires, ou via les programmes d'entraînement en cours ».

Le général Ward a donc bâti un commandement qui ne ressemble à aucun autre : du léger, de l'opérationnel avec un personnel limité à 500 agents pour le moment, à terme 1 300 ; pas de base militaire, pas de nouvelle unité constituée de la coopération, surtout, en liaison étroite avec les bénéficiaires de l'aide américaine, mais également avec les grands partenaires institutionnels ou grandes nations étrangères s'intéressant au continent africain. Un commandement en fait hybride, qui fait du civil ou en tout cas du « civilo-militaire » comme on dit, c'est-à-dire du développement, de la diplomatie. Le tout dans une perspective « intégrée », le commandement incluant donc des agents du Département d'Etat, de l'USAID et d'autres agences gouvernementales, ainsi que des « officiers de liaison » des nations partenaires, des représentants d'organisations humanitaires, etc. A terme, la moitié des postes à l'Africom seront dévolus à des civils. Le général Ward a parmi ses deux adjoints un - ou une civile, l'ambassadrice Mary Carlin Yates - l'autre étant le vice-amiral Robert Moeller.

Car la mission de base de l'Africom reste tout de même d'ordre militaire, avec notamment un « bras armé »  - la base interarmes de Djibouti, seule implantation permanente sur le continent ; et un programme-phare - l'opération Enduring freedom-Trans Sahara, qui fait partie des initiatives américaines régionales de « guerre contre le terrorisme ».


par Philippe  Leymarie

[19/10/2008]

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