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Chronique armée-défense

« Amani Africa » (Paix en Afrique, en langue swahili)

Philippe Leymarie 

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Philippe Leymarie
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L’Afrique souhaite prendre en main sa propre sécurité : c’est le thème de la réunion qui vient de se tenir au siège de l’Union africaine, à Addis Abeba. Ramtane Lamamrane, commissaire à la Paix et à la sécurité de l’organisation panafricaine, considère que « la formation d’un embryon d’armée continentale est en elle-même un puissant facteur d’intégration ». Allusion à la mise en œuvre des brigades de maintien de la paix dites « en attente » - c’est-à-dire entraînées, disponibles, en alerte, mais relevant de leurs pays respectifs - et cela dans les cinq grandes sous-régions du continent. Un projet qui remonte à 2005, et pourrait être opérationnel à partir de 2010, si tout va bien.

L’Europe, qui finance déjà une partie des processus de règlement des crises et de reconstruction à travers des crédits regroupés sous le titre de « facilité de paix », est décidée à donner un coup de pouce aux efforts de l’Union africaine pour se doter d’une « architecture » de maintien de la paix. Sous pression notamment de la France - qui assure la présidence de l’Union - l’Europe est amenée à reprendre à son compte une partie au moins du système français Recamp (Renforcement des capacités africaines de maintien de la paix), qui avait permis ces dix dernières années d’intégrer et de former, sur des cycles de deux ans, l’ensemble des armées d’une sous-région, dans le but de constituer un bataillon multinational de paix, sans considération de langue, zone d’influence, appartenance politique.

Cette fois, comme l’illustre cette réunion de lancement de « l’Euro-Recamp » à Addis Abeba, la France, tout en ayant été désignée « nation-cadre » en raison de son savoir-faire, passe la main à l’Europe, au moins sur le plan politique. Tandis que l’Union africaine, à l’échelle donc de tout le continent, adopte mais aussi « adapte » - sous le nom de Amani Africa, (Paix en Afrique, en langue swahili) - ce dispositif de formation des futurs Etats-majors des brigades et du siège. L’objectif est de mettre en ligne, à partir de 2010, des forces de paix africaines mieux entraînées et équipées, plus aguerries et motivées, et donc plus crédibles, que ne l’ont été jusqu’ici les contingents déployés - dans des conditions souvent périlleuses - au Darfour ou en Somalie.

Un désir d’émancipation, dans ce domaine à la fois coûteux et risqué de la sécurité, qui va de pair avec le souhait de la France d’abandonner définitivement sa casaque de « gendarme de l’Afrique » : par la voix de son président, elle s’est engagée à plusieurs reprises ces derniers mois, à soutenir les fameuses « brigades en attente », à réduire son dispositif de bases sur le continent, à en faire des outils de soutien à l’Union africaine, enfin à renégocier les accords de défense avec les pays africains et à en publier le contenu !


par Philippe  Leymarie

[23/11/2008]

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