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Chronique armée-défense

«Les moyens du bord»

Philippe Leymarie 

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Philippe Leymarie
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Les premiers pas de l'opération navale anti-piraterie de l'Union européenne, baptisée « Atalante » : les pirates n'ont qu'à bien se tenir ! Mais on a envie de dire : tout ça pour ça ? On avait évoqué une flotte, que dis-je une armada d'une dizaine de navires de guerre, doublée d'une véritable escadrille d'avions de patrouille maritime.

Et on se retrouve avec deux frégates, française et britannique, déjà sur place, qui vont simplement changer de mission et de chaîne de commandement ; avec un appareil Orion espagnol et quelques prestations - à l'heure - d'Atlantic français, ou allemand ; avec un navire de commandement, du Commodore Papaïoannou, de la marine grecque, qui peinait ces derniers jours à franchir le Canal de Suez, et à traverser la mer Rouge, pour venir assurer la coordination de l'opération sur place ; et avec une frégate allemande de renfort qui ne pourra pas être opérationnelle avant que le Bundestag ne donne son feu vert à la mi-décembre.

Pour être juste, on pourrait faire le calcul un peu différemment : comme ces bateaux se relaieront sur des missions de quatre mois, ce sont donc une vingtaine de bateaux qui - sur un an - formeront Atalante, avec presque autant d'hélicoptères, au moins sur le papier ! Heureusement, pour ce qui est de dissuader les pirates, les « missionnaires » d'Atalante ne sont pas seuls...

Voilà que les Russes débarquent : une frégate déjà sur place, nommée l'Intrépide - trois autres en route - dont le croiseur nucléaire Pierre-le-Grand, retour des Caraïbes - tremblez carcasses !
Mais aussi la flotte « anti-terroriste », la Task force 150, qui croise dans ces eaux du Golfe d'Aden sur initiative américaine, pour couper la route de l'Afrique aux « méchants » d'Afghanistan, d'Irak, du Yémen : cela en fait six de plus, même si c'est toute une histoire de leur faire changer de mission, car les pirates ne sont pas des terroristes, et vice-versa ! Et encore quelques flottes riveraines qui ont délégué un bâtiment : les Indiens, dans un océan qui porte leur nom ; les Malais...

Et plus loin, en Asie, les « inquiets » - dont la prospérité dépend de la libre circulation sur les océans : la Corée déjà représentée, le Japon qui y songe. Bref, il y a du monde. Et on est comme étonné qu'il n'y ait toujours pas de Chinois dans le secteur - eux qui font tourner pourtant « l'usine du monde »... Mais face aux 1 ou 2, voire 3 millions de km2 - selon les calculs - qu'il faudrait « sécuriser », toute cette mobilisation reste parcellaire.

Finalement, les « progrès » pour le moment sont surtout juridiques : le Kenya, en marge de la conférence sur la piraterie qui vient de se tenir à Nairobi, a signé avec la Grande-Bretagne un accord aux termes duquel les pirates présumés seront remis, en cas d'arrestation, à la justice kényane, à charge pour elle de les juger. Et les Etats-Unis ont fait circuler au Conseil de sécurité un nouveau projet de résolution autorisant la chasse aux pirates non plus seulement dans les eaux territoriales de la Somalie, mais jusque sur le sol de ce pays, y compris à titre préventif !


par Philippe  Leymarie

[14/12/2008]

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